A la porte des prémisses

Clara Ottaviano

Une bouche, de sa nature charnue, approche une charnière d'une tournure inconnue.

La salive troublée de sève, accroche de ses perles une serrure trouée de rêves,

Et le chambranle chancelle, sous l'humeur lascive d'une sensualité ingénue.

Il est l'oreille première de ces lèvres, alors sourde à leur tendre et secrète fièvre.


Contre cette plate paroi que la souplesse englobe,

La langue ondoie, ondule, comme autour d'un lobe,

Elle s'alanguit, se détend sans devoir se défendre et se love,

Avec l'impudeur enfantine que capture à jamais la mutine alcove.


Réceptacle des transports d'un coeur dont le corps est l'obstacle,

La lisière fine d'une porte s'offre avec fermeté à l'éros naissant qui l'exhorte.

Farouche, elle s'ouvre en débâcle, et telle une bouche, s'entrebaille. Ballante, elle s'écarte du spectacle,

Et, galante, laisse libre seuil au seul désir dont vibre l'innocence morte.


Contemplant l'ouverture vers l'ampleur des envies que le jeune âge censure,

L'imaginaire s'arrête net contre cette matière inerte,

Tétanisé par l'attente d'une conséquence mouvante, en alerte.

Trop tôt encore pour que le corps n'endurât l'osmose pure, c'est fièrement que se métamorphosera l'espiègle bouture.

Signaler ce texte