À l'école des moldus

Nicole Bastin

Les profs, c'est comme le loto, faut tirer le bon numéro!

On l'a tous rêvé, ce prof de génie qui va changer notre vie.

Qui décèle les talents cachés, encourage les passions, fait naître des vocations.


Bêtement, moi, je misais tout sur notre prof de français.

Probablement parce que c'est ma matière préférée.

J'avais vraiment hâte de le rencontrer ce Monsieur Biscotte. (un nom pareil, ça ne s'invente pas)


Et bien, j'ai du ravaler mes espoirs. Il avait peut-être un nom à croquer, ce M. Biscotte, il nous restait en travers de la gorge!

Froid, impitoyable, méprisant. Un rustre absolu.

On fantasmait sur Dumbledore, voilà, qu'à la place, on se tapait Rogue.


C'est simple, déjà, il en fait des tonnes (des tartines, ha ha!),

toujours à nous sermonner, à commencer toutes ses phrases par «Faux!».

«Faux, jeune homme! On ne dit pas combientième, on dit quantième.»


Tu le verrais... Avec quel malin plaisir, il relève les erreurs, souligne les inexactitudes, insiste sur les défauts.

Le pauvre Saad est déjà sa tête de turc.

Lui pourtant si incroyable dans ses fulgurances, si spécial dans sa vision du monde,

voilà qu'il se fait immanquablement démolir pour des fautes d'orthographes!


Quant à moi, je suis «conforme». Mes devoirs sont «satisfaisants».

Autant d'annotations qui me fondent encore plus dans la masse. Il n'y a rien de plus déprimant.


Heureusement, on a Madame Poissonneau, la prof d'histoire-géo. La fameuse, avec ses tenues de chasse et ses plumes d'oiseau. Un look innommable, c'est sûr, mais une bonne humeur et un humour à toute épreuve. On l'adore!

Encore ce matin, elle nous rendait des copies. Et quelle que soit la note, quel que soit l'élève, elle avait un petit commentaire rigolo, toujours positif.


«Mon petit Antoine, le moins qu'on puisse dire c'est que vous avez de l'imagination. Ça ne vous rapporte pas toujours beaucoup de points, mais au moins, on ne s'ennuie pas avec vous.»


«Timothée, moi je crois qu'il y a de la graine de journaliste en vous. Continuez comme ça!»


«Saad, mais c'est que vous me feriez verser une larme sur la révolution française! Joli tour de passe-passe!»


On s'est regardés avec Saad. On ne l'avait peut-être pas notre Dumbledore, mais on avait trouvé notre Lupin.

Sacré clin d'œil du destin!


TIMothée



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