A nue

kelen

Au début, il y a eu son souffle qui m'a giflé le coeur
Quand sa main a effleuré les courbes de mes douleurs
Une sorte de pulsation sourde qui tambourine dedans
Comme si mes sensations hurlaient à feu et à sang
On a beau dire « qui ne dit mot consent » en préambule
Le passé ensanglanté, est heurté quand il déambule
Alors on le fait taire à coup de kalash et de hache
Mais qui croit encore qu'on peut effacer ses traces?
En transe, j'ai redressé mon échine pour sauver la face
Mais pas facile de déchirer les pages que l'on cache …
Alors on se tait. On étale ses espoirs comme un étendard
Comme si cela suffisait à masquer ses idées noires
Et on ferme les yeux, on serre les dents et les poings
En espérant que les rêves nous amènent jusqu'à demain
Mais parfois, on perfore nos poches de haine que l'on traine
En laissant écouler quelques larmes que l'on réfreine

Et il est là lui, touchant, perdu dans des milliers d'interrogations
Quand la seule réponse que je lui donne est : laisse moi du temps
C'est pas juste de le laisser dans un tel brouillard
Alors qu'il est à lui seul l'antidote de mes désespoirs
Tout ce qu'il touche devient tendresse dans mes incertitudes
Tandis que je culpabilise de ne pas en faire des habitudes
Mon cerveau ne cesse de verrouiller mon coeur et mon corps
Comme s'il essayait de me protéger de ces corps à corps
Souvenirs pénibles de ces mois de violences volontaires
Qui faisait passer pour normales des heures de calvaire
Ces instants qui se fanent dans l'indifférence générale
Quand le libre-arbitre est une donnée amovible et substituable
Pourquoi j'y repense là maintenant avec cette tristesse infinie
Alors que tout est loin, classé et définitivement en sursis?
Peut être parce que je sens mes défenses se fêler dans le noir
Et que j'veux qu'on me dise que ce n'était qu'un cauchemar

Parce qu'avec ceux qui ont suivi, c'était sans implication
Et qu'avec ou sans amour, je n'y prêtais guère attention
Parce que j'me perdais dans l''excès de plaisir
Pour raccrocher les pièces de puzzle de ce désir
Parce que j'avais besoin de me réconcilier avec moi-même
Pour me remettre à contrôler ce qu'on avait mis sous chaînes
Et là, y'a cette peur de tomber sur la case banqueroute
Devoir quitter tout ce que j'avais mis de bon sur ma route
Cette peur de ne plus être à la hauteur de ce qui m'inspire
Et de me retrouver le coeur transformé en boule de cire
Tétanisée dans un huis-clos qui me donne la chair de poule
Je rêve de dédramatiser mes peurs pour que tout roule
Peut être qu'avec un tendre baiser dans le cou je serai sauvée
Peut être que s'il le savait, je serai enfin libérée
En tous cas, à cette seconde, je crèverai mes haines
Pour les transformer en magnifiques poèmes... 

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