A qui profitent nos pertes

Jean Claude Blanc

bilan de cette journée de deuil; texte à la manière "Charlie", pour ne pas les trahir

                        A qui profitent nos pertes

Je ne sais pas si cette marche

Nous a servi de réconfort

Même si souvent, nous est lâches

Pour défiler, nous en est forts

Les dieux de plâtre, ont l'amour vache

 

Mais rendre hommage à notre hebdo

C'est une poilante fraternité

Les rues sont pleines de héros

Tous solidaires, pour pétocher

 

Quand le danger est à nos portes

Pour s'alarmer, il y a foule

Comment voulez-vous qu'on s'en sorte

On croit à tout, même aux maboules

 

N'ai jamais vu tel ralliement

Pour l'enterrement de nos valeurs

Sont pas nombreux les résistants

Pour la patrie et son honneur

 

Certes, je suis fier d'être français

(Une expression qui mange pas de pain)

Depuis longtemps, me lamentais

Sur l'égoïsme des citoyens

Cette fois-ci, je suis comblé

Mais pas certain, des lendemains

 

Ne peux me retenir de rire

De voir les chefs d'Etats s'unir

Des cons vaincus, européens

Seulement une heure, main dans la main

 

C'est une sorte de mise en scène

Milliers de gus, figurants

Les gouvernants crèvent l'écran

N'ont de parti, que pour eux-mêmes

 

Un seul mot d'ordre, « tous Charlie »

Les syndicats, les culs bénis

Associations, ligueurs soumis

Pour conjurer leur mauvais sort

Bandent leurs muscles, et matent à mort

 

Ne pas en être, il y a des risques

D'être pourchassé, comme réac

Hélas, ne suis pas bon public

Qu'un libertaire, un peu patraque

Si je commets versets comiques

C'est que j'ai pas la foi foutraque

Si ma tirade vous fait marrer

Relisez-la à volonté

En fait, je marche sur les pas

De mes compères, dans l'au-delà

 

Belle occasion pour la Nation

De nous resserrer les boulons

Contrôle papiers, tous fichés

Est rancunière, la France blessée

Déjà, rigueur nous est promise

Mais ce n'est pas une surprise

La politique reprend son cours

Précarité est de retour

 

Cette journée de compassion

Aura au moins eu le mérite

Nous faire comprendre, qu'on est des pions

Des proies faciles, pour islamistes

Je plains les imbéciles heureux

Qui se complaisent dans la ferveur

Mais j'ai des doutes, sur leur ardeur

Ça suffit pas de faire des vœux

 

La seule leçon que je retiens

De cette balade silencieuse

C'est que désormais, j'aurai faim

De dégommer, les âmes pieuses

(Mais pas à coups de mitrailleuse)

 

« ça sera plus jamais pareil 

Dans nos cités, dans nos ruelles

Se saluer, dès le réveil

Se dire, au fond, la vie est belle »

Chante beau merle, bien sûr je rêve

JC, au pays des merveilles….

 

Tiennent conseils, les sinistres

Je leur apporte mon grain de sel

J'ai ma recette, pour les rebelles

Mais je crains que ça les irrite

 

Chacun sa place, chacun son rôle

La République, son protocole

Les religions, leur liturgie

Et les artistes, au Paradis des parodies…

 

Si comme j'espère, se réalise

Cette prophétie des beaux esprits

On le devra, à nos « Charlie »

Leur décerner légions discours

Ferait injure, à leur humour            JC Blanc    janvier 2015  (pour nos Charlie…)

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