A responsables publications
Miguel Dey
A conseil d’administration
Madame, monsieur, en « lisant » votre dernière édition, j’ai pris conscience de l’extrémité à laquelle vous êtes réduit pour inviter votre conjoint(e), au restaurant. C’est donc conscient de votre martyr que m’est venue l’idée de vous proposer ma biographie.
Là-dessus je sens poindre en vous comme une réticence à poursuivre cette lettre fort contrariante, mais la perspective de changer votre voiture et qui sait votre maison… devrait freiner votre impatience.
Convenons une bonne fois pour toute que les écrivains sont de grands enfants qui jouent dans le compte en banque des éditeurs. Comme les enfants, ils font des caprices, ont un ego surdimensionné et ne comprennent rien à la comptabilité. En un mot, ils sont en trop. Or, fait curieux, jusqu’à présent aucun éditeur n’a songé à publier un livre qui ne soit pas d’un écrivain. Je m’insurge contre ce monopole et c’est pourquoi n’étant pas écrivain, je vous propose cet arrangement : à vous l’argent, à moi la gloire.
Vous ferez ce que vous voudrez de votre argent, pour ma part je saurai utiliser ma gloire artificielle auprès du public féminin dont les yeux n’ont de regards que pour les hommes cathodiques avec première page dans les magazines.
Voici donc mes références biographiques que vous saurez adaptez à toutes circonstance : Je suis très photogénique, je ne réponds pas aux questions qu’on ne me pose pas, j’adore les hôtels de luxe, je parviens à parler une heure sans rien dire et n’oubliez pas je ne suis pas écrivain.
Il est évident que je ne rechignerai jamais d’aller dans les salons littéraires provinciaux, d’inaugurer des librairies campagnardes, de signer des autographes, dédicaces et plus si affinité à la moindre occasion organisée.
Ce qui manque à votre maison, ce ne sont ni les livres, ni les écrivains, non il vous manque une signature, un symbole, une publicité vivante. En nous y prenant bien, avec votre service communication nous devrions réussir à marier mon physique avec le nom de votre enseigne, parce que vous le valez bien.
Ainsi à chaque manifestation, meeting, plateau de télé, le public ne verra, n’entendra que votre serviteur, qui telle une marque accrochée à un vêtement vantera les mérites de votre maison. Tant que je serai sur le devant de la scène, le lecteur qui n’est en réalité qu’un consommateur qui s’ignore, ne songera plus aux maisons concurrentes et moi j’adore qu’on me filme.
Vous détenez les moyens de communication, votre maison peut faire d’un inconnu une sommité littéraire, vendez-moi ! Vous ne serez pas déçu.
J’attends avec impatience le contrat en double exemplaire me dépouillant de tout recours.
Au plaisir de vous lire. M. X , votre future marque déposée.
M.Dey