Mourir d'envie, et vice versa.

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Les paupières se ferment, lentement. Les sourcils se froncent quelques instants encore, puis les traits se relâchent entièrement. Le corps bascule délicatement sur le côté, les genoux remontent jusqu'à la poitrine, et, enfin, le sommeil pointe le bout de son nez. Ses yeux et ses joues humides, doucement, sèchent.
Les rêveries prennent enfin place au cauchemar incessant qu'est la vie.

Cette position fœtale indique clairement l'envie acide qui démange de remonter le temps jusqu'au moment où l'être n'est rien de plus qu'une idée qui flotte dans deux cervelles un peu idiotes.
Trop fatiguée de se battre contre du vent, blasée de n'être qu'une emmerde de plus pour trop de gens.
Illusionnisme fatal. La corde suspendue au-dessous du gouffre abyssal qu'elle doit traverser chaque jour.
L'envie de vivre qui s'enfuit....
Au galop, la tristesse arrive et lui rappelle que même la nuit t'abandonne à ton triste sort dans des ruelles sombres et froides. Plus personne sur qui compter.
Le sang bouillonne, tambourine sous la peau.
Sous le soleil, les yeux clos une demi-seconde suffit à visualiser ce liquide rougeâtre s'échapper.
Lui aussi voudrait s'en aller.

"J'irais où tu iras".

Et parfois, même au repos, les cauchemars reprennent le dessus, redeviennent les maîtres des lieux.
Aucun endroit n'inspire encore la confiance. Toujours la peur au ventre. Le stress quotidien qui tord les boyaux et triture les méninges.
Ses pauvres ongles rongés. Sa peau toute abîmée.
Et le cœur en miette.
Non.
Il n'y a plus de cœur. Rien qu'un malheureux mécanisme usé.

Un sourire s'esquisse de huit heures à dix-neuf heures, puis, le sac qui contient toutes les larmes de son corps craque à la nuit tombée. Un torrent qui se déverse et s'assèche aussitôt. D'une tendre violence.
Domptables à souhait, mais les membres ne bougent quasiment jamais. La bouche refuse de s'ouvrir.
Rien à dire. Rien à penser.
Juste envie de tout bousiller.
Puis disparaître.
Le sommeil est fourbe et vil. Un sacré connard. Il frappe à sa porte toujours trop tard. Et s'en va toujours trop tôt. Avant même que le jour ne se lève. Il se casse sans même prendre le temps de refermer la porte derrière lui.

Deux heures se sont écoulées.
Les paupières s'ouvrent brusquement.
Le souffle court, l'estomac qui grogne.
Et les ombres malsaines qui s'agglutinent à ses côtes. Traversant chacun de ses pores. Obstruant ses poumons.
Plus d'air.
La tête tourne, danse, divague.
Les bras cherchent quelque chose à quoi se raccrocher en vain.
Puis l'explosion de joie.
La fin qui approche, qui invite d'un ton réconfortant à commencer un nouveau voyage.

À commencer à respirer.

À vivre.

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