à une lettre près

vieufou

Avec ma solde de trooper, soit le salaire d'un peu moins de neuf ans passés au service de ma Compagnie et un grade de Sergent chèrement obtenu lors de terribles batailles autour des lunes de Pluton qui m'avaient coûté un oeil et ma jambe droite, j'avais pu me payer un petit vaisseau et acheter à l'Empire un bout de rocher pour loger ma famille, près de Vénus et des routes commerciales, un astéroide terraformable à peu de frais. Retraité depuis trois mois j'étais revenu sur Terre chercher Jane. Et Elliot, que je n'avais jamais vu qu'au visiophone.

La première chose quand on colonise une si petite planète, est de s'assurer qu'il n'y a pas déjà un astrochtone sur place. Si indigène il y a, il faut savoir si une cohabitation est possible, ou chercher un autre caillou, désert celui-là. J'appris donc en chemin à mon épouse et à mon fils de huit ans les rudiments du vénusien en commençant par la prise de contact.

* En vénusien, « Bonjour, y a quelqu'un » se dit « dsver vdfr mlk ilo ». « Nous venons en amis, pouvons-nous cohabiter? » se prononce « zbül ».

Je leur fis répéter ces fondamentaux pendant tout le voyage. Sitôt posés, nous vîmes que l'astéroide était déjà habité. Impuissant, j'entendis alors ma femme dire à la créature verte, avant qu'elle ne nous atomise, « dsver vdfr mlk ila », ce qui, en vénusien, signifie « Rends-toi ou meurs, cette planète est la nôtre. »

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