Abrasif.

kelen

Les cavaliers sans tête ont sorti leurs tonfas 

Coups dans les côtes,  doigts sur la gâchette

Toi, visé par leurs salves,  tu tentes ton dernier cage-bra

A l'affrontement, y'a nous contre leur horde de soldats

Pourquoi ? Pour arracher un peu de dignité à leurs lois

Et quand ton frère, visé,  s'écroule sur le bitume parisien

Le sang qui s'étend, c'est des éclats de démocratie dans sa main

Demain c'est comme hier, avec un peu plus d'amertume

Nos morts pour rien n'étaient pour vous que des interludes

Mais aujourd'hui est-ce que vous allez prendre conscience

Que notre rage contre eux  a grandi, bercée par votre silence ?

On n'a pas de rancune  mais vous n'avez pas encore pris la mesure

Que votre indignation parisienne  n'est ici qu'une triste habitude

Et que la violence qui s'opère face caméra quand vous êtes ventre à terre

Est celle qui ici reste invisible, quasi niée dans vos tracts contestataires

Il n'est jamais trop tard, nos révoltes finiront pas converger

Nos luttes ont besoin de force et d'unicité pour exister et durer

Pour peu que vous sachiez qu'ici ils oeuvrent  sans relâche

Nos militants ne sont pas moins organisés,  juste formés au face à face

Certes, nous sommes tous déclassés mais beaucoup plus pugnaces

Que vos aspirants à la révolution, biberonnés à la lutte des classes

C'est qu'ici on n'a plus grand-chose à perdre à part nos proches

C'est notre dernier combat pour la mémoire de nos anciens

Regarde à quel point l'Etat et ses chiens ont vidé nos poches

Il ne te reste plus qu'à balancer dans leur gueule l'honneur des tiens

Est-ce que tu peux comprendre à quel point c'est compliqué

De grandir avec  tant de rancœur et de souffrance imbriquées ?

L'humanité est  une valeur qui prend tout son sens dans la misère

Que te reste-t-il ici  quand le ventre est vide, à part tes sœurs et tes frères ?

Moi j'ai commencé à exister quand j'ai arrêté de me résigner

Et que j'ai fait le deuil de cette égalité républicaine

Fermer les yeux c'est collaborer, j'admets être privilégiée

Et s'il faut fournir des munitions pour cicatriser les haines

Je deviendrai revendeuse d'armes pour l' éducation populaire 

Ne sortons plus jamais désarmés de nos prisons de béton

Il est l'heure de matraquer nos réalités par l'action

Seuls, nous ne sommes que des fragments explosifs

Ensemble, nous sommes la formule complète… l'étau abrasif.

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