absent
torpeur-
L'équipe de foot locale avait sûrement dû gagner, c'est ce qui expliquait les klaxons au loin. Y'aurait sûrement eu un temps où j'aurai été parmi ces gens, à fêter la victoire. Mais là, non, je me suis encore isolé, passer la soirée avec eux aurait été au dessus de mes forces. Ça aurait forcément sonné faux. Y'a jamais plus vraiment de bon moment. Je préfère être aux abonnés absents, encore. Pour me faire oublier, encore un peu plus.
Et puis, il avait commencé à pleuvoir et moi à broyer du noir. Comme ça, sans prévenir, comme si de rien n'était. J'avais envie de m'en aller, de foutre le camp, de me barrer. Prendre la voiture, partir, toujours tout droit. Le plan ce serait : rouler, rouler, et encore rouler. Faire le plein deux fois. S'arrêter quand elle tomberait en panne. Aller dans le premier hôtel sordide venu, voir si je m'acclimaterais ou pas. Moui, c'était ça le plan. Les affaires du passé, je m'en étais débarrassé, je les avais données, jetées, vendues. Peu importe, je n'avais presque plus rien. Pour ne plus m'accaparer l'esprit, en quelque sorte. Ça avait marché un temps, puis l'idée d'acheter une arme à feu, la coller sous la mâchoire, fermer les yeux et appuyer sur la gâchette, était revenue. J'avais pas envie de la suite, j'avais plus envie de rien. A chaque fois que je disais que ça allait mieux, je rêvais de coups de couteaux aussi profonds que le truc que je ressens.
Cette nuit là, il n'en finissait pas de pleuvoir... je me demandais ce qui avait bien pu clocher autant. Je m'en voulais, encore et encore, de ne pas y arriver. A être normal. J'avais pas le courage de faire semblant. Pas envie de vieillir. Tout abréger sans rien dire à personne. Je n'étais qu'une simple erreur, le résultat d'un malheureux impondérable. L'impression de tricher. Je reviendrai jamais comme avant, c'était impossible. Trop de choses étaient cassées et ça sentait la fin depuis bien trop longtemps, déjà.
La brume s'était levée sur la route, les phares des autres voitures m'éblouissaient. Je savais plus pourquoi j'étais là. J'ai accéléré et fermé les yeux......
Perso pour du foot , que ce soit un jour sans ou avec, je n'irai jamais me mêler aux gens :-) bon c'était une piètre tentative d'humour. Ton texte me touche, car malgré tout ce que je tente de réaliser, je suis toujours tenaillée entre l'envie de tout laisser tomber et la crainte d'infliger la peine, le sentiment d'abandon à mes proches que j'ai moi même ressenti en perdant quelqu'un de cette manière.
· Il y a environ 6 ans ·missfree
oui je vois tout à fait ce que tu veux dire.
· Il y a environ 6 ans ·torpeur-
Une fin tragique qui aurait pu être évité si vous aviez trouvé à qui parler.
· Il y a environ 6 ans ·Lady Etaine Eire