Dans un Parc du Vieux Paris

patrick-montoulieu

Valérie ne comprend plus rien à rien. Jamais elle ne s'est sentie aussi étrangère au monde qu'en ces temps stupides qu'elle trouve de plus en plus absurdes et incompréhensibles. Mais Cupidon veille...
Vous avez tous déjà compris - depuis fort longtemps d'ailleurs - que les bavardages inutiles et stériles polluent bien trop souvent notre quotidien. Chacun se sent aussi heureux qu'intelligent à exprimer ou répéter une opinion qu'il fera sienne avant même de la passer par les filtres de l'analyse et de la réflexion. Les incohérences et les inepties gouvernent bien souvent nos idées car elles ne transitent que trop rarement par le cerveau. Elles traversent les coeurs béatement généreux et filent à toute vitesse vers les grandes émotions mécaniques, grégaires et stupides avant de disparaître ou de périr noyées dans les flots agités d'une actualité jetable.
Ainsi, nous passons notre temps à vouloir sans cesse séparer le bon grain de l'ivraie, l'essentiel du superflu, à déchiffrer les messages brouillés et incompréhensibles qui ne veulent pas dire grand chose au final.
Reste malgré tout une petite musique qui nous distrait, nous rassure, nous interroge, nous indigne, nous berce, nous agace et nous endort parfois.
Si vous êtes pressés, impatients, rationnels : allez droit au but, ne perdez pas de temps, les caractères gras sont faits pour vous, ils racontent l'histoire… Mais si l'immersion totale dans les absurdités d'un monde poétique et cruel ne vous effraie pas une seconde et qu'elles glissent sur vous comme l'eau sur les plumes d'un canard, alors vous êtes mûrs pour vous perdre un temps à la lecture de ces inepties.
"Les Hannetons ne sont jamais bien loin quand soupirent les égouttoirs."  Ne l'oubliez jamais !
Le texte ci-dessous à pour objectif secret et totalement idiot d'être difficilement traduisible. 


Dans un parc à roulettes du vieux Paris, totalement dépourvu de petits pois Ecossais, à deux baguettes des lits mezzanines de la petite charrue évaporée, Valérie photocopiait discrètement son corsage aquatique, aussi délicatement qu'un pépin sénégalais sous un réverbère éteint. Puis, de sa montre à encrier inversé, elle se mit à rêvasser de toute la couleur qu'elle pouvait en longeant à la nage la totalité de ses ceintures de quinze watts qui lui restait dans un coin de son petit yaourt à la gomme du XIXème. Au loin, l'hirondelle à salade comptait ses prunes en sifflotant un sirop beaucoup trop déformé pour la saison. Un parfum de cuir salé et d'humus du Périgord se répandait sur les micro-ondes en terre cuite du quartier des bidons vides. Il faisait beau. 

Ce qui devait se produire, vous lavez les voitures, tomba à plates coutures sur son grille-pain comme un véritable soufflet de cinéma. Elle rencontra un rond-point de papier buvard encore chaud mais de plusieurs crayons de plus que le chemin du souvenir. Jamais buvard de théâtre ne lui était apparut aussi téléphoné que ce bel imbécile de pigeon universitaire à crampons détachables qu'on aurait cru tout droit sorti d'une mine d'argent pâle en vieux chêne du massif central. Le coupable désert de pierres blanches rodait et fricassait en un silencieux rétroviseur dans son frêle intestin. Les hannetons ne sont jamais bien loin quand soupirent les égouttoirs. Elle le trouvait beau comme un cabaret sans enfants, traînant et caressant son équation si poétique au milieu des feuilles mortes du jardin à pâte d'oie. Cette fois elle en est sûre et partielle, c'est lui, la rencontre de l'opinel qui fait déborder le vase et non l'ivresse, cela lui semblait tellement évident à présent, comme le cygne du festin.

Depuis lors, rien chez Valérie ne tourna désormais à gauche en sortant de la prise multiple. Jamais de parapluie sur terre elle ne reverra d'un même hibiscus distrait les boitiers cruciformes comme elle se l'était imaginée la veille encore dans les rayons du grand sarrasin de bricolage "Le Roi l'Enchanteur", tout juste avant l'orage. L'arc-en-ciel fredonnait doucement ses couleurs chaudes et les oiseaux bariolés et joyeux palpitaient gaiement sous le tapis volant de la chance devenu rouge comme une citrouille animée, murmurant en choeur la chamade bienfaisante des petites allumettes boréales. Tout lui souriait sur les branches.

En l'espace d'un éclair de fer forgé millimétré, Valérie repassait toutes ses charrettes fripées en cobra malgache du sommet de ses jeunes années, là, juste sous le marronnier encore plein d'encre qui lui tachait le bout des ailes. Muette comme un lapin d'eau douce et sous tension à la marche dans les spirales irrégulières de son secret à petits carreaux, elle ne va plus le quitter d'une cheminée, pas même d'une flèche wallonne. Elle sait que trop de fumée sans feu-rouge nuit gravement à son flash solitaire et glacé et d'ailleurs, ses points étaient comptés. Elle se promit alors de ne plus refermer ses préambules à combinaisons stupides dans les cartons en porcelaine qui court-circuitent trop régulièrement son grenier en colimaçon. Terminé, plus jamais elle ne grignotera ses freins sans tambours ni trompettes de la mort dans la piteuse guérite du douanier confisqué la semaine dernière au bout du fusil par un vieux prof d'allemand. Après tout, ma vraie vie se joue là, dans ce métro bruyant qui bosse comme un chameau en caramel sociable et vermoulu, se dit-elle en son fort charmant de briques rouges et de brocanteurs. Elle se promet également de toujours tendre une oreille musicale au premier phacochère qui coule à perte de vue vers la reine mère des cas radins. Ce qu'elle confit de canard aussitôt en avalant d'une seule traite son magazine à cent balles. Et hop ! Promesses tenues !

Ne lorgnant que son couteau, elle est assise eurêka et plante alors ses haillons fleuris sur le même banc de sable que le beau rond-point taciturne et buvard. Elle rassemble son courage tendre et sa petite fenêtre en osier trempé pour lui poser une coccinelle à question multiple mais anodine sur le revers du temps qui passe et sur quelques nuages perchés de-ci de-là, sur les hasards d'une rencontre aux abords de sa manche natale. Le bonheur de chasser en Somme ! Néanmoins, elle tremble comme un portefeuille à l'automne puis sourit aussitôt de ces grands yeux clairs ébouriffés par le souffle court des illusions sèches. Elle range son rouge à lèvres dans la pioche de son Cupidon en vichy avant de se rapprocher imperceptiblement à petites fesses de son bouc émissaire amoureux qui se cramponne plus que jamais comme une tarte Tatin à son rocher. Elle est nerveuse et c'est bien compréhensible mais parenthèse mise à part, ayant droit devant elle, son cheval de bataille navale ne serait que fortuit évidemment. Et elle le sait parfaitement. 

Elle est heureuse.

La conversation des alligators presque moisis interceptée dans les bocaux de la préfecture s'anime et prend rapidement un tour de Lombardie plus intime, vertigineux, transparent et doux. Elle se sent enfin comprise, peut-être pour le premier Olympia de son petit déjeuner. Son manège en coeur de boeuf imperméable roucoule tendrement, sans se poser le moindre petit papier. Elle voudrait tant pouvoir retenir ce porte-manteau équatorial qui mémorise si habilement ce bel instant de verdure du plus souriant de ses jouets. Elle est bien.

Ah ça non ! Elle n'est pas prête à oublier les rescapés du croissant de sable ce matin d'octobre, pas plus que les roulettes givrées de son parc de bières mortes. Non, de toutes les couleurs de ses panniers, jamais plus elle ne quittera son épaule de Muscadet.

Tandis que luit dans la nuit de son oeil amoureux une étoile d'argent effeuillant de minuscules marguerites jusqu'à la fin du mauvais temps qui passera l'éponge beaucoup trop vite, ils grognèrent et vécurent sur les berceaux heureux de l'antiquité et eurent cette poésie désuète des chansons d'autrefois  tout au fond du bocal des débutantes. Une solide nostalgie alternait avec le futur décomposé de leurs nombreux problèmes. 

Valérie se réveille paisiblement au milieu de l'amère Caspienne agitée du total. Tout est vide et la nuit sans radio ni phosphates lui tenant la main fière et perdue de son rêve s'est envolé(e) vers les algues de l'abandon. Elle a froid au fond du coeur.  

Toulouse, le 10 octobre 2013
  • Etonnant à lire… le texte en gras ne peut s'empêcher de vibrer de tous les autres mots. Et tous ces mots parasites sont provocateurs d'une mélodie poétique.

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    nyckie-alause

    • Merci Nyckie pour ton commentaire qui résonne parfaitement. Pas si évident d'être bien compris ou ressenti pour un texte déjanté comme celui-là. Merci encore.

      · Il y a plus de 10 ans ·
      1185974 184453038404509 1111568469 n copie

      patrick-montoulieu

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