ACRIMONIE
oliveir
Après, cela ira tout seul, apprends à compter jusque cent ! La première fois c’était difficile, tu as cru que tu n’y arriverais jamais. Quand ta mère t’a dit avec un sourire large comme un vent de liberté qu’après, cela recommençait tout pareil, tu t’es senti trahi.
La règle de trois a été la plus dure à avaler. En fait c’était la règle du sacrifice qui passait mal, refuser de vivre le présent pour se régaler d’un avenir hypothétique.
Ah ce refrain ! Passe ton bac, tu verras, après cela ira tout seul. On t’a promis une carotte pour t’encourager, c’était cent quelque chose mais quelque chose sans beaucoup d’amour. Toute ta vie, tu n’as entendu que cela ? Cela ira mieux demain ? En attendant, il fallait serrer les fesses.
Après le bac, c’était pire. Les mêmes salades mais le bénédicité, il fallait le réciter à genoux. Cela ira mieux l’année prochaine. Tu profiteras de tes vacances pour réviser ton anglais sous le ciel gris des fantômes.
Après le concours, cela irait mieux. Tu t’es détruit l’imagination pour ingurgiter leurs trucs.
C’était quand-même intéressant de perdre sa vie dans ces conditions, tout était bien organisé. Et puis, il faut avouer que c’est plus facile d’avancer sur les rails que de tracer sa voie.
C’était fichu, t’étais pris, le loyer, les gosses, les vacances à payer… sauf que pour toi, il n’y avait pas de vacances. Aujourd’hui, c’est les valises. Et la plage c’est pour tout le monde ! Tu n’es pas dispensé.
Tu as eu le droit de t’endetter pour acheter ta geôle. Cela irait mieux après, tu serais libre, c’était presqu’écrit. Tu n’as pas le choix, dépêche-toi, bientôt il sera trop tard. Et si tu veux crever propre, t’as intérêt à assurer tes arrières. Comme tu as été sage, tu auras le droit d’aller voir les bandes dessinées dans les pyramides, et s’il te reste cent sous, on te fera une piscine dans le jardin pour que les petits-enfants acceptent de venir te voir. A ta santé. Après, cela ira tout seul !
Et pour ceux qui en veulent davantage, je poste acrimonie plus sur ma page !
Nous comprenons votre frustration mais la consigne fait partie du jeu. Tant mieux si les propositions de Finis ton Verbe vous inspirent des textes. En l'occurrence, votre exercice est maladroit, même si sa portée tragique (on sait dès le début comment on va finir) manifeste une certaine finesse, vous n'amenez pas la chute, vous faites de votre chute le leitmotiv de votre texte. Vous offrez davantage une longue plainte de plus en plus énervée qu'une narration qui s'organise jusqu'à sa fin - début. Nous vous attendons sur le prochain exercice.
· Il y a presque 14 ans ·abeline
Je recommande vraiment à tous les lecteurs le format long que nous propose Oliveir, un très bon texte !
· Il y a presque 14 ans ·leo