Acrylic pollen.(1)

Avec Betty, on vendait du miel pour les oreilles et des cotons tiges pour les abeilles.

Avec le monde qui marchait sur la tête, on faisait nous aussi comme lui, c'est à dire tout à l'envers de ce qu'on aurait dû. Dès qu'on avait une idée originale ou géniale, on la déposait sur un compte de créativité dans une banque de la Creuse parce que c'était bien moins loin et bien moins cher qu'une aux Caïmans: certes les bureaux étaient grands et vétustes, les secrétaires moches, mais personne nous enviait. Nos idées étaient libre de droit et les ressources proches du paquet de lessive: chacun donnait ce qu'il voulait suivant l'originalité des créations, en frottant bien sur les taches pour pas les faire revenir une deuxième fois.

On se levait tous les matins avec des idées, tellement d'idées, qu'on finissait à tour de rôle par ne plus petit-déjeuner:

- Tu petit-déjeunes pas ce matin ma chérie ?

- Non, faut que je mette un truc par écrit, j'ai une super idée !

- Ça peut pas attendre 5 minutes ? Je t'ai préparé quelques cookies à la crème de civette et un bon chocolat chaud à la bouse de lapin !

- Si tu crois que tu vas m'attendrir avec tes petites gâteries !

Quand Betty avait une idée dans la tête, elle était à fond dedans. Rien ne pouvait l'arrêter, ni même un chat noir.

- T'as vu passer Kiki ce matin ?

- Il me semble l'avoir entendu prendre sa douche.

- C'est qu'il a du choper une souris cette nuit !

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