Addiction

Je crois que je t'adore.

Tu quittes la piste de danse, t'avançant vers moi, ton regard me transperçant. Ou peut-être ce sont les spots lumineux. Je ne sais plus. Tu me prends la main et m'invites à te rejoindre. Je ne sais pas danser ! Je préfère te regarder du coin de l'œil. Tu m'entraînes dans cette cacophonie, ce milieu succulent qui change l'extase en désir. Et cela ne fait que commencer. Tout s'enchaîne rapidement. Mon bras suit automatiquement ce que fait le tien, mes doigts pointent la foule,puis se mêlent aux tiens. Je m'affole, je ne contrôle plus rien. Notre jeu excite le public, et pour la première fois, je me sens revivre. Je suis fière d'être exposée aux yeux de tous, telle une œuvre d'art en porcelaine. Si fragile, si sensible ... Dans cette arène, les fauves sont aux aguets, prêts à se jeter sur nous. Le moindre détail, la moindre hésitation, et c'est terminé. J'ai peur, mais je ne regrette rien, surtout pas cette danse.

Je crois que je t'aime fort

Tu as tant d'amour en toi, tu pourrais m'en donner un peu, ce tango ne fait que débuter. Tes mouvements précis, tes pas qui survolent le plancher au rythme des instruments.  Et là, je m'envole. Je m'enflamme. Tout va très vite, un peu trop je crois .... Je ne rêve pas. Je ne suis pas folle. Je suis juste folle de toi. Le monde doit suivre notre cadence effrénée tout au long du morceau. J'ai l'impression d'entendre toutes les musiques du monde. Toutes les sonorités qui puissent exister. Ce monde est petit, trop petit pour nous deux. On ne s'arrête jamais de danser, c'est le but du jeu. On tourne, on s'éloigne, on s'élève. Du haut de cette scène, je crois t'entendre murmurer quelque chose. Dis le moi à l'oreille, mais d'abord dépose-moi. Ça y est, je virevolte au son de ta voix.

Je crois que je t'aimerais encore.

La musique s'arrête, les pas se croisent, le bruit s'estompe, laissant place au silence. Au milieu de la scène, nous sommes le centre des conversations. Ne pars pas,  j'ai encore tant de trucs à te dire, de choses à te demander. A commencer par ton nom. "Dimitri ?". Joli. On se reverra. J'en suis persuadée. Ce n'est qu'une question de temps. Le temps d'un tango. Le nôtre. Quelques instants de répit, et toute une vie pour t'aimer de plus en plus. Ou de moins en moins. Tout dépend de toi. Le temps passe plus vite tout d'un coup. Tu as déverrouillé une porte secrète qui mène aux rêves d'enfance. Les plus innocents, les plus délicieux, les plus éphémères. Notre jeu. Retrouve-moi vite, sinon je risque de me lasser. Pour toi, ce sera un jeu d'enfants.