Adolescence

june

Derrière le soleil noir, les affiches marketing, le monde continue de tourner. Ils se lèvent paupières collées à cinq heures, en écrasant le réveil du poing. Et nous, nous n'étions que des gosses en proie aux doutes, traînant des pieds dans le parc du lycée. Ils nous disaient vous n'y arriverez jamais, vous ferez toujours partie des incapables. Nos erreurs, nos errances, nous les exposions à la face du monde comme s'il n'y avait pas plus brûlant. De petites rancoeurs en drames irréconciliables, nous n'avions pas encore trouvé qui nous étions. Les barquettes de frites achetées en attendant le bus, le look étudié, les séances de cinéma, les amours illusoires qui faisaient tomber les cœurs d'artichaut. Elle, habitée par un deuil qu'elle ne ferait sans doute jamais, habillée de rouge de la tête aux pieds. Les écureuils dans les arbres, les « populaires » observés de loin, sans jamais pouvoir les approcher réellement. La vie était douce, la vie était amère, les mois semblaient des années, nous croyions certainement ne jamais rien vivre de plus fort. De plus douloureux. De plus heureux, aussi. Les jeunes années font fructifier l'adulte qui vient par la suite, lui apportent son essence. L'insouciance. Il ne faut pas la perdre. L'insouciance est un sursis que la vieillesse ne peut parfois plus se payer. Nous sommes les mêmes âmes, au fond. Âmes qui ont grandi, qui sont sans doute en paix avec un passé tumultueux.

  • J'adore le style de ce long paragraphe, comme un torrent, qui nous rappelle l'essentiel.
    Oui, la vieillesse c'est la fin de l'insouciance, certains restent jeunes toute leur vie en essayant de raviver les jours heureux. Bravo pour ce texte!

    · Il y a environ un an ·
    Lwlavatar

    Christophe Hulé

    • Merci pour votre retour ! Essayons de préserver cette adulescence ...

      · Il y a environ un an ·
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      june

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