Aire de cohésion
Christian Le Meur
Substance humanoïde digérée par les organes de la cité
Tension cubique
Pression claustro-phobique
Suinte la peur…
...Et forge les chaînes de la soumission.
Dans la répétition-action des actions répétées
L'horizon s'annihile,
Luminescence blafarde,
Démasquant dans le clair-obscur l'interminable cortège de ces ombres désorientées
En quête d'amnésie et de bien-être.
Percevez-bien… Termites affairés,
L'insatiable voracité des prédateurs.
Bâtisseurs Du temple tabernacle
Préservant les textes sacrés de leur cohésion sociale.
Sur paillassons de gazon,
Froide logique et servitude comptable,
Ils expérimentent leur néo-conception de l'homme notion.
A l'ombre des immeubles, des enfants croissent.
Modelés dans cette matrice des normes, des traditions.
Qui façonnent de petits anges rampants, anxieux,déchus
Aux ailes flétries.
Dépositaires avortés du message d'amour.
Boulot, Métro
Bouche tiède, haleine fétide
Je m'Orphéise Réflexe conditionné
Errance dans ces méandres viscérales
Souterraines
Carrelées
Plublicitées
Matraquage d'une affiche quelconque
Vantant la bienveillance d'un big brother quelconque
A des gens catalogués quelconques.
Mon Eurydice - ELLE - stationne sur ce quai inculte
Mutilant ses rêves dans l'oppression du troupeau
Hasardeux dénaturé Sursitaire
A la prochaine rame —--- Vacarme!!-------Elle disparaîtra.
Agressé par ce brouhaha permanent dénaturant ma solitude
Je me réfugie dans cet ailleurs
Cet autre moi
Loin de ce monde où la promiscuité se malsainise;
Affalé sur la banquette du GIG prioritaire, je croise le regard implorant d'une femme sans âge, insipide, transparente.
Ses jambes la font souffrir. Jambes enflées, torturées de varices bleuâtres supportant ce corps prématurément perclus de douleurs insidieuses, de blessures de cœur jamais guéries. Je la sais oubliée des autres, privée des l'affection de ses proches, du respect d' elle-même Je perçois l'agonie de sa flamme de vie.Alors je lui cède ma place, mais pas pour sa bouche désespérément close. Juste pour extirper de ma carapace d'indifférence le peu d'humanité qu'il me reste.
J'émerge sur le parvis ensoleillé par la lumière des lampadaires.
Là , en ce lieu de culte
Je m'enivre de la grande prophétie
Maître de cérémonie:
«Idolâtres!!!… Prosternez-vous
Voici votre dieu!, Voici Le fric! »
( Clameur fanatique: force délirante circulant à la vitesse d'une pulsion vitale,primitive)
«Au cœur de la communauté des bienheureux et du béton
Accomplissez votre mission»
Le règne de la dialectique binaire.
Des têtes d'élites pensent, fument,statuent
Résultante d'un pouvoir aveugle et ambitieux.
Au diapason ils s'accordent sur la désinformation massive
Entretenant le séculaire chemin de l'ignorance
Sur lequel l'homme se fait objet.
Aire de cohésion:
Non lieu, cité HLM, cité dortoir, cité poubelle
Hors saison,
Morose,tel un enclos muré de lassitude.
Je franchis la porte vitrée et dans le hall, des gosses hargneux qui me dévisagent, me jaugent, me jugent, m'insultent: «Vieux con !» . Je gravis les escaliers aux murs graffitiés à l'obscène et au vulgaire. Repas taiseux assaisonné de télévision et du non dit du quotidien. Visage taciturne.En soins permanent calmants, somnifères somnifères, calmants. La dépression s'entretient là, dans cette existence volée.
Ce soir-là,
Comme tous les autres soirs,
J'ai mis mon réveil à sonner
Pour que demain soit comme aujourd'hui,
Semblable à toutes ces années
Déjà écoulées.
Une errance lucide à visage découvert nimbèe d'humanité.
· Il y a plus de 6 ans ·unrienlabime