Allen, rue sans nom

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Allen court comme un fou dans les rues américaines, noms incompréhensibles, égouts en dessous, au-dessus surement pas le Paradis.

La Destinée Manifeste de l'Amérique, Allen y pense alors qu'il court dans les recoins sombres des capitales. Il la cherche. Trouve un sdf affamé, là contre le bêton glacé et mouillé, du poisson malodorant qui ressort de la benne d'à côté. Un enfant dont l'œil ne voit pas et l'autre envieux se fait tirer par une mère désolée et déprimée qui noie son impuissance dans l'alcool bon marché. Il court encore et toujours, ne cherche pas à s'arrêter devant les malheurs, et ne voit aucun moment de bonheur, pas même une seconde de sourire, dans ces rues oubliées, négligées, cachées par cette superpuissance qui domine le monde occidental. L'odeur pestiférée ne le dérange pas un instant, ni même ne le prend à la gorge ; il respire longuement l'air infesté qui lui vrille les poumons, les empoisonne peut-être, qui sait, et semble tout de même constituer une nouvelle énergie. Puisant sa force dans le désarroi et l'abattement. Les autres ont cette toute autre énergie qu'ils tirent de l'ignorance et du savon délicat qui n'agresse ni la peau ni l'odorat. Les autres ne connaissant pas les rues reculées de leur pays, aux noms pitoyables et de toute façon trop compliqués pour les prononcer. Allen s'arrête un instant alors qu'il distingue entre deux blocs l'un de ces autres, qui passe par là et jette un regard dans sa direction, puis continue sa route, continue sa vie, continue de faire l'enfant et de fermer les yeux devant la misère. Trop dangereux, pas de solution, trop émouvant, pas de solution. Ils vont mourir. Alors vaut mieux pas s'attacher. Mourir. Inconnus. Etrangers. Le pays, la patrie, l'amour entre les citoyens ; les rues aux noms déchiffrables – propres, l'air frais qui décoiffe une femme et les bruits de pas incessants qui accompagnent les conversations effrénées – oui mais les rues où on ne va jamais, qu'on ne nomme jamais ; pas de patrie et d'amour à donner. Ils vont mourir, n'oubliez pas. Ça sert à rien de s'attacher.

  • "Ils vont mourir. Alors vaut mieux pas s'attacher."
    C'est triste au final, mais bon c'est bien écrit!! :)

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Cat

    dreamcatcher

    • C'est en effet triste, c'est presque une marque de fabrique chez moi je dois dire. Merci en tous cas :)

      · Il y a plus de 10 ans ·
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    • C'est pas une mauvaise chose ;)

      · Il y a plus de 10 ans ·
      Cat

      dreamcatcher

    • C'est vrai, je suppose seulement que j'aimerais écrire quelque chose de positif parfois :) Mais pour ce texte en particulier la fin ne pouvait qu'être triste

      · Il y a plus de 10 ans ·
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