Chapitre 15 - AMBER ET VANITY JANE À TOXTON
suemai
— OK! OK! OK! Mais t'as intérêt à pas me l'abimer, mon camion
— Sinon, Vanity?
— Je… je… je… merde, ce que c'est con cette tradition!
— Mais pratique pour moi.
— T'es vernie, y'a pas à dire.
— Toi aussi, il me semble. Maintenait je fais quoi?
— Tu vas emprunter la nationale 12, jusqu'à Springview et ensuite, je te dirai.
— À vos ordres, Mme Pawnee.
— Je vais t'égorger.
— Non me protéger.
— Grrr… file, je te dirai quand ce sera le moment, tête de serpent.
Amber roulait assurée. Vanity prit confiance. Elle se rendait bien à l'évidence qu'elle n'aurait pu conduire. Mais, elle n'en laissait rien paraître. Cette petite squaw lui en faisait voir de toutes les couleurs.
— Attention, à hauteur de Springview, nous allons croiser la nationale 7, il faut l'emprunter. Et là, tu roules jusqu'à ce que je te dises de stopper.
— Bien reçu, Vanity Jane.
— «Non mais tu vas ... … … «Ah là là, j'suis dans la merde avec cette fille, se lamenta-elle.»
Elles passèrent, tout doucement au travers de «Big canyon», lorsque qu'un barrage se dressa.
— Bordel de merde, ce sont des «Clingos», ils vont réclamer la moitié de la cargaison pour nous laisser circuler. J'aurais dû conduire.
— T'affoles pas, je vais arranger le coup.
— Il ne faut pas les tuer, sinon toute la bande sera à nos trousses et nous sommes trop près de Toxton pour jouer au plus malin.
Amber ralentit et arrêta le camion à hauteur de ces pilleurs.
— Salut mesdames, on peut vérifier la cargaison?
Vanity faisait dos aux Clingos et mimait de dormir, afin de ne pas se faire reconnaître.
— Oui, bien sûr, répondit froidement Amber. Je vous accompagne.
Amber ouvrit la porte arrière et les gars en salivaient. Se tenant légèrement à l'arrière, Amber saisit l'un des types et lui fit craquer le coup, suffisamment pour l'endormir. Elle pointa le suivant de son pistolet.
— Tu vois la petite lumière rouge, toute gentille, qui pointe ton joli petit cœur, bien, si tu ne fais pas exactement ce que je te dis, elle va te faire vivre la plus grande peine d'amour de tous les temps. Attrape ton talkie-walkie et tu répètes exactement c'que je vais te dicter.
— Hey les gars, un joli pactole. On décharge tout. Nous nous trouvons à quelques 50 kilomètres à l'est de Valentine, sur la 20. On vous attend.
— Excellent mon grand, maintenant tu t'étends, et tu vas faire un gros dodo.
Elle le luxa à son tour et il se retrouva sur son copain. «Un véritable petit couple, pensa Amber.» Elle fouilla dans une des sacoches de sa moto et en sortit une seringue bien encapsulée. Elle retira l'embouchure et injecta, dans la carotide de chacun d'eux, un fort anesthésiant. «Ils en demeureront l'esprit embrouillés pendant plusieurs jours, gloussa Amber.» Elle boucla tout et retourna à l'avant.
— Ben voilà, Vanity, plus d'emmerdes, ça te va?
— Mais t'es qui pour vrai… Une gamine supersonique?
Ce qu'Amber se bidonnait, sous le regard ébahi de Vanity Jane.
— Mais non, tu le sais très bien, une tueuse, qu'une tueuse-Doc.
***
Allongée l'une contre l'autre, dans une cabine de première classe, et sans le regard vicieux d'un petit mateur, cette fois, Christina et Eltirra s'envolaient pour Omaha.
— Ça va aller Christina?
— Mais si, mais si. Je tiens la forme. T'inquiète.
— Tu as songé à ton grand-père?
— Si. Mais ce sera le boulot d'Amber pas le mien. Elle saura, mieux que moi, faire la part des choses.
— Te voilà à parler comme Pedro, maintenant, Christina.
— Oui, Elitrra, c'est Amber qui a eu le plus de contact avec Guiseppe. Avant quoique ce soit, son avis nous est véritablement indispensable.
— Elle a raison Eltirra, s'immisça Guillermo, nous ne comprenons pas toute la logique derrière tout ça.
— Guillermo! Tu ne vois pas que tu gênes là, le sermonna Catarina.
— Fichu caractère, ta frangine, Eltirra…
— Heureusement, avec un tombeur de ton espèce.
— Co…co… comment, tombeur, tu n'es pas convaincue que je l'aime!
— Ça va, ça va, calme-toi, ma petite biche, répond Catarina à Guillermo.
— «Biche maintenant, je vais être tantine bientôt, c'est certain, pensa Eltirra…»
— Alors où en êtes-vous, demande Pedro?
— Destination Omaha, lui précise Christina, la planque des «Marie et Marie»
— D'accord, maintenant, on conserve le contact en permanence.
— Mais Pedro, tu veux dire, tout-le-temps?
— Hum… laissa-t-il entendre. Sauf… sauf… bien, dans les moments d'intimité, c'est bon.
— Je sens que l'intimité va se poindre bientôt, s'amusa Christina.
Elle ne croyait pas si bien dire, Eltirra en devenait toute colorée. Là voyant dans cet état, Christina se rappela, qu'il s'était passé cinq jours depuis leur dernier ébat. Eltirra en était à cran.
— Étend-toi confortablement, ma jolie, lui dit Christina, tout en fermant son oreillette, ce qu'Eltirra avait déjà fait, depuis un moment. Donne-moi ton pied, que je m'excite un peu et ensuite tout sera pour toi.
— Tu vas jouer un peu avec mon secret, balbutia-t-elle?
— Mais bien entendu, ma jolie, tu vas refaire un décollage d'avion.
— Utilise les coussins en plus des oreillers, supplia Eltirra, ce sera plus prudent.
Christina lui mordillait déjà les orteils. «Ce qu'elle a des pieds qui me rendent folle, se redit-elle.»
( ... …)
— Allo Pedro, tu me reçois?
— Bien, hum… il va falloir tout planifier, dès que vous y serez.
Ouffffffffffffff… entendit Pedro.
***
— Amber, tu vois le gros rocher, tout au loin?
— Oui Vanity, tu désires une photographie?
— Tu pourrais demeurer sérieuse un moment, s'il te plaît…
— D'accord, nous approchons. Tu me dis ce que je dois faire.
— Tu ralenties maintenant. Je t'explique au fur, à mesure.
À vitesse très réduite, Amber s'engagea entre ce qui se voulait deux rochers au final. Elle avançait droit vers un troisième, sans que Vanity ne dise quoique ce soit.
— C'est quoi le truc, Jane, on va traverser cette roche par magie?
— Ferme-là et tu fais comme je te dis. Freine maintenant. Tu te colles autant que possible à la paroi droite, du premier rocher, et tu tournes le volant rapidement vers ta gauche, à vitesse zéro.
Finalement, il s'agissait d'un passage entre les deux pierres, ce qui n'était pas visible de la route. Le sol, aussi dur que le ciment, ne laissait pas de traces. Amber réussit la manœuvre, mais le coté gauche arrière, frôla à peine la roche.
— Merde, tu vas me rembourser les dégâts, mon camion, bordel!
— Ha lala, je m'en suis bien sortie, non?
— C'est bon, personne n'arrive à le faire sauf moi. Tu me voles aussi la vedette!
— Alors, Vanity, je te rembourserai aussi ton vedettariat, promis.
— Tu vas me rendre folle, s'exaspère-t-elle.
Tout en roulant dans un chemin de brousse quelques kilomètres, ce fut au tour d'Amber de se retrouver la bouche béate. Tout au fond d'un ravin, entouré de falaises, une ville s'élevait. «Magnifique se dit Amber.» Elle stoppa tout aux cotés d'une petite rousse inquiète. Amber devina qu'il s'agissait de Zoey.
— Incroyable, Vanity, c'est un véritable miracle. Je n'ai jamais vu un truc semblable. On dirait une cité perdue, dans un conte de fée.
— Heureuse que ça te plaise, à tout le moins.
Une ville à l'architecture baroque. Toute la partie centrale ressemblait à une ville du vieux Far West. Puis, de chaque coté, s'élevaient des maisons de toutes les époques, certaines en bois, d'autres en pierres. La ville s'étendait sur plus d'un quart de kilomètres. Des gens, hommes, femmes, enfants circulaient et semblaient jouir d'une grande sérénité. Des éoliennes s'élevaient, ici et là, à des endroits stratégiques, elles tournaient plein régime. Voilà qui alimentait, en électricité, une bonne partie des chaumières. Quelques génératrices ronflaient tout doucement. Une grande cascade s'élevait au loin, et alimentait, un moulin. «Une eau pure, songea Amber.» Tout était d'une propreté exemplaire. Les maisons conservaient, toutefois, des couleurs sombres, afin de ne pas attirer les regards. «Tous ces sourires, tous ces sourires, constatait-elle» De la joie aux quatre coins de la ville. Toxton, cet habitat d'une paix se voulant durable, d'un bonheur qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Instinctivement, Amber saisit la main de Vanity, qui comprit sa grande surprise et son émotion. Le temps était venu de décharger le camion. Vanity s'écria,
— Allez! Allez! Tout le monde, à la corvée. On entrepose tout.
Une immense bâtisse s'élevait plus à l'ouest. Zoey y mena le camion, le recula et le travail débuta, aux travers de rires de gens comblés. Vint alors les présentations, ce qu'Amber redoutait soudain. Vanity entraîna Amber à plusieurs endroits.
— Amber, voici Zoey Penton, notre maréchal ferrant et un de nos piliers défensifs.
— Heureuse de vous rencontrez, Mlle. Jamais personne n'oubliera que vous nous avez rendu Vanity. Nous connaissons tous l'histoire maintenant.
— L'honneur est pour moi, Zoey, et Amber reçut une bise. «Une femme d'environ une trentaine d'années, qui ressemblait davantage à une petit gamine rousselée et enjouée.»
— Tiens Amber voici l'armada : «Harry, Tom et Snipes», les meilleurs tireurs de tout le Nebraska et possédant de véritables yeux de faucons.
— Ravi M'dame, chacun d'eux serrant la main d'Amber.
— Encore une fois, vous m'offrez un grand cadeau en m'acceptant parmi vous, mais pourquoi Snipes… on dirait le nom d'un acteur de cinéma?
— Il s'agit de mon jumeau, rigole-t-il.
— Suis-moi, ordonna Vanity, je t'offre un scotch de première et on se taille un petit cigare, ça te dit?
— Alors là, pas de refus, mais pour le cigare, ce sera une première, je te préviens.
— Tu vas aimer, tu verras.
— Elles se dirigèrent vers le saloon, «là où se passa, probablement, cette fameuse bagarre contre les trois frères «Bontning», pensa Amber»
Un véritable saloon, de l'époque, avec ses tables rondes éparpillées ici et là, le bar typique d'un bois rustique et les portes battantes. Amber allait de surprise en surprise, émerveillée.
— Regarde, je nous ai déniché un Chevas, tu es preneuse.
— Pour sûr, Vanity.
— Et, goûte-moi ça, ces pures merveilles, des cigarillos, de la Havane et roulés à la main. Que des feuilles tendres.
Amber s'étouffa à la première bouffée, mais apprit rapidement à déguster. Tout devenait si magique… trop… des coups de feu éclatèrent au dehors…
***
Christina et Eltirra entrèrent. Tout comme Amber, elles trouvèrent l'appartement des «Marie et Marie» menu, sans déco, d'aucune sorte, que le stricte minimum. Christina fouillait toutes les pièces à la recherche d'un indice qu'aurait laissé Amber. Comme elle ne trouvait rien, Eltirra s'approcha et lui tendit un papier.
— C'est ce que tu t'empresse de découvrir, n'est-ce pas, Christina?
Elle lui tendit la lettre, souriante. Christina en avait les larmes aux yeux. Elle tremblait.
— Donne, je vais te la lire.
Salut les filles,
Pauvre Christina, je ne t'ai pas ménagée, ce coup-ci, mais j'avais déjà pris ma décision et je n'avais pas le choix. J'suis impulsive et casse-gueule, d'autant plus que casse-couilles. Je devais faire cavalier seul, ça il faut que tu le comprennes.
De nous deux, t'es la plus sensible, et dans le cas qui me préoccupe, je ne pouvais attendre l'assentiment de tous. Un job de tueuse en isolé. Comment tu vas Eltirra. Je savais que tu veillerais sur ma sœur, sinon je ne serai pas partie. T'es une fille fiable et tu ne laisses jamais tomber, de plus, t'as de beaux pieds, à ce qu'on dit, je rigole.... Tu conserves la tête froide, et c'est ce dont Christina avait besoin,
Au moment où vous lirez cette lettre, je suppose que je serai déjà à Valentine, depuis un moment. Ce ne sera pas évident de retrouver la famille Stevenson. Je serai prudente, Christina, t'inquiète.
Bon, il faut bien vous ancrer dans la tête que le Nebraska est l'état le plus pauvre des U.S.A. Ici la convoitise et l'appropriation du bien des autres restent monnaie courante. Vous aurez remarqué que la planque des «Marie et Marie» se trouve complètement à sec. Il faut vous protéger un maximum. Je vous laisse une adresse, «Guns unlimited.» Vous vous y rendez et vous faites le plein d'armes. Voici une liste d'épicerie. Le mec qui m'a servie, c'est un gars ok. Un type dans la quarantaine, assez grand, cheveux noirs, yeux bleus, souriant et blagueur. Vous n'aurez qu'à mentionner «papillon» il va tout comprendre. Il vous fournira ce dont vous avez besoin. Puis rendez-vous chez une couturière du nom de Mme Cartrige, elle vous conseillera pour les vêtements et quelques petits trucs. L'adresse se trouve aussi au bas de la feuille. Vous n'aurez pas de mal à la trouver Pour le reste, il vous faut un moyen de transport. J'ai opté pour la moto. Là, c'est à votre discrétion.
Alors, rendez vous à Valentine. Je laisserai mon Smartphone en fonction, n'utilisez que les textos au départ et parcimonieusement, on ne sait jamais. J'ai testé l'oreillette et le signal ne passe plus.
À Valentine, loué une chambre d'hôtel et attendez mes consignes.
Câlins.
Amber
P.S. : La fille du bar, c'était du chiqué. Un de mes plans tordus pour vous éloigner de moi. Dans la douche, Christina, le baiser, ben c'était aussi tout faux. La fille a bien joué son rôle et je l'ai bien payée. Vous êtes mes deux amours, pas question de flirter avec d'autres.
Eltirra leva les yeux, pour apercevoir Christina, le visage bouffi, mais heureuse.
— Alors, Christina, tu vas me croire maintenant. Mes intuitions s'avèrent souvent exactes. Attrape ce papier-mouchoir.
— Je le savais aussi, tout au fond, pufffffffff, mais j'avais trop peur.
— Ben ça va aller. T'as faim, il y a un chinois pas trop loin. J'y fais un saut et je reviens.
— Le riz frit…
— Quoi le riz frit?
— Pas de champignons, s'il te plait.
— Ce que tu me fais rigoler. Lui sourit-elle. On mange, on se fait le shopping, on planifie et on décolle. Valentine c'est à plus de trois heures de route. Pendant ce temps, tu peux faire des réservations pour l'hôtel?
— C'est bon et j'envoie un texto à Amber. Reviens vite.
***
T'affole pas, Amber, il s'agit de Stan, notre limier en électronique et en tout finalement. Les éoliennes, les génératrices silencieuses, le moulin, bref, toute la techno, c'est son domaine. Il nous fait toujours des entrées remarquées, trois coups de feu, espacés d'un dernier. Une sale habitude. Faut pas te surprendre, il parle sans arrêt, t'as qu'à pas l'écouter, souvent c'est qu'il réfléchit tout haut. Un phénomène, tu verras.
Un mix d'époque moderne et de Western. Un peu surnaturel, presque poétique avec cette ville oubliée, cachée. Mais insidieusement, la tension monte. L'action se profile à l'horizon avec cette petite alerte des clingos.
· Il y a plus de 8 ans ·thesecretgardener
oui, les fameux Clingos. Amber prend de plus en pus de pouvoir, d'ascendance sur tous. Elle devient quasi intraitable et d'une suffisance que je ne lui devinais pas, Oui, (univers perdue dans un conte de fée)
· Il y a plus de 8 ans ·suemai
Cette ascendance et suffisance vont lui valoir des soucis, je pense ;-)
· Il y a plus de 8 ans ·thesecretgardener
Oui. De toute manière elle est en plein dedans. Elle se donne le rôle fort et ingrat, et tous abondent. Sa solitude se creuse lentement. Elle aura bientôt de tragiques et imprévisibles révélations. ++++
· Il y a plus de 8 ans ·suemai