Amour vieilli

la-rouquine

A dix-sept ans on s'était rencontré
En blousons de cuir, sous les cerisiers
Après quelques mois passés à s'aimer
On enfilait nos anneaux de mariés
Tes yeux scintillaient, tu étais ému(e)
Le jour brillait sur nos corps dévêtus

Mon amour, je crois je ne t'aime plus
Mais mon ami(e), sans toi je suis perdu(e)
Je t'interdis de mourir avant moi
Tu me manquerais dans ce grand lit froid
Si notre flamme n'a plus sa ferveur
Je sais, nous sommes toujours âmes-sœurs 

Neuf mois apportèrent le premier enfant
D'autres encore amenèrent les suivants
Notre amour se diffusait aux garnements
Qui gravaient nos souvenirs, nos sentiments
Dans l'argile fragile de nos cerveaux
Et ils maintenaient nos vieux cœurs bien au chaud

Mon amour, je crois je ne t'aime plus
Mais mon ami(e), sans toi je suis perdu(e)
Je t'interdis de mourir avant moi
Tu me manquerais dans ce grand lit froid
Si notre flamme n'a plus sa ferveur
Je sais, nous sommes toujours âmes-sœurs 

Les enfants grandirent, nous fûmes grands-parents
L'amour n'a plus de but, on ne fait pas semblant
Les mots d'amour par habitude seulement
Et les gestes avec pour s'opposer au temps
Non, l'un et l'autre on n'a jamais vécu qu'à deux
Finalement je crois que c'est ça être heureux

Mon amour, je crois je ne t'aime plus
Mais mon ami(e), sans toi je suis perdu(e)
Je t'interdis de mourir avant moi
Tu me manquerais dans ce grand lit froid
Si notre flamme n'a plus sa ferveur
Je sais, nous sommes toujours âmes-sœurs 

On n'a plus l'amour mais ta présence me suffit
Je sais bien qu'on s'engueule plus qu'on ne se sourit
Mais, chéri(e), j'ai vraiment besoin de toi dans ma vie
Même dans la mort je te suivrai au paradis
Le temps passe. Je me dis qu'à la fin de la vie
On n'est plus amoureux mais on est meilleurs amis

Mon amour, je t'en aime plus
Mon amie sans toi je suis perdu(e)
Je t'interdis de mourir avant moi
Car je refuse de rester loin de toi
Tu as une place bien au chaud dans mon cœur
Mon amour, je sais, nous serons toujours âmes-sœurs 

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