Amoureux en secret
vanesse
- Clo, je te présente Firmin.
Manuel connaissait parfaitement les goûts de Chloé. Il était son meilleur ami depuis si longtemps. Ils pourraient même former un couple parfait s’il ne préférait pas … les hommes ! En attendant il était son confident et avoir un meilleur ami gay, c’est aussi bien que d’avoir une meilleure amie. Et même s’il aime aussi les hommes, il y a peu de chance qu’il drague ouvertement son petit ami.
La discothèque n’était pas idéal pour un premier rendez-vous ni pour avoir une conversation, il faut toujours crier pour se faire entendre. Firmin proposa d’aller chercher des rafraichissements au bar pendant que Chloé et Manuelle trouvèrent une banquette où s’assoir.
- Alors où l’as-tu trouvé celui-ci ?
- Oh, juste sous mon nez, lui répondit-il en riant. Alors comment le trouves-tu ?
- Il a l’air sympa et il est grand et musclé comme je les aime.
Chloé était grande pour une femme, un mètre quatre-vingt deux, mince et élancée. Sa taille mannequin séduisait les hommes mais peu d’homme être plus petit que leur compagne. Mais avec Firmin ce ne sera pas le cas car il devait mesurer au moins un mètre quatre-vingt dix.
- Alors ma petite Clo, tu rêves éveillée ?
- Non, pas du tout.
- Regarde ton étalon reviens, murmura Manu à son oreille.
Chloé pouffa de rire et donna un petit coup de coude dans les côtes de Manuel pour qu’il retrouve son sérieux.
- Voilà vos boissons les amis, dit Firmin en posant les verres sur la petite table.
Après quelques mots échangés et leurs verres vidés, ils allèrent tous les trois se trémoussaient sur la piste de danse. Et pendant la séquence des slows, Firmin et Chloé échangèrent un premier baiser. Une heure plus tard, Chloé annonça à Manuel qu’elle partait avec son cavalier.
- Mais qu’est-ce que tu fais de la première règle Chloé ? lui demanda Manuel un peu inquiet.
- Parfois, on peut contourner les règles, lui répondit Chloé en haussant les épaules.
- Oui mais sur celle-ci tu étais catégorique : jamais le premier soir, lui rappela son ami.
- Je sais mais j’ai un bon pressentiment, je suis sûre que cette fois-ci c’est le bon, lui expliqua la jeune femme.
- Bon, soupira Manu. Sois prudente ma belle, lui dit-il en l’embrassant sur le front.
- Je t’appelle demain, lui lança-t-elle en allant retrouver son prince charmant.
Comme prévu, Chloé appela Manuel dès le lendemain matin.
- Alors ma douce, comment c’était ? lui demanda Manuel en décrochant son téléphone.
- Bonjour Manu, bien dormi ? lui demanda Chloé pour faire languir son ami.
- Oui comme un bébé.
- Et tu as dormi seul ? lui demanda-t-elle toujours pour le taquiner.
- Arrête de tourner autour du pot et dis-moi si ce qu’on raconte sur les blacks sont vrai ? lui répondit Manu impatient.
- Je ne vois pas ce que tu veux dire.
- Mais si je te parle de la taille de leur…
- D’accord, j’ai compris, le coupa Chloé.
- Alors ?
- Et bien, il n’a rien à envier aux autres hommes si tu vois ce que je veux dire, finit par lui avouer Chloé.
Ils se mirent tous les deux à rire, complice comme toujours.
- Non sans rire Manu, je crois que… je suis entrain de tomber amoureuse, lui confia Chloé.
Un silence s’installa et la jeune femme s’inquiéta.
- Allô, Manuel t’es toujours là ?
- Heu oui, excuse-moi. Je suis un peu surpris, c’est tout.
- Je sais d’habitude, je ne suis pas aussi enthousiaste, plus méfiante mais je ressens vraiment quelque chose pour Firmin, lui expliqua Chloé.
- Bien, Clo ma chérie, je dois te laisser mais même si il te plait ne t’emballe pas trop. Je ne veux pas te ramasser à la petite cuiller, la prévint Manuel.
- OK à plus.
- A plus.
Comme tous les jeudis midi, Manuel retrouva Chloé chez elle pour déjeuner. Le jeudi était le jour de repos de Chloé et Manuel ne travaillait qu’à dix minutes de son appartement. Chloé avait préparé des lasagnes, le plat qu’elle savait faire le mieux.
- Mmh, elles sont vraiment délicieuses, lui dit Manuel. Je ne comprends pas pourquoi tu n’arrives pas à garder un homme.
- Je te rappelle que je suis toujours avec Firmin, lui répliqua Chloé.
- Ah oui, c’est vrai ?
- Et oui, tu vois je sais garder un homme. Et je crois même que ça devient sérieux. Je lui ai proposé de venir s’installer dans mon appart ! lui dit-elle joyeusement.
Manuel resta silencieux pendant que Chloé débarrassait leurs assiettes.
- Tu n’es pas content pour moi ? lui demanda la jeune femme.
- Si, bien sûr mais je trouve que tu vas beaucoup trop vite. Tu as eu ta mère au téléphone dernièrement ?
- Non je ne lui en ai pas parlé pour l’instant.
Elle sortit deux yaourts nature du réfrigérateur.
- Tu sembles réticent envers Firmin mais je te rappelle que c’est toi qui me l’as présenté. Et tu pensais qu’il était « l’homme idéal pour moi ». Je ne comprends pas ton attitude, lui dit-elle en lui donnant un des deux yaourts.
- Et bien, je n’aurais peut-être pas dû.
- Quoi ! s’exclama Chloé.
- J’ai cru que c’était la meilleure façon d’être près de toi, d’être sûr de t’avoir toujours près de moi mais c’était complètement idiot. J’étais stupide de croire que tu ne pouvais te contenter que de cela.
Chloé qui était à présent debout, adossée au l’évier de sa cuisine, se sentait perplexe face au discours incohérent de son ami.
- J’aimerai savoir quelle drogue tu prends parce que sérieusement tu commences à me faire flipper.
- Ma seule drogue Clo, c’est toi, lâcha Manuel.
- Je ne suis pas sûre de bien comprendre.
- Je t’aime.
La jeune femme se mit à rire comme si son ami venait de lui raconter une excellente blague. Mais voyant que Manuel gardait son sérieux, elle essaya de se ressaisir.
- Tu n’es plus gay ?
- Je ne l’ais jamais été, lui avoua-t-il.
- Mais c’est stupide pourquoi tu m’as menti ?
- Tu te souviens la première fois où on s’est rencontré. Tu pleurais à cause de ce garçon qui t’avais largué comme une vieille chaussette. Tu m’as dit que tu ne voulais plus être amoureuse. Mais moi je t’aimais déjà alors je ne sais pas ce qui m’a pris, je t’ai dit que j’étais gay pour rester proche de toi. Ensuite la vie à continuer et tu as rencontré d’autres hommes et voilà…
Chloé en avait le souffle coupé, elle avait l’impression de faire un rêve étrange. Ce n’était pas réel, s’était impossible que la personne en qui elle avait le plus confiance lui avait menti pendant des années.
A causes de ses révélations Manuel sentait qu’il allait perdre Chloé, son rayon de soleil et ce n’était pas ce qu’il voulait. Pour le moment, elle ne réagissait pas, elle restait même stoïque mais il la connaissait. Chloé n’allait pas tarder à exploser. Il fallait qu’il tente le tout pour le tout. Il s’approcha doucement comme pour ne pas l’effrayer.
- Notre amitié est basée sur un mensonge, lui dit-elle enfin.
- Mais mon amour est tout à fait sincère, lui confia-t-il.
Il approcha ses lèvres de celle de Chloé et les posa contre les siennes.
Chloé était prête à lui rendre son baiser mais non ! Il lui avait menti, il l’avait trahi. Elle le repoussa.
- Va t’en, lui ordonna-t-elle.
- S’il te plait Clo, la supplia-t-il.
- Sors de chez moi Manuel.
Il comprit que s’il ne voulait pas la perdre pour toujours, il valait mieux qu’il la laisse seule, lui laisser le temps de réfléchir.
- Tu ne veux pas changer de chaine. C’est nul cette série, tu ne trouves pas ? demanda Firmin à Chloé.
- Non, moi j’aime bien.
En réalité Chloé aimait regarder cette série télévisée avec Manuel. Certes, ce n’était pas spirituel mais il disait que l’acteur était super canon. En réalité, cela devait être l’actrice qu’il appréciait. Cela faisait pratiquement trois semaines qu’elle ne l’avait pas vu, ni même parlé. Il lui manquait. Son meilleur ami lui manquait mais avait-il vraiment existé ?
C’est vrai que quelque part elle avait toujours était un peu attiré par lui. Elle s’était toujours dit qu’il était l’homme idéal, celui dont elle rêvait. Mais elle pensait qu’il ne pouvait être qu’ami et elle s’en contentait. C’était parfait jusqu’à ce qu’il lui avouât son horrible mensonge. Chloé soupira.
- Si ça t’ennuie, pourquoi tu regardes ?
- Je suis fatigué. Je vais me mettre au lit.
- OK, lui dit-il en profitant de la situation pour changer de chaine.
Chloé se leva de son canapé et embrassa Firmin, juste avant de quitter la pièce il l’interpella.
- Tu as des nouvelles de Manu. J’ai l’impression qu’il m’évite au boulot.
- Oh non, tu te fais des idées. Je crois qu’il a pas mal de travail en ce moment et d’autres occupations.
- Ah, d’accord. Bonne nuit ma chérie.
- Merci, lui dit-elle en entrant dans la chambre.
Cela faisait trois semaines qu’il tournait en rond, repassant dans sa tête sa dernière conversation avec Chloé. Il regrettait finalement d’avoir attendu aussi longtemps pour lui avouer ses sentiments. Elle ne lui faisait plus confiance et il la comprenait. Manuel n’avait pas de ses nouvelles et au travail il évitait de croiser Firmin. Dans s’autres circonstances, ils auraient pu être amis mais à présent il était son rival. Il trouvait cette attente interminable et cruelle. Il devait trouver la force d’aller chez Chloé et d’éclaircir les choses. Et surtout, il espérait que l’issue serait positive.
Depuis qu’elle avait embrassait Manuel, Chloé rêvait de lui presque toutes les nuits et lorsqu’elle se trouvait dans les bras de Firmin, c’est à son meilleur ami qu’elle pensait. Il lui manquait et c’était vraiment idiot. Rien ne les empêcher d’essayer d’être ami comme avant. « Je l’appellerai demain », se dit-elle.
Quelques jours plus tard, Chloé trouva enfin le courage de composer le numéro de téléphone de Manuel. Quelque chose clochait, non seulement elle entendait sonner dans son téléphone mais également dans son appartement. Chloé suivit le bruit et en réalité il provenait de l’extérieur. Chloé ouvrit brusquement sa porte et fut surprise mais contente de se retrouver nez à nez avec Manuel.
- Manu, qu’est-ce que tu fais là ?
- Je crois que tu me cherchais, lui dit-il en lui montrant son portable.
- Oui c’est vrai. Je crois qu’il faudrait que l’on parle de … enfin de tes révélations.
- Je le pense aussi. Il vaudrait mieux mettre les choses à plat.
- D’accord, tu peux entrer. Notre conversation ne regarde pas mes voisins.
- Oui bien sûr, lui dit Manuel en souriant.
- Tu veux un café, lui proposa Chloé en refermant la porte.
- Oui, merci.
Quand elle revint avec ses deux tasses de cafés, Manuel s’était installé sur le canapé. Chloé le trouvait différent, en réalité c’était sa perception qu’elle avait de lui qui avait changé.
- Comment tu vas ? lui demanda-t-elle.
- Bien et toi ? Comment ça se passe avec Firmin ?
- Excuse-moi mais je n’ai pas envie de parler avec toi de ma vie privée avec Firmin.
- Désolé, avant on se racontait tout.
- Presque, le corrigea Chloé. Tu as changé les règles du jeu, tu te souviens ?
- En réalité, elles étaient faussées dès le départ, admit Manuel.
- Oui c’est vrai. Je me souviens de ce fameux jour. J’étais vraiment énervé et si tu m’avais dit la vérité, je crois que je t’aurais immédiatement repoussé.
- Alors tu me pardonnes ? lui demanda-t-il.
- Sur le principe peut-être mais tu aurais dû me dire la vérité depuis longtemps. D’ailleurs, pourquoi tu as attendu aussi longtemps ?
- Je ne sais pas. Mais quand j’ai compris que tu allais faire ta vie avec un autre homme que moi, là ça m’a fait réagir.
- J’ai rompu avec Firmin, soupira Chloé.
- Je sais. Je lui ai parlé tout à l’heure. Il m’a dit que tu as rompu avec lui parce que tu t’étais rendu compte que tu n’étais pas amoureux de lui.
- Oui c’est vrai, avoua Chloé.
Manuel posa sa main sur celle de la jeune femme.
- Je voudrais que l’on reprenne depuis le début, lui proposa la jeune femme. J’ai besoin d’être sûre que je peux à nouveau te faire confiance.
- Bien sûr.
Manuel se mit à genoux devant Chloé et prit délicatement ses mains dans les siennes.
- Pour commencer que dirais-tu d’aller au cinéma demain soir ?
- Je dirais que c’est parfait et je crois que tu as le droit à une petite avance.
Chloé se pencha vers Manuel et cette fois-ci se fut elle qui l’embrassa. Elle s’écarta un peu de lui et le regarda dans les yeux. Elle lui sourit puis se mit à rire, de ce rire espiègle qui respirait la joie de vivre, celui que Manuel aimait tant.