Amphotère

eymeric

"Du grec ancien ἀμφότερος, amphóteros (chacun des deux ): Qui agit à la fois comme un acide et comme une base"

Elle m'a laissé groggy, gros : guitare, piano elle savait tout faire. C'était le genre de filles qui t'inspire une mélodie, qui te fait réduire la violence et sortir les violons. Le genre qui te pousse à oublier ton genre de filles justement. D'habitude, quand ce ne sont pas des métisses, les filles que je veux aimer ne sont pas celles avec qui je veux coucher, et inversement. Mais là ... C'était une bouffée d'air frais, et j'en profitais car je restais bouche bée. C'était la débauche de la débauche, bienvenue à l'élégance. Les légendes content souvent que l'on tombe amoureux d'un même genre de filles. Vous savez, ces filles gentilles en apparence, tellement prudes, des beautés froides. Dans mon cas il n'y avait pas besoin de légende en dessous de ses photos pour comprendre d'emblée qu'elle avait du feu en elle. C'était clair, net et précis, j'avais eu le coup de foudre et maintenant ça s'embrasait en moi. En fait loin de moi l'idée de l'embrasser ou de la désirer dans un premier temps. Je voulais juste passer du temps avec elle, trouver la source, le pourquoi de tant de pétillement. "Brillamment" ce n'est pas le mot que je vais employer pour qualifier la manière dont j'ai fait ça. Parce qu'au début ça n'était pas gagné, elle ne me calculait pas. J'ai eu beau multiplier mes efforts, soustraire les autres aventures futiles à côté, additionner les attentions, j'avais l'impression que ça ne faisait que plus nous diviser. Au final, peu de liens noués car pour ça il fallait beaucoup de "nous" et ce n'était pas notre cas. Note car c'est important pour la suite : Il y a ceux dans le paraître et ceux dans l'être. Elle était dans l'être, elle n'avait pas besoin d'essayer d'être belle pour être belle. Elle était différente, par "être différente", j'entends mieux bien entendu. Du moins dans un premier temps. Tu sais, chaque lot de grandes choses a son lot de grandes chutes. Chaque lot de grands mots a son lot de grands maux. Je n'allais pas tarder à le découvrir. Je pense que la vie c'est quelque chose de très très grand, de très vaste. On a des milliards de kilomètres de terres, des océans en pagaille, un ciel qui n'en finit pas ... Je pense même que s'il y a tant de couleurs dans le ciel c'est pour en mettre dans nos vies. Du coup je pense qu'on est tous des peintres et le monde qui nous entoure est notre palette de couleurs géante, celle qui nous permet de mettre des paillettes un peu partout. Il y a quelque chose à trouver dans chaque kilomètre de terre à visiter, dans chaque voyage. Il y a à trouver sur chaque océan, dans chaque vague de la vie à affronter. Il y a quelque chose à trouver dans chaque couleur du ciel. Puis il y a la trouver elle. Tu sais ce genre de filles qui te permet à la fois de voyager en la regardant mais aussi de mettre de la couleur dans ta vie. Ce genre de filles qui te permet de mieux affronter les vagues de la vie car elle t'a longtemps mené en bateau. Il y a ce genre de filles qu'on dit trouver partout, mais partoutatis, bon sang que c'est dur de les trouver. Tu sais trouver quelqu'un avec qui être c'est compliqué. C'est un peu comme trouver un terrain sur lequel faire ta vie, un site sur lequel construire, investir. Tu as beau aimer l'aspect visuel, il faut t'y sentir bien, aimer ses défauts, savoir faire avec. Si ton terrain est penché va falloir savoir construire quand même. Si ta relation est bancale va falloir être beaucoup plus solide. Je pensais avoir aperçu ce terrain, ce site. Ou peut-être l'avais-je trop mis sur un piédestal ? Toujours est-il que quand tu idéalises un terrain... Bah ensuite voir un site détruit tous les jours ça incite à devenir un sith, un guerrier du mauvais côté de la force quoi. Cependant, je pense que je ne m'étais pas trompé. Au départ il y avait de quoi construire, puis tu as tout gâché. Tu m'as laissé en plan, comment envisager de construire ? Je pense que tu vois là où je veux en venir, au moment où tu as gâché l'avenir. Parce que j'en avais fait des efforts : aller là, venir encore et encore vers toi sans pour autant que tu me relances. Donc il s'agit bien de gâchis. Je me suis accroché, je pensais descendre en rappel, qu'en bas tu assurais la sécurité, mais en fait tu t'es barrée sans jamais rappeler. Je me suis retrouvé à chanter seul All Falls Down en bas de la falaise. Pourtant à aucun moment donné je me suis dit qu'il y avait un malaise. Je ne l'ai pas trop vu venir, mais j'imagine que c'est toujours comme ça. J'imagine qu'on croit toujours que sa voiture avance alors qu'il y a une fuite. J'imagine que ce sont des choses pas forcément palpables, des choses que l'on n'est pas forcément capable de réparer. Mais j'imagine que des centaines d'images et angines plus tard c'est normal que je sois toujours malade quant à la situation. J'imagine que c'est normal que je te considère comme la grande personne devant moi au cinéma, celle qui m'obstrue la vue, ou la vie plutôt. Ouais celle qui m'obstrue la vie, parce que je la vois, mais pas dans son entité. Parce que quelque part tu m'en caches une partie, tu m'en gâches une partie. Tu es ce chignon trop grand, trop gros, celui qui me plait tant mais qui fait tant de plaies. Si tu t'étais appelée Catherine, je t'aurais secoué je t'aurais dit "si Catherine, tes cicatrices ne sont dues qu'à ton mauvais emploi du sécateur. Ce n'est qu'un acteur, donc coupe les ponts avec lui". Mais tu ne l'as pas fait ! Tu m'as laissé participer à cette mascarade, tu m'as laissé participer au fait que petit à petit on s'est perdus. Parce que même si dans mon esprit tu sembles être la connasse qui pousse à ma consommation de vinasse, j'ai ma part de responsabilité. Certes celle-ci s'arrête peut-être après avoir eu envie de jouer avec le feu que tu dégageais. J'ai choisi de vouloir te dompter, te contrôler, plutôt que de m'enflammer avec toi. Ou du moins de m'enflammer définitivement. Parce qu'à un moment donné on s'aimait tant, mais ce soir-là le tant s'était arrêté. Je te parle du « tant » qui nous différenciait tant. Parce qu'on avait pris l'habitude de s'aimer plus que tout le monde, plus que la moyenne, que ce soit hors norme. Mais ce soir-là tout ça c'est parti. On était dans la norme, on était tout le monde, on était dans la moyenne et c'était moyen. J'avais besoin de plus, donc j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai arrêté le temps entre nous. Quand je repense qu'à la base tout est parti d'une simple phrase, tout est parti lorsque tu m'as dit "Je suis perdue en ce moment." Puis que je t'ai répondu "Je t'ai pas demandé de retrouver un chemin, je t'ai proposé qu'on se perde ensemble sans pour autant savoir où aller". J'aurais peut-être dû beaucoup plus me méfier d'où j'allais justement. Avec ton blouson en jean et tes lunettes de soleil, ton vélo et tes salopettes. Avec tes baskets, tes bas et ton skate, avec tous ces petits trucs qui te caractérisaient tant. J'aurais peut-être dû me méfier de toi, ou peut-être de nous. J'aurais peut-être dû me dire que même si on avançait en vélo ça allait peut être un peu vite là. Ou j'aurais peut-être dû juste te demander de détacher ton chignon, de cesser de m'obstruer la vue, de me libérer.

Aujourd'hui, je m'amuse à dessiner tes contours dans mon esprit pendant que des cons tournent autour de toi à coup sûr. La plupart du temps je suis partagé à ton sujet. Je ne sais jamais trop quoi penser. Parce qu'en même temps tu n'as rien fait de mal, notre histoire s'est juste finie, tu ne m'as pas trompé. Mais d'un autre côté j'ai l'impression qu'elle n'a jamais vraiment commencée, que tu as refusé notre amour, que tu as refusé quelque chose de grand. Parfois j'ai même de la haine à ton égard. Parfois je me dis que si le mot pute n'existait pas, je l'inventerais pour toi. Sauf qu'il existe et je suis embêté ... Je suis embêté parce que pour la fille hébétée que tu es, ça ne suffit pas. De la pointe de tes cheveux, au bout de tes ongles tu me répugnes, tu n'es qu'une pute. Bon sang ... Ça ne sonne pas assez fort "pute". Vraiment il faut que je trouve un autre mot. Disons que tu es une tumeur, et en tant que tumeur j'aimerais que tu meures. Bon sang ... Je me trompe encore, en fait vis et vis longtemps même. Mais je te souhaite la plus misérable des vies. Je te souhaite malheurs et ... Malheurs. Quand tu seras morte, ce sera une fête par chez moi, ça sent la pute par chez toi. Si une merde chiait une autre merde encore plus merdique, ce serait toi. Si le néant se voyait ouvrir un trou béant et encore plus insignifiant que le néant lui-même, ce serait toi. Si la pire des putes accouchait, tu serais la mère et l'enfant à la fois. Si le sida n'existait pas, j'aurais souhaité qu'il existe pour que tu l'attrapes, et si le vaccin contre celui-ci existait, je donnerais ma vie pour que tu ne l'aies pas. J'ai l'impression que tout ça n'est qu'un euphémisme à côté de ce que tu es vraiment. Puis parfois je me dis que je t'aime, que je t'aime autant que me rendormir le matin alors que mon réveille sonne, que je t'aime autant que le doublé de Zizou en 98. Je me dis que je t'aime autant que je hais BHL. En fait parfois je me dis que si le mot aimer n'existait pas, je l'inventerais pour toi. Sauf qu'il existe et je suis embêté... Je suis embêté car pour la belle et têtue que tu es ça ne suffit pas. De la pointe de tes cheveux au bout de tes ongles tu me fascines, tu mérites d'être aimée. Bon sang... Ça ne sonne pas assez fort "aimée". Vraiment il faut que je trouve un autre mot. Disons que tu es l'allégorie de la vie, et en tant que l'allégorie de la vie j'aimerais que tu vives. Bon sang c'est exactement ça en fait : vis et vis longtemps. Je te souhaite la plus fabuleuse des vies. Je te souhaites joies et ... Joies ! Quand tu seras morte, ce sera d'une tristesse absolue par chez moi, mais même malgré ça ça ne sentira pas la pluie par chez toi. Il fera encore beau, parce que si le soleil avait une jumelle encore plus brillante tu serais cette jumelle. Si l'infini avait un avenir encore plus radieux que cet infini tu serais cet avenir. Si la meilleure des personnes venait au monde tu serais la mère et l'enfant à la fois. Si tu étais atteinte du sida, j'aurais souhaité que tu n'existes pas juste pour t'épargner ça. Et si le vaccin contre celui-ci existait, je donnerais ma vie pour que tu l'aies. Mais j'ai l'impression que tout ça est un euphémisme à côté de tout ce que tu es vraiment.

Tu vois ? Je suis partagé ... Je n'arrive pas trop à identifier le problème... Enfin si le problème c'est qu'on peut avoir raison à deux ça ne pose pas problème. Ce qui est problématique c'est lorsqu'on a tort à deux. Et nous on avait tort tous les deux. Tort parce que toi dans un premier temps tu as pris peur et tu as refusé tout ça. Puis tort parce que moi derrière quand tu étais prête j'ai prétexté que je ne l'étais plus, que c'était trop pour moi, que tu n'avais pas à hésiter. Mais en même temps tu n'aurais vraiment pas dû hésiter. Tu es lâche, tu es comme un vétéran invétéré par la peur de s'engager. La peur de pas vouloir se battre, de pas prendre les armes. Sauf que tu sais, même si la vie est un combat, elle ne l'est pas tout le temps. Il y a des terrains qui ne sont pas des champs de batailles. Il y a des terrains propres à l'amour. Sauf que si tu ne fais pas l'effort de monter la colline pour regarder tu ne le sauras jamais. Et si tu ne prends pas les armes au cas où, tu risques de tout gâcher. Parce qu'il y a des terrains où t'attends un garçon qui en apparence est effrayant. Effrayant car il est vêtu comme les mauvais soldats, mais tu vois qu'il cache un truc dans son dos. Il a un beau sourire tu ne veux pas y croire. Donc tu baisses les armes, tu fais demi-tour et tu fuis. Sauf qu'en fait ce soldat, ce soldat que j'étais, n'avait qu'une carte et un bouquet de fleur dans son dos. Une carte pour rejoindre la plus belle des collines paisibles, et des fleurs juste pour te faire plaisir et faire parler son côté un peu fragile. Mais tu as rendu tout ça encore plus fragile, tout ce rêve à portée de main tu l'as brisé. Tu l'as fracassé en mille morceaux tel un puzzle. Désormais, dévasté j'ai du mal à recoller les morceaux. Désormais je suis ce soldat vêtu comme les bons soldats, ce soldat qui sourit mais qui dans son dos n'a qu'une boîte de capote et carte. Une carte menant à la plus pittoresque des collines, celle qui n'abrite que des histoires d'une nuit, où le ciel n'est pas étoilé mais plein de nuage obstruant la vue. Mais tu sais ce qui est triste? C'est que je finis par plus apprécier ces nuages qui m'obstruent la vue après l'acte du coït avec une fille qui n'a rien de toi. Que ce chignon qui m'obstrue la vie et qui a tout de toi. Mais je sais que c'est la même chose de ton côté, je sais que ton nouveau mec c'est la version low-cost de moi. L'eau coule sous les ponts mais je sais que mon image s'accroche à ton rivage. La vérité c'est que tu vas à contre-courant depuis que je suis parti, tu t'en fous de leur déclaration fleuve, leur amour ruisselle contre la paroi que tu es. Ils te reprochent dans un torrent de mots d'avoir un cœur de pierre... Mais je pense que je me suis déjà posé la question aussi, je me suis déjà dit : Mais qui est-elle vraiment ? Si seulement je pouvais y répondre. Les vrais mentent aujourd'hui donc dur de discerner le vrai des faux, les qualités des défauts. Cependant j'en ai dessellé un chez toi, tu es lâche. Lâche parce que j'ai laissé les dés guider et tu m'as délaissé. Non pas que tu avais été là à un quelconque moment donné pour moi, mais même je me suis jeté à l'eau et en fait tu étais une baïne. Tu t'es retirée pour me laisser m'écraser contre le sol. Puis quand je me suis finalement relevé, tu es finalement revenue recouvrir tous mes faits accomplis tel un méfait et tu as fini par tout noyer. À croire que ça t'amuse que je fasse un plat, que ça te déplaise que je mette tout à plat. Pourtant mes potes m'ont souvent dit « T'es bresom comme Gotham, gros t'as merdé, ta go t'a manipulé alors go, va-t'en ! Ton âme est tachée et tâche de t'en souvenir. » . Mais je ne les ai pas écouté, je suis revenu te voir encore et encore. Puis par la suite on a fait sauter les sweat, on a fait sauter toute forme de politesse on ne se voyait plus que pour ça, pour se sauter, pour se faire du mal? On a voulu sauter les obstacles du bonheur, bah on s'est crashés dans une marre de malheur. On n'a pas voulu sauter les haies et aujourd'hui on se hait. On s'est contenté de faire tomber les bas et aujourd'hui on est bien bas. Puis quand on décidait de remettre les hauts on re-vêtissait les "oh" de contestation. A la base je n'étais qu'un con, qu'un test, qu'une action... Et bien tu ne cesses de répéter qu'après test je suis bel et bien ce con et que je resterai qu'une action sexuelle futile pour toi. J'en doute mais j'adoube le fait que tu puisses te convaincre de ça. Je respecte le fait que tu puisses faire l'aveugle devant tant de lumière, que tu puisses faire la sourde devant tant de bruit, que tu puisses faire le cul de jatte après tout ce qu'on a parcouru. Mais je m'inquiète de moins en moins, je me dis que plus j'en ai marre, plus la marée monte. Je me dis que tu es cette belle journée à la plage, ce beau message inscrit dans le sable, et que chaque jour l'eau se rapproche un peu plus du fait de t'effacer. Un jour je me dis qu'après avoir était tant écumé par cette histoire et bien l'écume viendra emporter tout ça. Enfin je l'espère plus que je ne me le dis, parce qu'en attendant je ne cesse de répéter : Elle m'a laissé groggy, gros : guitare, piano elle savait tout faire. C'était le genre de filles qui t'inspire une mélodie, qui te fait réduire la violence et sortir les violons. Le genre qui te pousse à oublier ton genre de filles justement. D'ha..

  • ...tellement dense que s'en est presque trop ! Tu t'enfonces dans cette foret, jusqu'à y perdre ton lecteur, jusqu'à y perdre haleine. L'une ou l'autre clairière serait bienvenue... Bravo, continue, c'est une très belle plume!
    Merci à Wic pour le partage.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Sampan 92

    fuko-san

    • Merci à vous pour la lecture et le commentaire

      · Il y a plus de 8 ans ·
      10403125 10206644474419303 6500541427491989208 n

      eymeric

  • Un texte avc une putain de densité...
    J'adore !

    · Il y a plus de 8 ans ·
    332791 101838326611661 1951249170 o

    wic

    • Merci beaucoup ainsi que pour le partage sur Facebook !

      · Il y a plus de 8 ans ·
      10403125 10206644474419303 6500541427491989208 n

      eymeric

Signaler ce texte