Année 0

Un an en arrière. Jour pour jour, j'en mettrai mes deux mains à couper.

J'étais à la même place. Sur ce lit un peu trop grand quand on est seule. Dans cet appartement qui ne m'appartenait pas vraiment. Trop bien rangé.

Ça m'a frappé. J'ai compris que tu ne me suivrais jamais. Que malgré tous ces beaux discours, je me voilais la face. Sans discontinuer. Jour après jour.

Ma première réaction fut de pleurer. Seule. Cachée. Et de ne rien dire. J'aurais voulu t'en vouloir. Crier. Partir en courant. Rencontrer quelqu'un d'autre avec qui partager des instants.

Je l'ai fait. Mais après. Un an après. Oui, ça m'a pris un an.

Pour pouvoir te regarder sans souffrir. Un an pour ne plus être frappé par cette douceur qui émanait de toi. Cette prétendue douceur que je connaissais. Que je savais fausse.

Un an après. Je peux dire que j'ai avancé. Entourée de monde.

Claire m'a demandée si je pensais avoir fait une erreur en voulant être à côté pendant ces moments.

« Non, je n'ai pas fait l'erreur de faire un bout de chemin à ses côtés.

J'ai fait l'erreur de croire qu'elle allait pouvoir me suivre.

J'ai fait l'erreur de croire en nous. Alors que j'aurais du regarder les choses comme elles étaient. »

Elle m'a regardé avec des yeux ronds. Je ne parlais pas souvent comme ça.

Alors j'ai ri, très fort et j'ai dis :

« Mais c'est fini tout ça Claire ! Tant qu'on est à deux, tout est parfait ! »

C'est vrai. Bien sûr.

Mais j'y pense parfois.

Un an, ce n'est pas si loin qu'on pourrait le croire.