Appartement 236B

salesgirl

Alyona prenait sa douche dans la salle de bains. Il faisait déjà sombre dans son appartement, le 236B, situé tout en haut d’une tour luxueuse du centre de Moscou. Elle se préparait à assister à une de ces soirées branchées si prisées par les jeunes riches moscovites. Elle, en général, y mourrait d’ennui mais elle devait y aller pour le travail. En effet, ces événements mondains étaient pour elle une manne de nouveaux clients prêts à débourser des sommes folles pour satisfaire on ne sait quelle lubie, du moment qu’elle était hors de prix. Ça tombait bien tout ce qu’elle vendait était très cher.

Bien sûr, elle était connue dans ce milieu et tous la considérait comme une des leurs. Pour eux, elle faisait partie de la bande. En réalité, elle méprisait ces gens. Elle jouait le jeu seulement pour le business.

Ce soir-là, elle était invitée à la soirée d’anniversaire de M., célèbre it-girl moscovite aux lèvres gonflées et à la poitrine siliconée dans une des cliniques les plus prestigieuses de Moscou. Elle le savait car sa belle-mère (elle aimait bien l’appeler ainsi car ça la mettait dans une rage folle), à peine plus âgée qu’elle au demeurant, y avait fait un séjour en même temps qu’elle et s’était empresser de le faire savoir à qui voulait bien l’entendre. Bref, M. fêtait ses trente ans en grande pompe au Baltchoug Kempiski, un hôtel luxueux du centre-ville à deux pas du Kremlin. Au moins, l’endroit valait le détour.

Alyona posa lentement ses pieds sur le tapis moelleux de sa salle de bains et saisit la serviette qu’elle avait posée machinalement sur le coin du lavabo. Elle se sécha, s’enveloppa de la grande serviette qui sentait bon le frais et se dirigea vers la baie vitrée qui surplombait la ville.

Du sommet de sa tour, elle avait une vue imprenable sur Moscou et, d’ici, la mégapole paraissait presque parfaite, lisse, sans aucun défaut. Elle resta immobile quelques instants devant la fenêtre puis marcha jusqu’à sa chambre.

Elle avait déjà préparé la tenue qu’elle allait porter: une petite robe noire pas trop courte et pas trop décolletée. Elle ne voulait pas effaroucher d’éventuels clients en ressemblant à une pute de luxe, comme elle avait vu nombre de ses amies le faire. Ça, ce n’était pas son métier.

En fait, c’était plutôt celui de sa meilleure amie Olga, qu’elle devait retrouver ce soir-là à la fête. Oui, Olga était call-girl. Elle avait d’ailleurs un certain talent et pouvait se permettre de choisir ses clients. Elle privilégiait surtout les hommes d’affaires richissimes ainsi que les hommes politiques influents. Malgré ses 22 ans, elle avait déjà tout compris et menait une vie d’oisiveté joyeuse entourée de ses nombreux prétendants.

La jeune femme finit de se préparer, enfila des escarpins noirs d’une hauteur vertigineuse et sortit de l’appartement sans prendre le temps d’éteindre la lumière. Elle entra dans l’ascenseur et enfonça le bouton n°1.

A la porte de l’immeuble, son chauffeur l’attendait depuis plus d’une heure. Il la salua et lui ouvrit la porte de la voiture. Elle s’installa confortablement à l’arrière de la voiture et lui indiqua sa destination.

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