Appelez-moi gaspi
romualdmartin
Mon sol se couvre de mouches mortes grosses comme mon doigt, sans aucun vrombissement. Elles viennent mourir en silence comme des éléphants, se glissant sous le canapé, se mettent au chaud une dernière fois sous mes draps, dans la vaisselle propre. A peine ais je enterré celles du matin que d'autres apparaissent. Il pleut des mouches crevées dans ma propre maison, des larmes d'un plafond triste de voir la corde se tendre surement, celle à linge où je prends mes apparats médiocres quand je sors.
On dirait que mon âme dégouline lentement. Je deviens fou, comme les arrogants qui traversent les océans en solitaire, n'ayant plus que le ciel pour parler. Moi c'est mon canapé qui me tient compagnie, on attend patiemment que la mort franchisse le seuil de la porte. On pleure déjà le bruit qu'elle fera en entrant, mettant lentement les clés dans la serrure, espérant ne pas déranger ou me prendre par surprise.
Un soir sur deux, je le vois qui me regarde, l'accoudoir torve. J'ai les membres qui s'emboitent mal, qui se mettent à bouger tout seul. Les mains qui se crispent, comme voulant tordre le coup aux courants d'air, et ça tremble, le réveil de l'alcoolique.
Je me retrouve à danser comme un cafard sur le dos pendant que je me parle tout seul, la came dans les veines.je ne peux pas me relever mes jambes me fond trop mal, je ne peux pas crier, mes dents me font trop mal, et je crache, je crache des pierres grosses comme mon poing, c'est la clope, elle me fend le cœur, les poumons, le crâne et l'espérance. Alors je me défonce aux anti douleur, tout pour mes muscles, rien pour le reste du monde. Je regarde par la fenêtre, je regarde tout ce bordel en souffrance et j'enfile une tablette, je fais de la buée avec ma bouche et je dessine des cœurs pendant que je m'efface au profit de la défonce.
Au bout d'un moment, y a le chef d'orchestre qui prend le dessus, les doigts deviennent bleus, s'articulent mal, gigotent de gauche à droite comme pour perturber le monde. Ils suivent surement juste ce qui se passe là-haut. Je n'en ai pas trop de souvenir.
Ça en fait de l'énergie gaspillée, vivement que le soleil revienne, que je creuse ma tombe dans le fond du jardin, c'est la crise, Il n'y a pas de petites économies.
...Moi, j'aimerais au fond d'un jardin ou sous un arbre, ça ne me dérangerais pas, bien au contraire !
· Il y a plus de 8 ans ·Louve
Terrible ton texte, terrible, et je manque de R pour le dire !
· Il y a plus de 8 ans ·Beaucoup de talent aussi.
Ana Lisa Sorano
merci, il est un peu brouillon, mais fidèle au moment :)
· Il y a plus de 8 ans ·romualdmartin