Archet

Lev Hamels

Ses mains glissent doucement sur le tissu noir de l'écrin de ce bijou inestimable. Il libère la fermeture éclair, puis la fait lentement glisser. Il ouvre alors le couvercle de cette longue boîte où sommeille le beau bois dormant. Il le saisit doucement, et j'admire ses courbes incurvées, son bois sombre et brillant, ses cordes droites… Puis, il prend entre ses doigts habiles le long archet, au ruban d'un blanc pur comme le clair ramage d'une colombe. Alors, il cale le violon sur son épaule, et l'accorde sous les caresses de l'archet sur les cordes. Le son est doux et velouté, et je regarde tendrement ses sourcils froncés sous l'effet de la concentration. Puis, il me regarde furtivement, en souriant. Alors, il fait glisser l'archet sur les cordes et commence à jouer cette chanson qu'il aime. Il est beau quand il joue, si bien que j'en ai des frissons dans la poitrine, comme une décharge électrique venant de mon cœur embrasé. Alors, je détaille les traits de son visage, le contour de ses muscles qui pointent sous son T-shirt, la noblesse de ses bras musclés, la grâce de ses doigts maniant autant la plume que l'archet, tous deux avec une finesse et une douceur des plus exquises. Les frissons dans ma poitrine s'accentuent, et je sens mes lèvres s'étirer en un sourire incontrôlable. J'ai envie de l'embrasser mille fois, de caresser son dos, de glisser mes doigts sur ses bras, j'ai envie de tout et de petits riens. Je retombe amoureuse, et je me sens cette exaltante allégresse en me répétant sans cesse en moi « il est à moi, il m'aime et je l'aime à la folie ». Je le regarde, avec son violon qui régale mon ouïe et son sourire qui fait chavirer mon cœur. Ô mélodie, ô délice, jamais une femme ne sera plus heureuse que celle qui, amoureuse, voit son élu jouer de son art.

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