Elles voulaient voir en nous de fiers conquistadors, des fils du soleil qui domineraient le monde. Et nous, nous y croyions. Nous étions Argonautes, nous étions parcoureurs d’espace. Nous étions découvreurs d’univers parallèles, où nos coupes-coupes argentés défrichaient les forêts légendaires pour y cueillir la route des extases. Elles engrossaient nos rêves d’un regard, d’un sourire, autant de perles de nacre devinées dans des grottes marines, que nos mains arrachaient sous l’appétit des murènes, et c’est à bout de souffle, au-delà des apnées, des ivresses, que nous leur offrions notre paume écartée sur des joyaux. Toute conquête nous était promise, et nous en relevions les défis non sans peur mais sans faillir. Elles voulaient voir en nous des servants et des maîtres, et chacun d’entre nous arborait le costume changeant. Mais trop grand, trop coloré, trop lourd ? Elles nous voulaient vainqueurs, et nous étions timides, adolescents timorés empêtrés dans leurs regards de femmes, repoussant chaque jour l’exploit de leur parler.
La femme est-elle l'avenir de l'homme ?
· Il y a presque 2 ans ·https://www.youscribe.com/BookReader/Index/2842462/?documentId=3083106
Gabriel Meunier