Ascension.

Christophe Hulé

Ce long week-end de l'Ascension, peu se souviennent ou ont appris pourquoi c'est férié, je suis le premier à avoir oublié les cours de catéchisme, qui était même proposés dans les lycées publics, enfin des foyers ou aumôneries à proximité, où on allait souvent, parce qu'on nous offrait du café, parce qu'on séchait les cours , parce qu'on n'entendait aucun prêchi-prêcha, parce qu'on était paumé, oisif et oiseux, parce qu'on était sevré des relais de l'époque et qu'il était plus que temps de goûter l'interdit.

Une aumônerie dans les « années lycée », c'est toujours mieux qu'un bistrot, et c'est pas le flipper, le baby foot ou le billard qui nous branchaient.

A l'époque, je ne fumais pas, je ne buvais pas, j'étais même un peu le militant casse-pieds.

Je me suis bien rattrapé depuis.

Mais je n'ai jamais voulu me droguer, mon éducation a fait barrage, le surmoi dans certains milieux est plus fort, et je ne m'en plains pas, bien au contraire.

On était jeunes, on était beaux, et puis, merci au grand Jacques, très cons aussi.

On partait au bord de la mer, comme ça, sur un coup de tête, avec la camionnette d'un copain dont le père était Chef d'une entreprise de serres de jardin.

Avec ce copain, j'allais monter les serres, un peu comme des mécanos, avec les vitrages et tout, ça me faisait de l'argent de poche, et surtout, on s'embarquait à Saint Nazaire ou dans les environs pour des bains de minuit, avec des filles canons qu'on ramassait comme des coquillages et qui nous rejoignaient volontiers.

A l'époque, on y connaissait rien au sexe, c'est avec le SIDA que les jeunes, un peu plus tard, ont appris ce qu'il fallait (ou ne fallait pas) faire.

C'est couillon quand on y pense.

Oui, j'ai conscience que c'est pas très malin, car des pertes il y en a eu, comme sur les champs de bataille.

Savoir que l'ignorance peut sauver des vies, ça donne le tournis.

Nous on « bricolait » dans les duvets, sans jamais franchir la ligne rouge, les filles n'avaient rien à craindre, enfin dans mon milieu catho, les interdits et l'ignorance crasse nous préservaient des drames.

J'espère qu'aucun jeune d'aujourd'hui ne me lit, enfin oui et non, c'est un peu plus compliqué.

On naviguait entre poésie, musique et délire, sans produits illicites, on enchaînait les nuits blanches dans des gîtes loués à la semaine, près de la cheminée ou dans les champs à l'heure des sorcières, car on idolâtrait tous le groupe Ange.

Les filles de l'époque (ou de l'aurore chanterait Sheller) sentaient le patchouli, brûlaient  des bâtons parfumés, décoraient les murs de tentures mauves, dormaient sur des matelas à même le sol et buvaient du thé.

On jouait les machos de pacotille mais on n'en menait pas large quand elles nous invitaient sous les couettes.

Les filles avaient une beauté sauvage et naturelle, à la mode « Woodstock ».

Écoutez la complainte du vieux con, que de souvenirs, et je pourrais m'étendre sur les vendanges ou autres travaux saisonniers, et la période où j'étais mono, c'est comme ça qu'on disait à l'époque.

Comment voulez-vous qu'on soit armé pour le Purgatoire (pour faire dans l'euphémisme) après tout ça.

Pour moi, le Paradis perdu a duré 24 ans, on peut pas oublier des trucs pareils.

Bon, mais j'arrête de me plaindre, comme chante Charlélie, ça fait comme même du bien « les jours de pluie ».

  • J'aime ce texte. ça me rappelle quelqu'un "nous étions des anges" a-t-il dit de lui un jour en parlant de ses années collège.

    · Il y a plus d'un an ·
    Coucou plage 300

    aile68

    • Je ne vois pas du tout de qui tu veux parler ...

      · Il y a plus d'un an ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

    • Quelqu'un que je connaissais...

      · Il y a plus d'un an ·
      Coucou plage 300

      aile68

  • Il est logique que les "cathos" adoraient Ange, se méfiant de l'Angie des diaboliques Stones flirtant avec le "devil" !

    · Il y a plus d'un an ·
    30ansagathe orig

    yl5

    • Et quels morceaux, après les chants de messe, les

      · Il y a plus d'un an ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

    • Et quels morceaux, après les chants de messe, les

      · Il y a plus d'un an ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

    • Les accords du Diable!

      · Il y a plus d'un an ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

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