Au diable les enfants

eric

Parmi toutes les photos de nos souvenirs d'enfant, s'il en est une qui rappelle bien nos vacances au bord de l'eau, c'est celle de ma mère avec nous cinq posant ensemble sur la plage. On sent aux sages attitudes de mes frère et sœurs comme l'instant est posé. Est-ce parce que la photo est prise par mon père venu passer un week-end en famille ? J'ai six ans, je suis le plus petit et je tire la langue en faisant la grimace.

Lorsque nous devons envoyer une lettre à notre père pour lui dire que nous sommes sages et lui montrer combien il nous manque, nous nous appliquons pour bien écrire. Le long des traits tracés au crayon à espace égal sur la page blanche, nous lui racontons au stylo encre les choses les plus banales des vacances. Il nous renvoie nos lettres en soulignant les fautes d'orthographe en rouge. Il nous écrit aussi que ce n'est pas parce que nous n'allons pas à l'école que nous ne devons pas être sérieux et bien travailler.

Avec ma mère qui a toujours été un peu ronde, c'est comme si on pouvait enfoncer un doigt dans l'un de ses bourrelets sans jamais pouvoir atteindre quelque chose de dur. Tout est permis, il n'y a pas de limite si ce n'est celles que l'on se fixe, mais sur les bordures desquelles on aime se tenir. De temps en temps, devant son impuissance à nous réprimander sans que cela se termine par un fou-rire général, elle évoque la foudre paternelle : « Je vais être obligée d'en parler à papa ». Cette simple phrase remet tout en ordre.

Le dimanche, c'est notre père qui êtes aux cieux, la semaine c'est notre père quand il est là. Mais quand il est vraiment là, il nous tire des salves : « Tiens-toi comme cela », « Apporte-moi ton bulletin de notes ». Il ne fait feu que lorsqu'il est sur de faire mouche : « Tu n'as pas fait ça », « Lire des bandes dessinées, ce n'est pas lire des vrais livres ». Il est comme un char avec le canon sur sa tourelle qui tourne à la recherche de cibles. Nous, on ne sait pas ce qu'il y a sous ces grosses plaques d'acier blindé. Ce que l'on sent, c'est qu'il se raidit dès qu'il nous voit. Pourtant, un char n'a rien à craindre de la piétaille.

Ma mère est très croyante. Tous les dimanches, c'est elle qui donne le signal pour aller à la messe. Tous ensemble, on se prépare dans le plus grand désordre. Tout se fait en même temps, passer à la salle de bain, rechercher des vêtements dans le fouillis d'une commode, brosser des chaussures. Au moment de partir, il manque toujours quelque chose d'indispensable qui nous met en retard, une boucle d'oreille, une broche, un nœud en satin, un bandeau pour les cheveux ou un missel. A l'église, pendant qu'elle suit la messe, on n'a rien à faire et on s'ennuie autour d'elle.

  • Ce n'est qu'un fragment, sans suite à venir, mais écrit avec une construction précise entre les paragraphes, notamment pour les bascules entre les personnages père et mère.

    · Il y a plus de 12 ans ·
    Default user

    eric

  • Belle entrée en matière avec la présentation de la famille que l'on ressent bien... mais ca finit sec ... est ce un prélude à une suite à venir parce que la fin n'en est pas vraiment une

    · Il y a plus de 12 ans ·
    Tyt

    reverrance

Signaler ce texte