Au paradis

*L'embarquement pour le Vol AF79458, en direction de Wellington, se termine dans deux minutes. Les derniers passagers sont priés de se présenter à la porte d'embarquement n°13. A la porte d'embarquement n°13. Merci*

Ils couraient à travers l'aeroport, mi hilares, mi paniqués.

- "Putain t'es con ! on va p'tet rater le vol !" Liv soufflait contre Arnaud, les joues encore empourprées d'excitation.

- "Ca va être ma faute ? Qui est-ce qui m'a trainé  dans les toilettes?" Lui renvoya-t-il avec un air exagérément outré. Il tentait de garder le rythme, Liv avait toujours été meilleure coureuse que lui.

- "Fallait pas mettre ce pantalon, tu connaissais les risques..." Elle lui lança un regard lubrique avant d'accélérer encore leur course folle au milieu des usagers qui pestaient à leur passage.

En dehors du bruit du moteur, tout était calme dans l'avion. La plupart des passagers dormaient, certains regardaient un film, d'autres chuchotaient près du bar.

Arnaud s'était endormi avec son casque de musique. Il avait les sourcils froncés dans son sommeil. Etrangement, c'était lorsqu'il dormait qu'il semblait le plus soucieux, lui qui était toujours si calme et serein. Elle senti une vague déferler depuis ses entrailles, s'étendre dans tout son corps. Une chaleur presque étouffante qui se déversait en elle. Elle l'aimait tant, son amour.

Elle l'observa de longues minutes, sans bouger. Il du sentir le regard appuyé de Liv, car il se mit à gigoter faiblement, avant d'ouvrir des yeux fatigués. La première chose qu'il vit fut un ange aux yeux bleus et à la longue chevelure de feu, qui semblait l'observer avec tendresse. Il esquissa un sourire.

- "L'avion s'est crashé? Je suis au paradis?" Il la dévora du regard. Chaque fois qu'il posait les yeux sur elle, il avait l'impression de la voir pour la première fois. Il n'arrivait pas à s'habituer à sa beauté, à l'éclat qu'elle donnait à son monde.

- "Ben dis donc, l'altitude ça te réussi pas, tu délires plein pot..!" Plaisanta-t-elle. Elle l'embrassa et se blotti contre lui, aussi confortablement que possible, en se contorsionnant pour éviter que l'accoudoir ne se plante dans ses côtes.

Le vent soufflait et hurlait contre la falaise. Secouant leurs manteaux dans l'air marin. Ils étaient arrivés aux confins du monde, après une marche de plusieurs heures. Ils avaient traversé une vaste plaine, suivant un sentier de terre qui sinuait au milieu d'une herbe grasse mais rase. Le ciel était dégagé, laissant un soleil vif contrer la fraicheur que transportait le vent.

Il sorti sa gourde et en pris une gorgée, avant de la tendre à Liv, qui fit de même, sans quitter des yeux le spectacle que la nature jouait devant eux.

Il se rapprocha d'elle, avant de lui retirer son sac à dos, pour la prendre dans ses bras alors qu'elle restait dos à lui. Il posa son menton sur son épaule, avant de déposer un baiser dans son cou, lui arrachant un frisson qui n'avait rien à voir avec le vent. Elle serra ses bras contre les siens, profitant de cet instant hors du temps. Elle aurait voulu qu'il dure toujours.

Il fut malheureusement brisé par deux mains baladeuses qui s'agrippèrent à ses seins, avant de les serrer doucement, accompagnées d'un "pouet pouet" qu'Arnaud fit tout bas. Elle poussa un soupir faussement indigné, retenant un sourire.

- "T'es vraiment le type le plus romantique du monde..." Elle se retourna pour lui faire face. Il affichait son sourire le plus satisfait, avec son regard plein de malice qui réussissait à la désarmer à chaque fois.

- "Je trouvais le moment bien trop sérieux et solennel, il fallait bien ramener un peu de légèreté !" Il lui pinca à nouveau les seins dans un geste provocateur avant de lui voler un baiser en riant et de se détourner d'elle pour se délester de son propre sac.

Il observa rapidement les alentours : d'un coté, une plaine à perte de vue. De l'autre, l'océan.

- "On s'installe ici? On va avoir un lever de soleil incroyable demain!"

Elle acquiesça et ils se mirent à préparer leur camp, en riant et en se chamaillant comme des enfants.

Ils étaient serrés l'un contre l'autre dans leur tente. Elle était blottie contre son épaule, et laissait ses pensées vagabonder au milieu de ce havre de paix et de sécurité qu'étaient les bras d'Arnaud. Il la serrait contre lui, en lui caressant le dos et la nuque, lui déposant un baiser dans les cheveux de temps en temps.

- "Qu'est ce que tu changerais à ta vie si t'avais une baguette magique?" Questionna Liv sur un ton à demi ensommeillé.

Il n'eut pas besoin de réfléchir.

- "Rien. Tout ce que j'ai toujours désiré, et désirerai jamais, est actuellement serré contre moi. Je ne veux rien changer tant que mon étoile est à côté de moi."

Elle se redressa un peu pour le regarder. Elle se plongea dans l'océan de ses yeux perçants. Elle se démena quelques instants dans le sac de couchage pour s'installer sur lui. Elle l'embrassa amoureusement.

- "Oh mon amour... Je te désire tellement..."

TTR.