Au vent du large
amisdesmots
Ce matin la mer est en colère elle se donne comme une femme sauvage aux rivages de granit, elle écume, crie, jouit dans des remugles de marées et de vents. Ce matin la terre s'enfuit au trépas du large, rongée par de vagues soupirs de mourants, elles git en contrebas des falaises, saoule de bruit et de fureur océane. Ce matin je marche contre le courant qui souffle d'un ciel d'Amérique sur les côtes d'Armorique, je cogite à la lente agonie de tout ce vieux monde, la mer sans cesse renouvelée, le vent sans cesse réinventé, et moi, moi au milieu de tout ce branle-bas-de-combat, pauvre comme job mais riche de toutes mes images froissées dans ma caboche de Finistérien et au fond de mes poches percées, moi qui suis à l'ancre depuis que la tempête s'est levée. Je m'arrête, mais on n'arrête pas la marche du siècle, je regarde à l'horizon les monstrueuses fureurs qui se jettent sur les bateaux qui chavirent, sur les marins assommés de larmes et de désespérance, je me rappelle les mots de mon père qui disait : "celle là", en parlant d'elle, de la mer, "celle là elle te fera gagner ton pain mais sera toujours une maitresse exigeante. Paix à son âme! Je fais demi-tour, le vent dans le dos, ce matin la mer à des remords et le vent me pousse vers le port.
AMISDESMOTS
J'adore cette ambiance dans laquelle tu nous emmènes. Ce paysage d'une mer qui a tant à dire de ses naufragés! Texte très bien construit!
· Il y a plus de 10 ans ·Colette Bonnet Seigue