Aujourd'hui

Aujourd'hui y a des gens qui décident de parcourir des milliers de kilomètres à vélo, hier c'était sac sur le dos, à l'époque de la beat generation. Le stop marchait bien, la drogue aussi, combien de jeunes sont morts d'une overdose! Chaque année en février j'ai envie de partir en vacances, un mois avant le printemps, comme si je voulais aller à sa rencontre. Cette année, mon désir se manifeste plus tôt, comme une urgence, un besoin de survie. Echapper au froid, au milieu de l'hiver en écoutant un concert de Supertramp, un des années 70, quand ils étaient jeunes, talentueux, ils l'ont toujours été. Il est dix heures, il fait beau, je vais me mettre en route, passer à la salle de bain, le reste suivra. Lundi, drôle de jour, le faire passer comme une lettre à la poste, envie d'un pain au chocolat, un croissant chaud venu d'Autriche. La boulangerie du tramway est fermée, me rabattre sur celle du Canton, bonne, chaude, j'y achète une baguette festine, croquante et légère. Inventer ma vie comme un bateau perdu au large de l'Atlantique, aller sur la pointe la plus à l'ouest, la terre est ronde comme un ballon. La vie est un match.

Allez chez ma mère à pied, lire peut-être, m'asseoir à côté d'elle, sentir sa présence, la couverture chaude que je lui ai donnée. Mettre une heure à écrire un texte de quelques lignes, où sont les mots passés? Classer les photos de famille dans le bel album rose marbré, chercher celles des vacances en Calabre. Je m'endors sur un cahier de brouillon, ma vie est un brouillon, j'aime la mettre au propre pendant que je médite, prends conscience de certaines choses. Je peux remonter très loin dans le temps...

Un rayon de soleil passe à travers le rideau fleuri du salon, c'est lundi, j'attends plus ou moins un coup de fil depuis quelques jours. Ma foi, je n'en mourrai pas si on m'oublie. M'oublie...