Automactulation
Cathy Galliègue
Un jour, en phase de déconstruction-reconstruction, elle a tenté l'automactulation .
Juste une rue à traverser pour se procurer l'arme du crime.
Le frigo vide lui servit de prétexte pour s'adonner à une pratique qu'elle sait désormais à haut risque. Direction le temple de la malbouffe.
Elle demanda à la dame, gracieuse comme une hyène en période prémenstruelle "Un brunch s'il vous plait."
- À emporter ? Répondit l'employée en casquette, sans la regarder.
- Oui, à emporter... Je vais quand même pas faire ça devant tout le monde… Tenta-t-elle avec une pointe d'humour à la sauce barbecue, histoire de détendre l'atmosphère.
Sans sourire, elle lui colla un jeton sur le comptoir pour le café, parce que visiblement, le café était en self-service. Ah bon. Machine, jeton, gobelet…gobelets ? Elle vit bien un tas de couvercles mais pas l'ombre d'un gobelet. Pas grave, elle introduisit le jeton en prenant l'air de celle qui est une habituée du lieu, et pensant que le gobelet allait tomber tout seul. Non, le café est tombé tout seul, pas le gobelet. Et puis, elle vit tout à droite, là…Tant pis, trop tard.
De retour au bercail avec son butin dans un sac en papier, elle déballa le contenu devant elle. Un jus d'orange, un fromage blanc avec des trucs rouges au-dessus (fruits ?), le tout sucré comme une barba papa, trois viennoiseries, un sandwich, comme un hamburger mais avec du lard caoutchouteux et grillé posé sur une rondelle blanche et flasque (du blanc d'œuf semble-t-il), posé lui-même sur de la tomate et une feuille de salade.
Elle se dit que ces américains avaient vraiment très bon appétit! Elle ne put aller au-delà des viennoiseries et jeta les trois mille calories restantes au fond de la poubelle.