Autoroute à quatre voix

dalbonne

Chapitre 1 : Kyrie

En cette mi-juillet, la chaleur était accablante et l'inspecteur Dalbonne d'une humeur massacrante ...

On venait, une fois de plus, de le charger d'une affaire de disparition sur l'autoroute et la plaignante était à présent assise dans son bureau ...

A cette période de l'année, la chose était assez courante mais cette fois-ci, elle contrariait particulièrement l'inspecteur ...

L'inspecteur Dalbonne était âgé de 45 ans : de taille moyenne, il avait des traits décidés qui trahissaient, malgré lui, une vivacité d'esprit qu'il s'employait par ailleurs à dissimuler derrière une apparente nonchalance, saupoudrée d'un peu d'ennui.

Cette tenue de camouflage lui avait servi à maintes reprises par le passé, dans ses enquêtes : des coupables, peu psychologues en avaient fait les frais pour avoir sous-estimé son intelligence et méprisé ce "flic un peu abruti" !

Il aimait avant tout comprendre et tenter de démonter les mécanismes souvent complexes des cerveaux retors que son métier l'obligeait à affronter.

Mais les affaires de disparition sur les aires d'autoroute, ça non !  

Chaque été, c'était la même chose, à la période des transhumances estivales : les disparitions sur les aires de l'autoroute A666 se multipliaient, ce qui avait le don de l'agacer prodigieusement. C'est fou tout ce que les gens pouvaient y oublier : chiens, chats, enfants, épouse, mamie, caravanes quand ce n'était pas leur propres vêtements ! A croire qu'au moment de partir en vacances, ils rangeaient soigneusement leur cerveau au fond d'une armoire, pensant sans doute qu'il ne leur servirait pas beaucoup dans les semaines à venir ...

Malheur au passager qui ne remontait pas assez vite en voiture, après la pause, il était impitoyablement oublié là ... A la police ensuite de tenter de retrouver les distraits, parfois à plusieurs centaines de kilomètres : quand ils ne vous gratifiaient pas d’un  "Oh ! merde, on ne s’en était même pas rendu compte !"

Il en était sûr, l'affaire du jour allait, cette fois encore, tourner en eau de boudin, lui faire perdre un temps précieux et bien pire, elle allait lui faire manquer sa répétition, et çà, c'était inexcusable ! Car Monsieur Alexandre Dalbonne était chanteur, amateur certes, éclairé, estimait-il, et il mettait un point d'honneur à ne manquer aucune des répétitions du chœur, dans lequel il exerçait ses modestes talents en tant que ténor !

Il avait découvert le chant et ses vertus, cinq ans plutôt, et si les cours de musique et de solfège du collège ne lui avaient laissé qu'un souvenir vague et plutôt désagréable, cette nouvelle rencontre avec la musique lui avait apporté l'apaisant dérivatif que son métier nécessitait : au contact toute la journée avec le sordide, la bassesse humaine et la misère, il éprouvait le besoin, le temps d'une soirée, de s'élever l'âme, d'aller à la recherche du beau et de s'émouvoir, en chantant ces pièces magnifiques, écrites il y a si longtemps. Cela le rassurait un peu quant à la nature humaine !

Il aurait pu tout aussi bien pratiquer un sport mais ce fut le chant et il en était devenu accro !

Pour ce soir, c'était bel et bien cuit et il enrageait ... Cette nouvelle disparition de l'A666 requérait sa proverbiale sagacité et la messe en Ut de Mozart (un "gros morceau" qui leur donnait du fil à retordre !) devrait se passer de ses talents.

Cela tombait bien mal : le concert approchait à grands pas et justement ce soir, c'était la générale avec la présence de l'orchestre qui accompagnerait le chœur : cela faisait des jours qu'il attendait cet "évènement" et s'en délectait par avance et voilà qu'au dernier moment, cette soirée si prometteuse, musicalement, lui passait sous le nez !

Mais il était flic avant tout et sans vouloir le reconnaître, il aimait ce job ! Et puis, avec un peu de chance ... et de savoir-faire, il pouvait encore résoudre cette épineuse enquête à temps et en se dépêchant, être à l'heure à la répétition ...

Sans laisser paraître quoi que ce soit de ces préoccupations très peu professionnelles, il observa la femme assise en face de son bureau. Elle pouvait avoir quarante ans, était plutôt séduisante et dégageait ce charme un peu altier qui va si bien aux femmes ayant vécu depuis leur plus jeune âge dans un milieu aisé. Sa tenue était celle d'une vacancière, élégante mais sans sophistication.

Mais pour l'heure elle paraissait passablement inquiète ...

" - Bien, Mme ....

 - Mme Dutillon, Valérie Dutillon.

- Ainsi, Madame Dutillon, votre mari a disparu, sur l'aire du Bois-joli, si j'ai bien compris ? Je vous en prie, racontez-moi les circonstances exactes de cette disparition."

La dame se frottait les mains convulsivement, ne sachant visiblement pas par où commencer.

" - Nous nous rendions sur notre lieu de vacances dans le Sud de la France, comme tous les ans à pareille époque ...

- Je vous interromps mais pouvez-vous préciser où dans le Sud, exactement ?

- oh, un petit village perché sur les hauteurs, près de Nice ...

- et d'où partiez-vous ?

- de Chartres, pourquoi ?

- euh ...dites moi, l'A666 n'est pas le trajet le plus direct !

- Oui, reprit la dame, cela m'a étonnée, moi aussi, que mon mari choisisse cet itinéraire mais il m'a répondu que, pour une fois, il avait envie d'aller à l'aventure, qu'il en avait assez du trajet habituel que nous connaissions par cœur ...

- comme dit le dicton "l'ennui naquit un jour de l'uniformité", admettons, mais en règle générale, les gens espèrent arriver le plus vite possible sur leur lieu de vacances ! continuez s'il vous plaît.

- Vers 13 heures, mon mari a décidé de faire une pause pour le déjeuner sur une aire ayant un restaurant ...

- Votre mari décide de tout alors, de la route à suivre, de l'heure du déjeuner ...

- N'ironisez pas, M. le Commissaire ...

- inspecteur, inspecteur seulement !

- Oui, bon, si vous voulez ... mon mari a, comment dire, un fort caractère et une tendance innée au commandement : il n'aime pas que l'on discute ses décisions, ou ses choix et oublie souvent de me demander mon avis …

Après un instant d'hésitation, elle ajouta :

- de toute manière, cela m'importait peu !

- Vous n'aviez pas faim ?

- ce n'est pas ça mais je n'avais pas envie d'une énième discussion avec lui ... moi je me serais bien contentée d'un sandwich sur le pouce mais il voulait absolument s'arrêter sur cette aire ! allez savoir pourquoi ...

Et autant vous le dire tout de suite, car vous l'avez sans doute deviné, ça n'allait plus très fort entre nous ...

- Ok, Ok, je devine la suite : durant le repas, vous vous disputez pour une raison quelconque, Monsieur, tendance soupe au lait si j'ai bien compris, se fâche, jette rageusement sa serviette sur la table, se lève, sort, remonte en voiture et disparaît ...

- Arrêtez, Inspecteur, vous n'y êtes pas du tout et vous avez tort de sous-estimer mon histoire. Je vous rappelle qu'il s'agit de mon mari, tout de même !

L'inspecteur Dalbonne se radoucit :

"Hum, excusez-moi, reprenez votre récit, s'il vous plaît

- Nous ne nous sommes pas disputés. A la fin du repas, mon mari s'est rendu aux toilettes tandis que je prenais un café en observant le va-et-vient incessant des vacanciers entrant et sortant du restaurant. Au bout d'un bon quart d'heure, il n'était toujours pas de retour.

- qu'avez vous fait alors ?

- je me suis dirigée vers les toilettes pour tenter de l'apercevoir mais en vain. Je me suis ensuite adressée à une serveuse sans grand espoir. Elle m'a répondu, plutôt sèchement d'ailleurs, qu'elle n'avait vraiment pas le temps de surveiller les allées et venues des clients, que c'était le coup de feu ... bref, elle ne pouvait rien me dire ...

- effectivement, c'était à prévoir ...

- Par la suite, j'ai fait le tour des parkings, plusieurs fois, mais pas de trace de mon mari : il avait disparu !

- ceci explique le temps qui s'est écoulé entre la disparition de votre mari et votre venue dans notre commissariat ...

Madame Dutillon digéra mal l'accusation à peine dissimulée de l'inspecteur.

- Je vais vous dire une bonne chose : je n'ai pas été habituée à déranger la police pour un oui ou pour un non. Je voulais être absolument sûre que mon mari n'était plus sur l'aire de repos avant de venir vous prévenir ...Et croyez-moi, j'ai arpenté ces maudits parkings plusieurs fois ...

- bien, bien, mais comment pouvez-vous être sûre qu'il n'était plus là : ces aires sont immenses et pleines de cachettes possibles et vous avez très bien pu vous croiser sans vous voir ?

- Qu'entendez-vous par cachette ? insinuez-vous, qu'à notre âge, nous avons joué à cache-cache comme deux enfants ? C'est ridicule ! Je ne comprends décidément pas où vous voulez en venir. Non, mon mari a certes beaucoup de défauts mais pas celui de se comporter en gamin. Croyez-moi, M. l'inspecteur, mon mari avait quitté l'aire soit de son plein gré, soit sous la contrainte ...

- oh, vous savez, je me garderais bien de toute conclusion hâtive, surtout avec si peu d'éléments tangibles. Tant de choses peuvent se produire sur une aire d'autoroute, que vous n'imaginez même pas ...

Un silence s'ensuivit : la dame, passablement exaspérée par les questions de l'inspecteur préféra de rien ajouter.

- au fait, s'avisa brusquement l'inspecteur, votre voiture avait-elle aussi disparu ?

- et comment pensez-vous que je sois venue jusqu'à votre commissariat ? "

Elle se vengeait avec une ironie à peine voilée : l'inspecteur en fut vexé et son humeur vira cette fois carrément au noir.

- Je ne sais pas, moi, grommela-t-il, vous auriez pu faire du stop ou trouver un automobiliste obligeant sur le parking de l'aire ...

- eh bien non ! j'ai utilisé notre voiture, qui n'avait pas bougé du parking : mon mari ne pouvait pas l'avoir prise pour une très bonne raison : les clés étaient dans mon sac à main ...

- et par quel tour de passe-passe, s'il vous plaît  ?

- Détrompez-vous : je ne les pas prises à son insu. Mon mari roule vite, bien souvent trop vite à mon goût. Et ce fut le cas ce matin-là !  et pour tout arranger,  après le repas, il a, disons, une légère tendance à s'assoupir et j'étais résolument décidée à prendre le volant. En arrivant à l'aire, je lui ai donc demandé de me confier les clés, ce qu'il a fait, en ronchonnant...

- Ah !  effectivement, dans ces conditions, il n'a pas pu utiliser votre voiture ! Ensuite que s'est-il passé ?

- au bout de deux heures, morte d'inquiétude, j'ai décidé qu'il fallait informer les autorités compétentes ... enfin ... si je puis dire !"

Mais cette pimbêche allait réussir à le faire sortir de ses gonds ! Elle le défiait ouvertement. Il allait lui montrer de quoi était capable l'inspecteur Dalbonne et pas plus tard que ce soir, elle allait retrouver son cher et tendre époux ... enfin ... si l'on peut dire !

Il reprit, ignorant superbement l'insinuation :

- Vous savez, bien souvent, lorsque quelqu'un disparaît ainsi, aussi brusquement, il s'agit d'un acte volontaire, souvent mûrement préparé. Et dans ce cas, il est bien rare que son proche entourage se doute de quelque chose!  N'avez-vous pas envisagé cette hypothèse, d'autant plus que vous aviez, d'après ce que vous m'avez dit quelques "légers désaccords " ?

- si, bien sûr, mais à la réflexion, c'est peu vraisemblable : mon mari est un entrepreneur et il s'apprêtait à investir dans le rachat d'une grosse entreprise : c'était une opération de grande ampleur, qui le passionnait, et il n'était pas homme à quitter le navire sur un coup de tête. Il aurait pu m'abandonner, moi, certainement, mais son entreprise, non ! 

- Ben, dites donc, vous semblez bien désabusée sur les sentiments de votre époux à votre égard ! Ceci dit, on ne peut cependant pas tout à fait écarter cette piste : je n'en finirais pas de vous citer tous les cas de disparitions, dans lesquels les proches soutenaient mordicus que ce n'était pas possible et où, finalement, l'affaire à été classée sans suite, une fois le "disparu" retrouvé, celui-ci ayant refait sa vie sous d'autres cieux et ne souhaitant absolument pas renouer avec son ancienne existence... Autre chose, auriez-vous remarqué quelque chose dans son attitude qui vous a étonnée, un comportement inhabituel ?

Elle réfléchit un court moment et parut hésiter :

- non... rien ... je ne vois pas ...

- A ce stade de l'enquête, tout peut avoir de l'importance ... ou pas, rappelez-vous, un petit détail, une remarque ....

Elle hésita encore puis :

- Eh bien, en partant, il a pris son sac avec tous ses papiers. et lorsque je suis sortie un peu plus tard pour le chercher, j'ai bien cru un instant que la voiture avait disparu comme vous l'avez supposé...

- Ah ! vous voyez, vous y avez pensé aussi !

- Je l'ai soupçonné d'avoir pris le double des clés dans son sac, ce qu'il ne fait jamais d'habitude mais je me trompais : en fait notre voiture était simplement invisible à cause d'un gros fourgon garé de travers dans la place à côté ...

- ah ! fit l'inspecteur visiblement déçu.

Il reprit :

Bien, sauf si vous voyez une dernière précision à apporter, il ne reste plus qu'à récapituler  : à la fin d'une pause déjeuner, votre mari disparait, sur l'aire du Bois-joli. Il n'a pas quitté l'aire à bord de son véhicule puisque vous l'avez retrouvé au même emplacement.  Malgré vos recherches, il est resté introuvable. en conséquence de quoi, vous avez décidé d'avertir la police ... Et vous avez eu raison, contrairement à ce que vous semblez penser ...

Elle ne releva pas.

"Bien, bien, bien marmonna-t-il pour lui, c'est bien maigre tout ça, mais il faudra bien s'en contenter !" puis plus haut :

- A ce stade, il ne me reste plus qu'à consigner votre déclaration par écrit, et à vous la faire signer. Il faudra aussi établir un signalement de votre mari pour lancer un avis de recherche. Au fait quel est son prénom ?

- Jean Louis Dutillon : il est plutôt grand, d'allure assez sportive et énergique : il ressemble un peu à Jean Dujardin dans OSS117 ... l'humour en moins !

- très drôle ! et comment était-il vêtu durant le voyage ?

-Pantalon clair, chemisette jaune clair et il portait ses lunettes de soleil.

-Parfait, avec tous ces éléments, nous allons pouvoir rédiger son signalement

- Et maintenant, que va-t-il se passer ?

- euh... eh bien... l'enquête va pouvoir commencer et, dans un premier temps, nous allons nous rendre sur place pour recueillir les premiers indices éventuels ... je souhaiterais d'ailleurs que vous m'y accompagniez ?

- Naturellement, répondit Mme Dutillon

L'inspecteur n'avait pas encore ouvert son ordinateur portable que le téléphone se mit à sonner.

- Inspecteur Dalbonne, je vous écoute ...

Un long monologue s'en suivit : son correspondant fut long et grave à en juger par la mine allongée de l'inspecteur lorsqu'il raccrocha . Il dévisagea Mme Dutillon mais son regard était absent. Celle-ci, visiblement affolée, l'interrogea :

- mais qu'y a-t-il ? que se passe-t-il ? Etait-ce des nouvelles au sujet de mon mari ?

Manifestement, elle s'attendait au pire  ...

- je vous en prie, Inspecteur !

- Ecoutez, pour l'instant, il est trop tôt pour conclure quoi que ce soit mais on vient de trouver un homme tué par balle, dans une voiture sur l'autoroute ....

- Oh ! mon Dieu ...

- ne vous affolez pas ! je n'ai pas d'autres informations : nous ne savons pas si l'arme a été retrouvée près du corps, auquel cas il pourrait s'agir d'un suicide et de plus, le lieu du crime se situe sur une autre aire, près de 100 kilomètres plus au sud ... Il y a donc  peu de chance qu'il s'agisse de votre mari ...

tout simplement une terrible coïncidence ...

- Comment a-t-on trouvé le corps ?

- des enfants, en courant après leur ballon, ont aperçu le corps et leurs parents ont immédiatement prévenu la police ...

En son for intérieur, l'inspecteur Dalbonne ne put s'empêcher de jurer :" Putain ! sale affaire, c'est peut-être une coïncidence mais me voici avec un meurtre et une disparition sur les bras ... et tout ça le même jour !"

Cette fois, la répétition du chœur n'était plus qu'une vue de l'esprit ...

" - Madame, je vais vous demander de m'accompagner sur le lieu du crime. Je suis vraiment désolé de vous infliger cette pénible démarche mais votre aide est capitale : vous êtes la seule à pouvoir identifier votre mari, en la personne de la victime, même si je le répète encore une fois, rien ne prouve que ce soit lui"

Il voulait à tout pris tenter de la rassurer ...

Mais Madame Dutillon semblait s'être reprise et lui fit signe qu'elle acceptait.

A une lueur indéfinissable dans son regard, l'inspecteur Dalbonne eut le pressentiment fugace qu'il n'était pas au bout de ses surprises et que cette enquête ne serait pas une sinécure ...

Il savait que la plupart du temps, les gens aisés, comme Mme Dutillon, lorsqu'ils avaient affaire à des fonctionnaires de la police affectaient de prendre ces derniers de haut, avec une once de dédain ! Mais il avait suffisamment d'expérience pour ne pas se laisser désarçonner par cette attitude et il savait aussi que, bien souvent, ce comportement n'était qu'un paravent pour cacher de l'appréhension, voire de la peur.

Le trajet jusqu'à l'aire du crime fut interminable : les voiture étaient rares et l'asphalte maintenant noir, défilait monotone et hypnotique, inexorablement avalé par le capot avant de la voiture.

 Mme Dutillon ne desserra pas les lèvres, murée dans son angoisse. L'inspecteur, quant à lui, était impatient de savoir s'il avait une ou deux affaires à résoudre ! Le ronronnement du moteur fut le seul bruit audible, à la fois lancinant et rassurant.

Ils surent qu'ils étaient arrivés en apercevant les lueurs clignotantes d'un bleu cru d'une myriade de véhicules de police et d'ambulances, qui striaient l'air délicatement bleuté de ce soir estival. L'inspecteur prit la bretelle de sortie et se gara sur le parking.

L'endroit leur parut lugubre, et presque décalé comme un ilot de violence, au milieu de toute la quiétude endormie de la campagne environnante. Cette effervescence, dont ils savaient la raison macabre, tranchait brutalement avec l'immobilité silencieuse des alentours : hélas ! cette paix, toute récente, après une journée de circulation vibrionnante, était à nouveau troublée, et par un crime, cette fois  !

La fraîcheur nocturne était enfin venue, et en sortant de la voiture, Mme Dutillon frissonna : il sembla à l'inspecteur qu'elle était résignée, comme si elle avait accepté par avance, l'horrible vérité qui l'attendait à quelques dizaines de mètres. A cet instant précis, il eut pitié d'elle : en toutes circonstances, une scène de crime est un spectacle terrible, et lorsque la victime est un proche, c'est insoutenable. Bien que la trouvant bourgeoise et hautaine, il se promit de la surveiller et de la protéger, dans quelques minutes, surtout si ...

Ils se dirigèrent vers la voiture du crime : il n'était pas dur de l'identifier à la nuée de policiers et d'agents de la police scientifique qui s'affairaient autour de la Peugeot 207, garée de travers à une extrémité du parking réservé aux voitures.

Dans la pénombre, elle paraissait tapie comme un prédateur cerné par la meute et qui cache désespérément la proie qu'il ne veut pas rendre : l'inspecteur s'attendait presque à la voir bondir au dernier moment et disparaître, tel un félin !

Au passage, Dalbonne repéra son collègue, l'inspecteur adjoint Auclair, en conversation avec un policier en uniforme : il était déjà au travail et interrogeait le policier, arrivé le premier sur les lieux du crime.

Tout d'abord, ils distinguèrent une forme humaine affalée en travers des sièges avant. L'inspecteur nota que la vitre côté passager était intacte et relevée : de l'extérieur rien ne pouvait laisser supposer qu'il y avait un mort à l'intérieur.

Ce n'était pas beau à voir : il avait un trou sanglant à la tempe gauche et les sièges étaient maculés de sang.

Dalbonne sentit sa voisine trembler de tous ses membres. Il la soutint pour approcher au plus près. Enfin le visage du mort fut bien visible, éclairé par les projecteurs de la police, qui accentuaient encore sa lividité cadavérique.

En l'apercevant, Mme Dutillon poussa un cri atroce, chancela et s'évanouit en exhalant une phrase, dont l'inspecteur ne comprit que la fin : " ... pas lui!"

Chapitre I :

Présentation des deux premiers personnages : l'inspecteur et Mme Dutillon

Description de la disparition

Un homme assassiné est découvert sur une autre aire de l'autoroute.

Chapitre II :

Flash back : un homme stressé suit une autre voiture. Il se reproche un tas de choses, craint un drame et d'arriver trop tard pour l'empêcher. Il fait allusion à une vieille et sinistre histoire et s'interroge sur une femme d'affaire au visage familier.

Il assiste sans comprendre à un évènement et décide d'en savoir plus ...

Chapitre III :

Début d'enquête difficile : l'inspecteur en apprend un peu plus sur les trois protagonistes.

Le mari est introuvable : tout l'accuse, à commencer par sa femme !

Perquisition chez la victime :  il est question d'un journal.

Une affaire de chantage ? Le mari avait un mobile pour tuer.

Mais il est aussi question de gros sous ...

L'inspecteur a le temps de faire une répétition

Chapitre IV :

Nouvelle hypothèse : si M. Dutillon était mort? une fouille sur l'autoroute s'impose

Les recherches de la femme mystérieuse restent infructueuses.

Enfin du concret ! Le mari est retrouvé mais dans quel état !

Un témoin précieux mentionne un drame ancien et une morte.

L'inspecteur décide d'en savoir plus .

Chapitre V :

Une seule piste réaliste : une quatrième personne est le tueur !

Tout est passé au crible au vain !

Mais l'inspecteur est intrigué par cette mort ancienne, presqu'au même endroit.

Le concert approche à grand pas : l'inspecteur pourra-t-il y participer ?

Chapitre VI

Dalbonne pense que les deux hommes tués étaient dans la voiture qui a renversé cette femme et qu'il ont été victimes d'une vengeance.

Il lance un appel à témoins, pour tenter d'identifier le ou les meurtriers.

Chapitre VII

En fin la chance sourit à l'inspecteur : l'appel à témoin donne des résultats : le signalement d'une femme est établie : une meurtrière ?

Les archives parlent : la morte et un peu de son histoire ressurgissent mais nouvelle fausse piste : le chauffeur n'était pas l'un des deux hommes assassinés.

Est-ce la première vraie coïncidence de cette enquête ?

Chapitre VIII :

 

La parole est laissée à la meurtrière qui tentera d'expliquer son geste. L'auteur ne pourra en aucun cas être tenu pour responsable de ses propos !

Une visite à la résidence, où était internée la jeune victime sera riche d'enseignement !

Enfin la Mort a un visage !

Chapitre IX

Première arrestation, et l'on découvre le pourquoi d'un scénario tortueux et diabolique ... et un "grain de sable" qui a payé cher !

Le mystérieux  journal est retrouvé au domicile de la meurtrière et parle.

Mais nouveau mystère : une main anonyme aurait-elle tiré les ficelles ?

Chapitre X :

Dernière convocation de Mme Dutillon, pour l'informer des résultats de l'enquête.

au cours de la conversation, Dalbonne comprend qu'elle n'est pas étrangère au drame mais elle nie.

Sans preuve, Dalbonne ne peut pas (ne veut pas ?) l'arrêter.

Dalbonne participe au concert et repense à la partition diabolique à quatre voix qui vient de lui être jouée, sur cette autoroute !

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