La Bête
aurel94
La Bête
- Pouvez-vous me dire où vous vous trouviez au moment de l’incident ?
Orion jeta un regard morne au policier devant lui, et résista à l’envie de se taper la tête contre un mur. L’homme le toisait d’un air de suprême ennui, comme si les flaques de sang et les morceaux de cadavre à quelques mètres de là n’étaient qu'un détail pour lui. Mais il savait qu’en réalité le policier était sur ses gardes, qu’il notait la moindre de ses réponses et expressions.
Ce type-là avait plus de galons que les précédents venus l’interroger, mais ses questions et ses expressions faciales étaient similaires. Une variation sur le même thème : « Où étiez-vous ? Que faisiez-vous ? Qu’avez-vous vu ? Qu’avez-vous fait quand… ? », le tout sur un ton légèrement accusateur.
Alors, pour la énième fois, il raconta la même histoire, en espérant que son interlocuteur ne remarquerait rien de suspicieux.
A dire vrai, tout avait commencé de manière chaotique. Profitant d’une offre à prix cassé, ses parents avaient décidés de passer un week-end à Auvers, petit village d’Auvergne, à quelques heures de toute de chez eux. Malgré les protestations de sa petite sœur, qui avait déjà prévu quelque chose, la famille s’était mise en route le jour même.
Tout allait bien, jusqu’à ce que ladite sœur commence à s’ennuyer, et se mette à taper dans les sièges en criant, bientôt rejointe par sa mère, qui se plaignait de la chaleur, s’éventant avec un prospectus.
Le mois de juillet ne faisait pas de cadeau dans cette région, et puisque la climatisation était en panne… le voyage devint rapidement pénible pour tout le monde. Afin de gagner du temps et d’éviter à sa sylphide blonde de s’évanouir, son mari choisit un nouvel itinéraire, plus court, et prit l’autoroute A666. Lorsque le véhicule s’engagea à l’intérieur, Orion ne put s’empêcher de frissonner malgré la température, et il fut pris d’un mauvais pressentiment. Naturellement, il l’ignora. Ce fut la première erreur.
A cause des vacanciers, la circulation était dense, et elle ne tarda pas à devenir un véritable enfer au bout d’une heure et demi. Ce qui ne plut pas à sa petite sœur, Evangeline, qui en profita pour se mettre à chanter à tue-tête. A deux doigts de craquer et de manger son volant, le père aperçut la pancarte d’un petit relais routier. Il prit cela comme un signe du destin. Ce fut la seconde erreur.
Le vieux bâtiment en pierre se situait bien à l’écart de l’autoroute, et il fallait grimper un petit chemin de terre pour l’atteindre ; sans doute pour limiter la cacophonie des klaxons d’automobilistes tatillons de la pédale. Néanmoins, pour un relais perdu en pleine campagne, il avait bonne allure, semblait bien entretenu, et on oubliait vite qu’il s’agissait d’une vieille ferme datant probablement d’il y a plusieurs siècles.
Bordé par une épaisse forêt de conifères et d’épicéas, l’endroit semblait à l’écart de tout, comme à la fois protégé, et prisonnier, d’un cocon de verdure. La nature sauvage dominait tout autour d’eux.
- Y’a encore de la place ? Demanda Eve, en jetant un œil au parking rempli.
La sœur d’Orion n’était pas connue pour sa patience, c’est le moins qu’on puisse dire. Pourtant, à presque douze ans, on pouvait difficilement la considérer comme un bébé, et lui passer encore ses caprices.
L’adolescent s’imaginait déjà la crise qu’elle piquerait, en secouant ses petites nattes blondes, s’il fallait patienter avant de pouvoir s’attabler.
- Espérons-le, répondit Anton, en croisant le regard de son fils dans le rétroviseur.
Le père était du genre grand timide, presque aussi calme et réservé que sa femme, Eléanore. Mais ça ne l’empêchait pas de stresser régulièrement pour oui ou pour un non. Sa plus grande hantise était de voir sa fille faire un scandale, et lui donner honte. Surtout pour une broutille. Malheureusement pour lui, c’était souvent le cas…
Il se demandait encore comment il avait fait pour créer une telle chipie, alors que sa femme et leur fils n’étaient que douceur et bonté. Parfois, Anton s’imaginait qu’on avait dû intervertir les bébés à la naissance, et qu’on lui avait refilé celui d’un autre couple. C’était une petite rêverie honteuse, dont il n’avait parlé à personne, et qu’il s’empressait de contrer dans son esprit avec un « mais j’aimerai ma fille de toute façon ».
Hélas, il savait parfaitement qu’Evangeline était bien sa fille. Il ne l’avait pas quittée depuis sa naissance, et il suffisait de regarder ses grands yeux bleus et ses cheveux couleur blé mur, pour constater qu’elle était le portrait craché de sa mère. Rien avoir avec son fils, qui tenait plus de sa famille à lui, avec sa crinière brune, son menton volontaire, et ses doux yeux bruns ourlés de cils épais. Le jeune homme avait même hérité de sa haute taille et de son air dégingandé.
Lorsqu’ils garèrent enfin la voiture et purent sortit de l’habitacle, Orion eut la curieuse impression qu’on l’observait. Il ne sut jamais pourquoi, mais à cet instant précis, un instinct, aussi ancien qu’immuable, lui cria de s’enfuir au plus vite. Une fois de plus, il l’ignora. Ce fut la troisième erreur.
Néanmoins, lorsqu’il se retourna pour scruter le paysage autour de lui, il ne vit rien d’autres que des arbres, et l’impression se dissipa rapidement.
Sa mère, qui contenait difficilement sa cadette, l’interpela, et lui fit signe de les suivre à l’intérieur du relais. Orion s’exécuta, et lorsqu’il fut placé au fond de la salle, dos au mur, tous ses muscles se détendirent enfin, comme si une pression invisible s’était retirée de ses épaules.
Ils déjeunèrent avec plaisir, dégustant les produits locaux et le plat du jour mis en avant par les propriétaires du petit restaurant. Ses parents discutèrent du programme pour le week-end, et Orion se perdit dans ses pensées. C’est sans doute pour cela qu’il ne fit pas attention au changement d’attitude de sa petite sœur, soudain étrangement calme. Trop même. Evangeline semblait, elle aussi, plongée dans ses songes, les yeux rivés vers la fenêtre qui donnait sur les bois sombres s’étendant jusqu’en haut de la colline.
Vers la fin du repas, alors que leurs parents buvaient tranquillement leurs cafés, Evangeline demanda à aller au petit coin. Elle revint assez vite, sans doute trop pour avoir fait quoique se soit, et l’air infiniment perturbée.
- C’est dégueulasse à l’intérieur, j’peux pas faire pipi là-dedans ! lança-t-elle d’une voix de fausset, pour que tout le monde l’entende.
Sa mère lui proposa du gel antibactérien, et de poser du papier toilette sur la cuvette, mais la fillette n’en démordit pas, elle ne voulait pas retourner là-bas. A court d’arguments, Anton finit par lancer, sur un ton exaspéré, qu’elle n’avait qu’à aller dans les bois. Il pensait que sa fille faisait des manières, comme d’habitude, et qu’elle n’accepterait bien sur jamais cette solution.
Pourtant, tout le monde fut surpris de la voir acquiescer. Pour plus de sureté, son grand frère l’accompagna, restant à bonne distance sur sa gauche, pour lui laisser son intimité.
Orion se tenait à environ dix mètres d’elle, lorsqu’Evangeline cessa de chantonner. Au premier abord, il ne fut pas perturbé outre mesure. Puis, peu à peu, l’absence totale de bruit commença à l’intriguer. Il n’entendait plus rien du tout, ni sa voix, ni le bruit de ses pas sur les brindilles de pins.
- Eve ?
Il fit quelque pas.
- Evangeline ?! répéta-t-il, un peu plus fort.
Toujours aucune réponse.
Inquiet cette fois-ci, il courut droit devant lui, se déportant légèrement sur sa droite pour retrouver l’endroit où sa sœur se trouvait quelques minutes auparavant.
Il s’arrêta brusquement en découvrant la tâche fraiche d’urine sur le tronc d’arbre à sa droite. Elle n’avait rien avoir avec ce qu’aurait pu faire Evangeline.
Orion progressa encore de quelques pas, jusqu’à découvrir l’endroit où sa sœur avait fait ses besoins. Pas de doutes, c’était bien là. Mais nulle trace de la fillette. Il jeta de nouveau un coup d’œil en arrière, et son cœur s’emballa en remarquant que l’autre trace n’était qu’à un mètre de là. Il ignorait si c’était la preuve qu’un homme, ou un animal sauvage, s’était trouvé ici en même temps que sa sœur, mais dans un cas comme dans l’autre, cela n’augurait rien de bon.
L’espace d’un instant, son esprit s’emballa, et il ne put empêcher son cerveau de lui envoyer des images morbides de la fillette, à moitié dévorée dans les bois.
Orion secoua la tête, dissipant ses pensées obscures ; lorsqu’un bruit résonna devant lui. Le léger craquement d’une brindille, à peine perceptible. Il ne réfléchit pas davantage, galvanisé par les images dans son esprit, il fonça tout droit à travers les fourrés. Il eut l’impression soudaine que quelque chose se trouvait devant lui, et qu’il devait à tout prix la rattraper. Il courut à en perdre haleine, sautant par-dessus un tronc renversé, esquivant les ronces et les pièges abrupts du terrain, grimpant la colline en s’aidant des racines lorsque la pente devint trop forte.
Lorsqu’il atterrit au plein cœur d’une petite clairière, Orion s’arrêta et remarqua soudain le ciel couvert ; les nuages qui obscurcissaient la faible lumière perçant à travers les arbres. Il détailla son environnement, le cœur tambourinant dans sa poitrine.
Il sentit son souffle se couper lorsqu’une forme sombre se détacha sous les sapins devant lui. Le jeune homme ne la distingua pas bien, il se trouvait trop loin pour déterminer s’il s’agissait d’un animal, ou d’un homme accroupi.
Au même instant, un étrange sentiment lui fit se hérisser les poils ; il avait l’impression d’être observé, comme cette fois-là un peu plus tôt sur le parking. Il sentit comme une présence sombre, obscure, animée d’une volonté sauvage.
Un frisson lui parcourut l’échine.
Orion maugréa dans sa barbe, se traitant d’imbécile superstitieux, mais pourtant, il ne put s’empêcher de trembler et d’avoir la chair de poule. Il ignorait d’où lui venait cette impression, mais elle était tenace.
La forme obscure s’avança légèrement, comme pour prendre une meilleure position, et presque comme pour le défier d’avancer. Une attitude étrange, surtout s’il s’agissait d’une bête sauvage.
Soudain, Orion fut persuadé que c’était sa petite sœur qui lui jouait un mauvais tour, et son rythme cardiaque ralentit, bien que la colère le gagnât peu à peu.
- EVE ! cria-t-il, encore plus fort.
Des bruits de pas retentirent derrière lui.
Il fit volte-face, et se trouva nez à nez avec sa sœur.
- Quoi ? fit-elle, avec humeur.
- Comment ça « quoi » ? Où étais-tu passée, bon sang ? Je t’ai cherché partout !
Le regard de la fillette s’embrasa.
- Oh ça va, j’étais juste allée faire un tour. Bon, on y va maintenant ? reprit-elle, plus calmement.
Orion en restât bouche-bée. L’attitude insouciante de sa sœur dissipa complètement les prémices de sa colère, à tel point qu’il en était choqué. Il leva les yeux au ciel, et décida qu’il était plus simple de renoncer à s’expliquer avec elle. Evangeline n’avait sans doute pas réalisé les risques qu’elle courait ; elle aurait pu tomber dans un ravin, se perdre, se blesser, ou même se faire enlever…ça n’arrivait pas qu’aux autres, bon sang !
- Oui, allons-y, soupira finalement le jeune homme.
Et alors que sa petite sœur descendait prudemment la pente les ramenant vers le relais, Orion adressa un dernier coup d’œil à l’étrange forme à l’orée de la clairière. Il fut surpris de la voir battre en retraire, et encore plus en sentant le sentiment d’oppression se dissiper dans son esprit. Sans doute était-ce réellement un animal sauvage, après tout.
Il savait que la région abritait encore quelques loups. Pourtant, ou peut-être à cause de cela, son instinct ne cessait de le mettre en garde. Mais comme il se faisait l’impression d’être parano, il l’ignora de nouveau.
Erreur fatale, qui allait les conduire jusqu’au drame.
Lorsqu’ils revinrent au relais routier et retrouvèrent leurs parents, il avait déjà commencé à pleuvoir, et l’orage grondait autour d’eux. Les premières gouttes étaient tombées lors de leur descente, mais grâce à l’épaisseur des branches, les deux adolescents n’étaient presque pas mouillés. Tout deux gardèrent le silence en reprenant leur place, chose coutumière du jeune garçon, mais beaucoup moins de la part de sa sœur. Leurs parents n’en prirent pas ombrage, et se replongèrent dans leur conversation sur le séjour à venir.
Un éclair tomba soudain très près du relais, et tout à coup la salle fut plongée dans le noir. Toutes les conversations se turent, et il y eut quelques chuchotements, et rires nerveux.
A l’autre bout de la salle, le patron cria :
- Ne vous inquiétez pas, ce sont les plombs qui ont sautés ! Je vais remettre le courant tout de suite.
Et en effet, sous les grondements du tonnerre, on entendit le bruit de la porte arrière qui claqua, lorsqu’il sortit dehors. Tout cela aurait pu s’arrêter là, à une simple panne de courant ; sauf que le silence s’éternisa, et qu’il ne revint pas. Tout comme la lumière.
Quelques personnes s’éclairèrent avec leurs téléphones mobiles, et pestèrent contre le mauvais temps, alors qu’ils finissaient leurs assiettes.
Puis tout à coup, on entendit un hurlement dehors, et un énorme fracas, comme celui d’une vitre brisée. Et ce fut là, que le cauchemar débuta.
Quelque chose se précipita entre les tables, les renversant, provoquant la peur chez les clients. Puis les cris commencèrent, d’abord de peur, en sentant quelque chose les frôler, puis de douleur, lorsque la chose qui avait pénétré à l’intérieur se mit à attaquer les clients.
Les personnes crièrent, hurlant que quel que chose les attaquaient, mordaient, et certains cris se finirent dans un gargarisme suffisamment évoquant. Des bruits de mastication se firent entendre. Et ce fut la panique totale.
Les gens hurlèrent, se ruèrent vers les sorties à l’avant et à l’arrière, se bousculant pour sortir de là, marchant les uns sur les autres. La famille d’Orion était trop choquée pour réagir, et comme d’autres, elle restât figée sur son siège, tendant l’oreille pour comprendre ce qui se passait.
- Les portes sont barrées ! cria désespérément un homme, à l’autre bout de la salle, alors qu’il tentait de les enfoncer.
- Celles-là aussi ! lui répondit un groupe d’hommes, de l’autre côté.
Les poings s’abattirent contre la porte, on entendit les hommes pousser et crier qu’il fallait se dépêcher.
Cela redoubla la panique chez les gens, qui se mirent à prier et supplier, et l’ardeur de la chose qui les attaquait encore plus sauvagement. Certaines femmes moururent dans des cris déchirants. Les téléphones portables finirent fracassés au sol, leurs propriétaires systématiquement attaqués et leurs bras déchiquetés, lorsqu’ils les levaient pour tenter d’apercevoir la chose qui les attaquait.
- Il y a une bête ! hurla un enfant.
Orion réagit lorsqu’il entendit le hurlement d’une femme à côté de lui, et le grognement d’une bête. Il renversa la table d’un coup de pied, et cria à ses parents et sa petite sœur de se cacher derrière, dos au mur. Il n’y voyait rien, mais il entendit bien ses parents jurer devant lui, avant de ramper derrière la protection improvisée, et il fut certain d’entendre quelqu’un se glisser à côté de lui. Evangeline.
Puis quelque chose se fracassa contre la table, comme un boulet lancé à toute vitesse, et ses parents hurlèrent. Un liquide chaud l’éclaboussa sur le visage, et lui aussi se mit à crier, impuissant, avant d’entendre le bruit d’un corps que l’on trainait.
Tremblant de peur, il n’osa prononcer de mots en entendant la chose se rapprocher de lui. Ses parents étaient-ils en vie ? Et sa sœur ? A tâtons, il essaya de la toucher, mais il ne rencontra que du vide. Il serra les dents, se mordant les lèvres pour éviter de prononcer son nom et d’attirer l’attention sur lui. Ses doigts rencontrèrent soudain un couteau sur le sol, qu’il ramassa et pointa aveuglement devant lui, pour se défendre.
Orion n’y voyait rien, mais il sentit la caresse d’un pelage contre son bras gauche. Son rythme cardiaque battit à tout rompre, et il hurla, et hurla encore en frappant aveuglement là où la chose se trouvait d’après lui. Le couteau ripa, touchant à peine les flancs de l’animal, mais il fut récompensé par un petit grondement.
- Ici ! Cria une voix rauque, à l’autre bout de la salle.
Orion entendit la bête, car c’est comme ça qu’il la voyait désormais dans son esprit, se diriger vers la voix. Ses griffes résonnant contre le parqué, alors que les gens gémissaient autour d’elle. Les pas de la bête et de l’homme s’éloignèrent, crissant contre les débris de verre quelque part au fond du relais.
Orion pensa qu’il fallait les rattraper, au moins pour pouvoir décrire ses agresseurs à la police ; mais son corps refusa de coopérer. Il restât assis au sol, les membres tremblotant, son cœur menaçant de sortir de sa poitrine, et le souffle court. Les larmes coulèrent de ses yeux, glissant le long de ses joues dans un sanglot silencieux.
Le jeune homme entendit les gens pleurer, et d’autres gémir, sans doute blessés. Puis ce fut le silence complet pendant un long moment, un terrible moment de solitude, jusqu’à ce que la lumière soit rétablie. Et alors, tous découvrirent l’hécatombe autour d’eux ; chaises renversées, tables fracassées, traces de griffes sur le sol, et corps déchiquetés. En particulier les femmes et les enfants, mis sauvagement en pièces.
A deux mètres devant lui, en suivant une trace sanglante sur le sol, Orion aperçut le corps de ses parents, ou du moins ce qu’il en restait. Son estomac se révolta contre l’image, et il vomit. Ensuite ce fut le noir complet dans son esprit, et il perdit connaissance.
Lorsqu’il se réveilla, Orion comprit qu’il n’avait pas fait un mauvais rêve dont il échappait, mais qu’au contraire, il se réveillait en plein cauchemar. Ses parents étaient morts, déchiquetés par une bête, comme les trois quart des autres clients, sa sœur avait disparue, et pire encore, de toutes les personnes à l’intérieur du relais, il était le seul sans blessures. Le seul qui n’avait pas était attaqué. Tous les autres encore en vie étaient grièvement blessés, et portaient des marques de morsures, ou de couteau au niveau de la trachée, du buste, ou des membres, lorsqu’ils étaient parvenus à protéger leurs corps.
Et comme si cela ne suffisait pas, il était recouvert de sang et tenait un couteau ensanglanté. Quand les autorités arrivèrent sur les lieux, le jeune homme était tellement hébété qu’il n’avait pas lâché l’arme. Et lorsqu’ils procédèrent à des prélèvements et récupèrent ses vêtements, les policiers se rendirent compte que le sang et les marque de lame sur les corps correspondaient au couteau que tenait Orion.
C’était à n’y rien comprendre. Il avait à peine touché la bête, et s’il avait été éclaboussé de sang, c’était de celui de ses parents, pas de personnes se trouvant à des vingtaines de mètre de lui, alors qu’il était caché derrière une table !
Mais il eut beau raconter cette histoire telle quelle aux inspecteurs, tous prirent soin de le garder à l’œil, et aucun d’eux ne cacha pas ses suspicions. Il entendit même deux types murmurer que le gamin était sûrement cinglé, et qu’il avait peut-être dressé un chien pour attaquer les gens. D’autant que les rares témoins en vie juraient l’avoir vu quitter le restaurant juste avant le drame, et affirmaient qu’il était revenu avec un air étrange sur le visage. Sans doute avait-il planqué l’animal dans les bois, d’après eux.
Pour Orion, toute cette histoire était complètement folle, il priait pour que tout s’arrange, et il était persuadé que la justice trouverait la vérité : une bête sauvage les avait attaqués, certes, mais ce n’était pas lui qui en était responsable !
Il jura avoir entendu la voix d’un homme rappeler la bête, mais personne d’autre ne l’avait entendu à part lui, preuve supplémentaire pour les policiers.
Quand l’officier face à lui l’informa qu’il l’emmenait au poste ; qu’il sortit les menottes et lui ordonna de se retourner, Orion sentit son cœur s’arrêter.
Résumé
Chapitre 1 – La famille d’Orion s’arrête déjeuner dans un relais. Sa sœur et lui se rendent dans les bois, où il aperçoit une forme étrange. Lorsqu’ils reviennent au relais, l’orage plonge la salle dans le noir. Une bête entre, et attaque les gens. Un homme la rappelle ; le courant est rétabli, et Orion découvre le cadavre de ses parents, et la disparition de sa sœur.
Chapitre 2 – Il est suspecté par la police, et n’est relâché que grâce au témoignage de Chloé, qui a perdu sa sœur de la même manière, et affirme avoir vu un homme entraîner la bête dans les bois. Les adolescents décident d’enquêter dans la forêt de la Tenazeyre, là ou la bête a été vue pour la première fois.
Chapitre 3 – Ils découvrent des traces de la bête, et en interrogeant les habitants des villages, constatent que beaucoup ont une attitude étrange. Quelqu’un essaye même de s’en prendre à eux. Dans un village voisin, l’histoire se répète. Un carnage a lieu au sein d’une église. Certaines jeunes filles semblent avoir été entraînées à l’écart, et dévêtues, avant d’être égorgées…
Chapitre 4 –Chloé et Orion entendent parler d’une vieille légende, celle de la Bête du Gévaudan. Ils découvrent toute l’histoire, qui semble étrangement similaire aux faits se déroulant dans la région. Une nuit, ils sont attaqués par la Bête, qui n’a rien d’un animal sauvage, et semble au contraire très hardie. Les deux ados ne parviennent à s’en sortir que grâce à un berger.
Chapitre 5 – Selon la légende, la bête aurait été tuée par Jean Chastel, à Auvers. Les ados s’y rendent et découvrent que la famille Chastel était suspectée d’avoir dressé la bête à tuer, pour couvrir les actes sadiques du comte de Morangiès. Ils pratiquaient aussi la magie noire…
Chapitre 6 – Le lendemain, ils sont attaqués par la Bête. Un homme portant une longue cape apparait, et enlève Chloé. Orion est grièvement blessé, et s’évanouit.
Chapitre 7 – Lorsqu’il se réveille, Orion se trouve dans la maison du médecin du village. Les policiers ayant été alertés, il leur explique ce qui s’est produit. Lorsqu’ils se rendent sur les lieux, ils doivent se rendre à l’évidence, et décident de traquer la bête et son propriétaire.
Chapitre 8 – Les recherches sont vaines, les chiens perdent la trace de la bête. Au bout de plusieurs jours, Orion leur fausse compagnie et se décide à chercher seul, servant d’appât. Sa tactique fonctionne, son état de vulnérabilité attire la Bête, qui s’en prend à lui. Mieux préparé, le jeune homme se fie à la légende et réussit à tuer la bête avec une balle en argent.
Tout près, il entend le hurlement d’un homme, avant d’être assommé.
Chapitre 9 – Orion se réveille dans un campement au cœur de la forêt, et découvre que sa sœur et Chloé sont encore en vie, bien que mal en point. Les jeunes filles ont souffert des sévices de leur tortionnaire fou. Orion parvient à poignarder l’homme et à l’attacher.
Chapitre 10 – Les ados reviennent avec la police, mais l’homme a disparu, tout comme sa Bête. Dans ses affaires, on découvre qu’il s’agit descendant des Chastel.
Les meurtres cessent dans la région. Pourtant, les trois ados sont persuadés que tout ne fait que commencer…