Autour de l’ère du toit

Ferdinand Legendre


Autour s'effritent furieusement les restes de peinture. Les rêves immatures, nuits orphelines, où jamais n'avait été aussi grand le désir de brûler. Il cogne sous la cage, palpite, précise ce qui peut l'être, rend les phrases incisives. Un doigt le long de la gorge, frappé aux flancs, retiens-moi car la berge m'appelle, tu sais ce que le toit fait, tu l'entends. Autour de moi les silhouettes, dans mes veines un torrent, ma voix se répercute, ne vous trouve pas, les yeux sont embrumés de buée, de moments. J'erre, à ne plus savoir qu'en faire, finalement, dans l'absence de feu, j'attends l'orage, puisse-t-il à son tour faire taire l'enfer. Vont-ils ainsi murmurer pour longtemps encore ? Malmené par la houle, je souffle vers l'horizon, il éclate quatorze fois, parfois si loin que le bruit ne nous parvient pas. Un peu plus de ciel, un peu moins de toi, et l'ascension laisse des traces, aux avant-bras, elles finissent par s'en aller, me libérer des aspérités. je cache dans mes petites mains, quelque chose, un fin sourire en coin, timidement, je l'offrirai si je l'ose. Et lorsque seul et frappé par le temps, je freine mes envies, mes missives avortées, les querelles rapportées, mes élans de tendresse, c'est que le sol m'attire. Et l'écho de la liesse, à la pointe d'antennes, ce que je voudrais fuir, parfois tourner le dos, je retiens les promesses, mais laisse couler la peine. Sans doute est-ce trop fort, j'aurais dû prendre moins, je me fonds en désir et me répands sur toi, et je serre les poings. Si je fais face aux torts, et pleure pendant l'étreinte, c'est que je ne suis libre, que lorsque je te bois, te toucher me délivre, dans tes lèvres des sorts, qui éteignent mes plaintes, qui imprime nos corps, autour de l'ère du toit.

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