Avant

Mireille Roques

Qui dira si cela a existé  vraiment :

Y-a t-il eu un passé, un d’abord,  un avant ?

Ai-je été celle-là, cette presqu’inconnue,

M’avez-vous rencontrée et soudain  reconnue ?

Etais-je belle,  alors, ou jolie tout  du moins,

Etais- je près de vous et vous déjà si loin ?

Paris bruissait-il  des poussées printanières ?

J’ai aux lèvres des mots, aux mains une bannière.

Il y a si longtemps - hier,  parfois je crois…

Me reviennent des rires et des éclats de voix.

Je pleure.  Sur qui ? Sur quoi ? Sur  moi-même, sur nous ?

Vous vous souvenez donc. Vous dis-je tu ou vous ?

Nous nous sommes connus ; nous nous  aimions peut-être…

Vous fermiez une porte, m’ouvrez une fenêtre.

Que faire de tout cela , ma mémoire s’égare :

J’étais presqu’arrivée , vous m’offrez un départ !

Cela a existé, vous pouvez l’assurer.


Il y a eu un avant, un d’abord, un passé.

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