Avec le temps

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Concours francophonie

Mots à incorporer

Année-lumière / Avant-jour / Dare-dare / Déjà-vu / Hivernage / Lambiner / Plus-que-parfait / Rythmer / Synchrone / Tic-tac

 

 

Le présent récit évoque la vie d'un homme qui compta, même si sa renommée reste à l'heure actuelle située à plus d'une année-lumière de la célébrité météoritique de tant d'étoiles éphémères.

Jacques Mart, (31.12.1900 3H25  - 31.12.2000 3H25 32'25'') heureux chronométreur suisse, originaire de Montreux vécut durant le dernier siècle du précédent millénaire, au rythme de sa passion qu'il pratiqua dès l'avant-jour même en été : la captation du temps.

Né avant terme au sein d'une dynastie d'horlogers, qui de génération en génération depuis la nuit des temps, s'adonnait à la fabrication des coucous, il fut initié dare-dare et très tôt à cet art, pour qu'ainsi dans le nid familial il les seconde.

Durant sa vie, chaque jour de la semaine, chaque mois de l'année il ramena son lot dru de laps, qu'il archiva pour la postérité.

En remontant aux sombres us révolus depuis tant de lustres, il arriva au fondement de la recherche du passé et de la quête d'antan.

Par ailleurs, il ne manquait jamais les minutes de silence, instants volés souvent dans les cimetières ou les stades.

Sa première heure de gloire vint lors d'une olympiade moderne où la captation du temps se fit dorénavant au chronomètre électrique.

A cette époque, son concurrent principal, le comte Was de Greenwich provoqua un tollé chez les citizens conservateurs, en inventant à l'occasion d'un meeting de trotteuses, le concept de  course contre la montre, qui néanmoins eut un grand avenir.

Il répliqua en prônant la mi, puis le tiers et le quart temps, grande avancée socio-sportive.

Afin d'élargir ses compétences, il tenta de mesurer par la méthode du carbone 14 le temps du soldat de Marathon, mais échoua en raison d'un délai trop court, comme pour construire une jauge étalonnant la quatrième dimension nécessaire à l'explication du déjà-vu.

Durant une période il devint mineur sachant que l'or loge dans le quartz.

Pour son ami Marcel il fit des recherches mais perdit beaucoup de temps.

Il ne se nourrissait, été comme hiver, uniquement de plats du jour, de pizzas quatre saisons  et de dattes mais ne bût que des cuvées millésimées.

Il fuma un temps des Week-end mais uniquement en semaine.

Il lutta lors de la mensualisation pour que les salariés soient toujours payés à l'heure.

Il recommanda l'hivernage aux Espagnoles désirant un enfant car c'est ainsi que l'Ibère naît.

Ces icônes furent Jung et Bresson, il lut Piaget, et admira les taggers, les montres molles de S. Dali et certains chants de  L. Ferré.

En Arles il triompha en exposant une rétrospective sur la photo-finish.

Homme égal, il vola sur Breguet et rédigea des mémoires sur la planification par étape des cycles, des mémentos sur la façon d'antidater et postdater par phase, un almanach sur les règnes, et des éphémérides relatifs à l'espace.

Toujours pressé, on ne le vit jamais lambiner même lorsqu'il escalada l'aiguille du midi ou faire le tour de Montréal, et même s'il passait pour être simple, il visait à devenir plus-que-parfait en conjuguant un mode de vie qui le fit centenaire en parcourant son existence sur un rythme haletant, toujours synchrone avec ses objectifs.

Il mourut alité à l'aube et à côté de son fidèle clebs Cydre écoutant le tic-tac avant la sonnerie de son vieux réveil matin.

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