Avis de tempête

Susanne Derève

Ces nuages qui courent entre ciel et mer au-delà des grues immobiles,
Nuages porteurs de la nuit qui s'annonce, poussés par un vent d'Ouest
Qui charrie à présent les feuilles mortes par brassées
 
Morne solitude des tempêtes d'hiver
 
La rade comme un pinceau de moire grise sous les rayons rasants
 
Et tout là-bas, au loin, les Tas de Pois,petits cailloux semés par l'Ogre gigantesque
Qui souffle sans relâche ce vent de tempête noyé de sel,
Éructe son écume sale à la frange des vagues
Et déchaine la mer, molosse aux dents d'ivoire à l'assaut du rivage,
Charriant les galets et le sable jusque dans les bas-fonds glauques des profondeurs
 
Cadavres de bois flottés jonchant les plages et les grèves
Charognes aux orbites vides rongées par les mouettes avides
Pluie de givre que balaie dans la nuit de son œil inlassable
Le faisceau mécanique des phares
Lumineuse étincelle de vie bouée de lumière dans les ténèbres grises
 
L'hiver
 
 
 
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