Avoir des sentiments
pianitza
Finalement, je ressors de tout ce barouf plus fort qu'avant.
Oui, le « barouf »... Le passé, en fait ! Ce qui contre nos semelles s'est dispersé en une armée de tulipes sous camisole. Les pétales d'avant, tu sais, qui débutaient dans la vie heureuse, portant projet de s'évanouir sérieuses...
Les sentiments, faut pas les chercher plus loin qu'en-dessous de tes fenêtres, lecteur... toutes les réponses s'agitent dans tes corolles. On n'est pas né au centre du décor pour rien. Les cris des gosses qui s'amusent, les chants d'oiseau et les pets des pélicans, ils tremblent pas dans ton collimateur en figurants. C'est des escadrons qui muent en tes pieuses séreuses… C'est tout en rapport avec toi, c'est exactement la lie de tes sentiments. Ça finira toujours par devenir plus sérieux que tu le crois. Ce sera tout entièrement de ta faute, personne n'y pourra jamais rien. La vie, elle finira tôt ou tard par te chopper.
Peut-être rampes-tu, politique ? Peut-être milites-tu, odieusement, pour une cause ? J'sais pas… J'en fais abstraction. L'important, tu sais, c'est tes bons sentiments.
Loin des galéjades qui te montent sur selle, parce qu'il faut bien faire preuve de présence d'une manière ou d'une autre, c'est en reconnaissant gamin que je souhaite mettre les points sur les i.
C'est pas dur, de te connaître : installé sur le dessus de ton habitacle, quelques secondes d'observation m'auront suffi pour te déshabiller. J'uis loin des bulles alcools qui transpirent ronce et panique, la première auréole…
J'ai écarté mes dix orteils sur la trogne du contrôleur des gares pour respirer tranquille… J'ai appris plein de techniques pour être plus à l'aise avec l'homme. Tous les hommes. Les lecteurs, aussi (eux, c'est pas des hommes, hein : C'est de la viande à manger).
Notre commun à tous, mammifères pleins d'espoir que nous sommes, c'est la branlette qui bascule bas-haut, bas-haut, là-haut… derrière les barreaux…
T'es comme moi, un branleur, en vrai. T'es comme tout le monde, avec tes émotions et tes sentiments. Tu t'échappes dix minutes en chasse pour t'émanciper des autres. Tu reviens peinard… moins pleurnichard. T'as de l'indifférence broyée dans les sourcils : « Tout va bien ».
T'emmerde ton propre cerveau quand tu fais croire que tout va bien. Comme je te naturellement comprends. C'est qu'une question de Moi-césure, le cerveau. Des coupures qui se manifestent en pleine lancée, taries par la moisissure. Une structure… molle.
Dans le profond de ta nature tuée sous arbres et broussailles, c'est mon oreille qui perçoit de bien dédaigneux bâillements… Des rugissements !
T'as rien d'un travailleur sur chevet – Tu me l'as dit, l'autre fois. Sous ta couette, enrobé station paradis, ton corps se désarticulait. Trop souvent tu l'ignorais, tu le fatiguais… Le creux du matelas te semblait trop profond, trop pulpeux… Avachi dans ton aise, l'enveloppe t'affamait le nihilisme.
Qu'on se le dise : Tu es sous voilure l'agréable orgueilleux qu'on connaît tous. C'est pour « toi », que tu fais. Et comme tu n'es rien, tu fais ça pour rien. Tu crois en toi, tu crois en rien !
Nihilisme sur les chevets ! (Et pourquoi pas ?)
Partout, ta faïence organique tournoie cœur emporté gauche ! Puis droite… Puis gauche ! (Des fois centre, rarement.)
Tu comprends mieux, maintenant, cette raison pour laquelle je me plais aujourd'hui à démystifier le grain des vies ? Tes grains ?
TOI – J'aimerais fonder une communauté ! Qui lutte contre [insérer truc mauvais dans le monde].
MOI – Ah merde, désolé.
TOI – Bah pourquoi ?
MOI – Parce que mort.
TOI – Mort ?
MOI – Tu crèveras dans tous les cas, de toute. Voilà, c'est tout. Désolé. Lol.
Les bons sentiments, ils disjonctent encore dans tes corolles… Tes papillons sont là, genre, « ouais j'bouscule l'Nirvana » (ils mentent tellement mal, j'en ris des fois…). J'te pensais plus mature que ça. C'est la carrure de tes bannières, elles percutent l'horizon ? C'est étendu sur tous les mohicans, en raison, en sourire ? Une question d'extrémités, tes sentiments ? Vernissés dans l'arrière-fond ? Des étendards que t'arrive plus à t'ôter des côtes, tellement qu'tu les as cousu ?
C'est atroce, ce désir de réussite que tu t'es tatoué partout. S'habituer à réussir par le sentiment, ça peut devenir c'passe-temps sérieusement noué…
Franchement, regarde ta gueule… (Nan, mais c'est vrai quoi… Désolé…)
J'ai pris l'habitude de me méfier des étages volontaires, ceux qui s'amenuisent graduellement pour former pyramide. Ce sale triangle de la victoire qui passe son temps à tendre les pointes…
J'aime bien l'élan qui se chiffonne plus loin, lecteur. Le sentiment qui subit ses lignes et qui veut bien te dire, dubitatif, humainement, qu'aujourd'hui il trouve le sourire et que ça lui va bien comme ça.
Les orties me grattent la gorge, quand ça m'va bien comme ça.
T'en veux ? (Ouais, nan, j'dec. J'vais les garder pour moi, en fait…)
J'aime beaucoup l'écriture de ce chapitre, déprimant un peu, mais joliment tourné. Toujours un sourcil arc-bouté à tes J'uis ( qui résonnent comme Jui-llet) mais depuis le temps, je crois que tu y tiens vraiment.
· Il y a plus de 10 ans ·hel
Je vais surement revoir ça, pour les "J'uis".
· Il y a plus de 10 ans ·Sinon, oui, plutôt déprimant. Je prépare une troisième chapitre plus joyeux. :)
pianitza
Et merci pour ta lecture !
· Il y a plus de 10 ans ·pianitza