Bacchar el-Assad VS Joe Dassin
o-negatif
Zazon et l’internaute sont assis face à face, chacun pianotant sur son ordinateur portable.
L’internaute clique rageusement, visiblement content de lui :
L’internaute
Tiens ! Prends ça dans ta face.
Zazon (distraitement, ne levant pas les yeux de son écran)
Qu’est-ce que tu fais ?
L’internaute
Je viens de liker la page « Yemen Revolution ». On est 1249 membres maintenant. On leur fait mal.
Zazon (dubitative)
OK…
L’internaute
Je participe au printemps arabe.
Zazon
Ah… J’ai pas trop suivi c’t’histoire.
L’internaute
Quoi ? Tu t’intéresses pas au printemps arabe ?
Zazon
En fait, je préfère l’été indien, je crois.
L’internaute
Grâce aux réseaux sociaux, tu peux sauver les peuples opprimés. On a déjà fait tomber Ben Ali et Kadhafi. Là, j’suis au troisième level , en Syrie. Ça devient tendu. Le boss de fin, il s’appelle Bachar el-Assad, un gros taré sanguinaire… On dirait le Joker dans Batman.
Zazon (moqueuse)
Tu te soulèves sur Internet, toi ?
L’internaute
Tweeter n’est pas jouer, tu vois. Par exemple, tu peux créer un événement « gros bordel dans la rue, samedi soir » et avoir une estimation du nombre de followers, histoire de prévoir assez de banderoles et de chips.
Zazon
Et contre les coups de matraque, tu fais quoi ?
L’internaute
Tu passes en mode You Tube et tu balances la vidéo sur le net. Le monde entier est indigné et tu chopes un bonus casque bleu.
Zazon
Faut être du bon côté de la caméra, quoi. Tu connais la capitale de la Syrie, au moins ?
L’internaute
Non mais j’ai passé des vacances à Marrakech j’te signale.
Zazon
Bon et qu’est-ce qu’il devient ton printemps arabe, en ce moment ?
L’internaute
Ben là c’est l’hiver donc c’est un peu mort. Les internautes sont retournés au lol cats et aux palmares des people 2012. Je me sens un peu seul, en ligne.
Zazon
Tu veux un coup de main ?
L’internaute
Ben si tu pouvais poker Bacchar, ça pourrait le distraire momentanément pendant que je lui fais mal.
Zazon
C’est fait.
L’internaute
Ouah merci. Viva la revolucion !
Zazon (chantonnant)
On ira, où tu voudras quand tu voudras…