Bain des givrés
Jean Claude Blanc
Bain des givrés
Ils ont bravé l'hiver, de la mer du Nord
Vikings ressuscités, mais en plus maigrelets
Les jeunes et les vieux, et même les éclopés
C'est une tradition, les forts n'ont jamais tort
C'est fou ce que ça caille, pointer son nez dehors
Le bonnet sur la tête, s'emmitouflant le corps
En entrouvrant la porte, on fait moins les gaillards
Au début de janvier, c'est que nuit et brouillard
De « nacht und nebel », vous connaissez l'histoire
Les germains d'aujourd'hui, amnésique mémoire
A leur accent austère, paraissent autoritaires
Leur verbiage saccadé, nous rappelle la guerre
Les russes déportés, cobayes tout trouvés
De la science inhumaine, expérience obligée
On les trempait à poil, dans des caissons de glace
Pour tester résistance, de leur vie tenace
On dit que les fêlés, sont pas tous enfermés
Plus on approche du pôle, et plus on est givrés
On se rejoue la scène, le rôle du supplicié
En se jetant tout nu, dans l'eau à 6 degrés
Pourquoi pas restaurer, les rites de l'Afrique
Les tribus de pygmées, faisaient bouillir marmite
Les colons missionnaires passaient au court bouillon
Le touriste couillon, n'a pas de religion
Mais y'a encore plus grave, dans les cours de récré
C'est au jeu du foulard, que s'amusent nos bébés
Pour voir ce que ça fait, passer de l'autre côté
Certains se réussissent, suicident l'humanité
En mal d'émotions, société dorlotée
A bout notre existence, on voudrait la pousser
Notre rude carcasse, il faut bien l'éprouver
On n'a plus rien à faire, ses méninges torturer
Vous allez pas le croire, mais n'ai rien inventé
Ça se passe en Hollande, à qui ça fait penser…
Mais notre Président, cette fois pas impliqué
Lui, prend des bains de foules et la couperosée
Dans le bain jusqu'au cou, ce coup-ci, on y est
On n'est pas cons, gelés, juste un peu échaudés
Notre carafe frissonne, car on en a soupé
Les vrais faux maitres queux, ne savent que tambouiller
Moi qui tirais des mers, les étoiles de mes nuits
Epris, amouraché, de petites souris
L'été, je braconnais, le rivage sans bruit
Pas trouvé l'harmonie, de ces bains de minuit
On est tous givrés, aveugles mercenaires
Sensations, illusions pour un morceau de chair
Les sentiments d'amour, sont souvent éphémères
On pousse le bouchon, s'embarquant pour Cythère
Tout ça, c'est du blabla, le poète s'enflamme
J'ai beau me faire violence, mon obsession me gagne
Voudrais vous faire marrer, vous faire rire aux larmes
Mais ma crédulité, jamais elle ne désarme
J'aime pas les étuves, le climat des tropiques
Le jour tu étouffes, le soir pleut averse
La froidure me mord, lentement, tyrannique
Les préfère tempérés, mes chemins de traverse
Z'avez bien de la chance, vous prenez pas la tête
Quand on remonte au nord, la terre se fait chiche
La boussole aimantée, en indique le faîte
Quand l'atmosphère fraichit, alors, on serre les miches
Tu peux faire trempette, blondinet scandinave
Un cube de glaçon, un zeste d'émotion
N'y a pas de passion, qui te presse le citron
A trop chauffer ses couilles, l'épave se déprave
Ils se sont bien baignés, ils sont bien avancés
Fêtée à leur manière, la toute nouvelle année
Ce n'est qu'une anecdote, entrevue sur le net
Ça permet cependant, de vous conter fleurette
Putain ce que c'est dur, de lui téter le sein
A sa douce mousmée, qu'est froide comme un iceberg
Ça évoque l'idée, de s'abîmer sévère
Dans un courant glacial, parsemé de pingouins
Adieu, moi je m'en vais, me faire couler un bain
Je mitige mes pensées, au son du robinet
Température à point, prompte à me savonner
De ma petite personne, faut dire que j'en prends soin
Dedans c'est chaud bouillant, je m'asperge de sel
De lotions épicées, d'essences compliquées
Un air de volupté, agite mon vermicelle
Trempette mes fessiers, comme lune de miel
Mais j'allais oublier, bonjour et bonne année,
Comme on dit par ici, « bon tsour et bout n'an »
En rajoutant ensuite, Comme co va qui ‘t'emps ? comment va cette année ?
JC Blanc janvier 2023 (à mon âge peux que vous souhaiter mes meilleurs…vieux)
Quel talent, enfin pour le froid c'est pas gagné!
· Il y a presque 2 ans ·Christophe Hulé