Bébé brune

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1h. Tes grands yeux verts, pleins d’innocence, cernés par trop de noir. Tes 16 ans. Mes 16 ans. La drogue dans ma poche. Notre table, en haut, tout là haut, au dessus de la foule et des gens qui ne se doutent de rien, et qui pourtant, nous envient. Il n’y rien d’enviable dans notre existence. Ta robe, trop courte, tes talons, trop hauts, et tes jambes, trop minces. Une soirée comme toutes les autres.2h30. Nous sommes amis. Bien sûr, nous ne sommes qu’amis. Comme toujours, tu lances le jeu. La valse des émotions me prend. Tu descends, tu te mêles à la foule, tu  montes sur un podium, tu salues des connaissances, tu lances des regards complices au DJ. Puis on t’offre un verre, et bientôt deux, puis trois.  Tu joues le jeu, tu observes et tu choisis. Tous ces mecs ne veulent que ton cul, tu le sais, et tu joues le jeu. Malgré tout, petite pute. Tu reviens vers moi, ce petit sourire carré-coquin aux lèvres, tes cheveux bruns coupés courts virevoltent autour de toi. Merde, je concluais, moi aussi.- Une blonde? Ahah, t’es vraiment désespéré. Oui je suis désespéré, chaque fois un peu plus, si tu savais. J’aimerais avoir le courage de tout t’avouer. - Pas du tout, elle est super mignonne. Mate plutôt la tête de ta proie. - Allez viens, on va aux toilettes. Tu prends mon pouce et nous fendons la foule.Les toilettes, l’endroit où nos soirées redeviennent neuves et vierges de toute fatigue. Une soirée comme toutes les autres.3h45. Tu mènes la danse, ce soir. Je te surveille, de loin. Tu t’es décidée pour un mec, veste de costume et jean Diesel. Le genre de mec qui croit avoir trouvé un style. Tu l’embrasses, tu me regardes du coin de l’œil. Perdu, je t’ai vue. Je fais de même avec la première fille impressionnable qui passe. Grande, brune, italienne, belle prise. J’en viendrais presque à t’oublier. Presque. Tu disparais de mon champs de vision. Je te crois remontée, avec lui. L’effet de la vodka redouble. Je tâte ma poche: vide. Où est le sachet? Petite pute. Je suis ivre, je chancelle jusqu’au carré, italienne au bras. Tu n’y es pas. Je ne m’inquiète pas. Qui sait ce que tu as encore trouvé à faire? Je l’embrasse, elle est à califourchon sur moi, elle m’excite. Les heures passent, les billets s’envolent, les bouteilles se vident.Une soirée comme toutes les autres.5h30. Tu n’es toujours pas là. Pas là? Prise de conscience. Je m’inquiète. D’un coup. L’italienne peut aller se faire foutre et je cours déjà dans la moiteur des fins de soirées. Je feinte entre les survivants aux fermetures de boites de nuit. Je ne te vois pas. Je crie ton nom. Tu ne me réponds pas, tu ne me sautes pas au cou. Tu n’es pas là. Je pleure, je ne peux pas t’avoir laissée partir avec ce prototype prétendument stylisé. D’habitude, je te surveille mieux. Je te protège mieux. D’habitude, je te suis, même. Les toilettes. Eclair de génie, vision d’horreur. Tu es là, Dieu seul sait depuis quand, recroquevillée dans une cabine. Ta robe est à moitié déchirée, ton nez saigne trop. Beaucoup plus que d’habitude. Ton maquillage a coulé. Tes avants bras sont couverts de bleus. On t’a fait du mal. On t’a fait du mal et je n’étais pas là. Je me précipite, tu te lèves.  Le tableau prend forme dans ma tête. Drogue à moitié payée…Addiction…Supplication… « Faudra payer, hein, gamin »… Promesse, ils me connaissent… Rappel à l’ordre… Une fois, deux fois, trois fois… Menace, « Putain, tu vas payer, d’une manière ou d’une autre, je t‘envoie le boss… ». Putain, le sachet était sur toi.  On est rentré ensemble. Ils t’ont vu. D’une manière ou d’une autre.  Je t’ai entraînée là dedans, dans ce monde, et tu as trop bien joué le jeu. Je t’aime, aussi, petite.  Tu as payé pour moi. Comment je vais m’en remettre? Tu me regardes, et tes grands yeux verts ont perdu toute leur innocence. - Je t’attendais. On y va?Un soirée comme toutes les autres?« A vouloir vivre trop viteVouloir tout essayer,Je te préviens petiteCa va mal terminerEt ça je ne veux pas.J’aurais pu te protégerDe tous ces obsédésEt je me jure bêtementQue je ne te laisserai pasPlutôt crever de froid. »

1h. Tes grands yeux verts, pleins d’innocence, cernés par trop de noir. Tes 16 ans. Mes 16 ans. La drogue dans ma poche. Notre table, en haut, tout là haut, au dessus de la foule et des gens qui ne se doutent de rien, et qui pourtant, nous envient. Il n’y rien d’enviable dans notre existence. Ta robe, trop courte, tes talons, trop hauts, et tes jambes, trop fines. 

Une soirée comme toutes les autres.

2h30. Nous sommes amis. Bien sûr, nous ne sommes qu’amis. Comme toujours, tu lances le jeu. La valse des émotions me prend. Tu descends, tu te mêles à la foule, tu  montes sur un podium, tu salues des connaissances, tu lances des regards complices au DJ. Puis on t’offre un verre, et bientôt deux, puis trois.  Tu joues le jeu, tu observes et tu choisis. Tous ces mecs ne veulent que ton cul, tu le sais, et tu joues le jeu. Malgré tout, petite pute. Tu reviens vers moi, ce petit sourire carré-coquin aux lèvres, tes cheveux bruns coupés courts virevoltent autour de toi. Merde, je concluais, moi aussi.

- Une blonde? Ahah, t’es vraiment désespéré. 

Oui je suis désespéré, chaque fois un peu plus, si tu savais. J’aimerais avoir le courage de tout t’avouer. 

- Pas du tout, elle est super mignonne. Mate plutôt la tête de ta proie. 

- Allez viens, on va aux toilettes.

Tu prends mon pouce et nous fendons la foule. Les toilettes, l’endroit où nos soirées redeviennent neuves et vierges de toute fatigue. 

Une soirée comme toutes les autres.

3h45. Tu mènes la danse, ce soir. Je te surveille, de loin. Tu t’es décidée pour un mec, veste de costume et jean Diesel. Le genre de mec qui croit avoir trouvé un style. Tu l’embrasses, tu me regardes du coin de l’œil. Perdu, je t’ai vue. Je fais de même avec la première fille impressionnable qui passe. Grande, brune, italienne, belle prise. J’en viendrais presque à t’oublier. Presque. Tu disparais de mon champs de vision. Je te crois remontée, avec lui. L’effet de la vodka redouble. Je tâte ma poche: vide. Où est le sachet? Petite pute. Je suis ivre, je chancelle jusqu’au carré, italienne au bras. Tu n’y es pas. Je ne m’inquiète pas. Qui sait ce que tu as encore trouvé à faire? Je l’embrasse, elle est à califourchon sur moi, elle m’excite. Les heures passent, les billets s’envolent, les bouteilles se vident.

Une soirée comme toutes les autres.

5h30. Tu n’es toujours pas là. Pas là? Prise de conscience. Je m’inquiète. D’un coup. L’italienne peut aller se faire foutre et je cours déjà dans la moiteur des fins de soirées. Je feinte entre les survivants aux fermetures de boites de nuit. Je ne te vois pas. Je crie ton nom. Tu ne me réponds pas, tu ne me sautes pas au cou. Tu n’es pas là. Je pleure, je ne peux pas t’avoir laissée partir avec ce prototype prétendument stylisé. D’habitude, je te surveille mieux. Je te protège mieux. D’habitude, je te suis, même. Les toilettes. Eclair de génie, vision d’horreur. Tu es là, Dieu seul sait depuis quand, recroquevillée dans une cabine. Ta robe est à moitié déchirée, ton nez saigne trop. Beaucoup plus que d’habitude. Ton maquillage a coulé. Tes avants bras sont couverts de bleus. On t’a fait du mal. On t’a fait du mal et je n’étais pas là. Je me précipite, tu te lèves.  Le tableau prend forme dans ma tête. 


Drogue à moitié payée…Addiction…Supplication… « Faudra payer, hein, gamin »… Promesse, ils me connaissent… Rappel à l’ordre… Une fois, deux fois, trois fois… Menace, « Putain, tu vas payer, d’une manière ou d’une autre, je t‘envoie le boss… ». Putain, le sachet était sur toi.  On est rentré ensemble. Ils t’ont vu. D’une manière ou d’une autre.  Je t’ai entraînée là dedans, dans ce monde, et tu as trop bien joué le jeu. Je t’aime, aussi, petite.  Tu as payé pour moi. Comment je vais m’en remettre?Tu me regardes, et tes grands yeux verts ont perdu toute leur innocence. 

- Je t’attendais. On y va?

Un soirée comme toutes les autres?

«A vouloir vivre trop vite, vouloir tout essayer /Je te préviens petite, ça va mal terminer/Et ça je ne veux pas. /J’aurais pu te protéger, de tous ces obsédés /Et je me jure bêtement que je ne te laisserai pas /Plutôt crever de froid. »

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