Bercy 2008

Jonathan Penglin

Souvenir, souvenir.

Ils sont tous là, ils sont venus
Pour ce grand soir tant attendu
Ceux qui étaient là au premier
Qui veulent y être pour le dernier
Comme ceux qui n'étaient même pas nés
La première fois qu'ils ont rappé
Ceux qui ont grandi avec eux
Et avaient cru leur dire adieu
Ceux qui en sortant de l'école
Mettaient à fond « Nouvelle école »
Ceux qui commencèrent par la fin
Sur Skyrock le dimanche matin
Et les plus jeunes, ceux qui croyaient
Que jamais ils ne les verraient
Ceux pour qui c'était évident
Ceux pour qui c'est contre courant
Ils sont venus, ils sont ici
Ils sont venus pour faire du bruit
Des crânes rasés, baskets, survets
Des cheveux longs, des midinettes
Des casquettes et puis des lunettes
Des frères, des sœurs et des starlettes
Des gens des blocks et des zonards
Des gens d'habitude en costard
Des gens des villes, des campagnards
Des gens sympas et des connards
Mais quand les trois lettres s'allument
Quand la fumée la scène embrume
Quand le jaguar soudain rugit
Pour dire qu'ici, c'est Saint-Denis
Quand ils demandent si on est là
C'est tous d'une seule et même voix
Qu'on crie, qu'on clame, qu'on fait du bruit
Qu'on fait résonner tout Bercy
Et quand « Seine-Saint-Denis style » commence
C'est comme si on tombait en transe
Y a ceux devant qui font la houle
Et entraînent avec eux la foule
Ceux qui savent les paroles par cœur
Ceux qui s'en foutent, déjà en sueur
Ceux qui crient de plus en plus fort
Ceux qui hurlent bien plus fort encore
Ceux dans la fosse, qui sautent, qui ruent
Et ceux dans les gradins qu'on hue
Ceux qui sur « Le monde de demain »
Connaissent bien plus que le refrain
Ceux qui quand « Police » est chantée
Ont en l'air leurs majeurs levés
Ceux sur « Tout n'est pas si facile »
Dont les larmes ne tiennent qu'à un fil
Ceux qu'en peuvent plus, la gorge en berne
Mais dont les yeux sont tout sauf ternes
Ceux qui suants et exténués
Continuent pourtant à sauter
Mais quand arrive « That's my people »
Tous sont debouts pour jouer leur rôle
Le poing en l'air, à pleins poumons
On fait « Oh ! Ha ! » à l'unisson
À la fin on est encore là
Dans un état proche du coma
À faire du bruit, plus fort, plus fort
À en redemander encore
Car vous voyez, le pedigree
Ça se reconnaît aux dB
On y a droit une dernière fois
Jusqu'à ce qu'on ait plus de voix
Et finalement, après l'outro
Sur le Suprême tombe le rideau

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