Bibliothèque verte

marivaudelle

Inspirée par les lettres d'un autre monde, je décline un texte qui ne peut figurer dans la Bibliothèque verte ni la rose de notre enfance.

D'un duel de mots lancé tel un orgueilleux défi
Nous nous sommes abîmés dans un abysse sans merci
Cette relation charnellement épistolaire
Me soude à lui par des plaisirs solitaires
Ses caresses de mots vont sous mes doigts
Sa prose m'embrase comme il se doit
D'une chaleur profonde il s'enfouit en moi
Mon ventre brûle de ses lettres, feu grégeois
A mon souffle saccadé rythme de lui
Mes seins durcis mordillés par ses écrits
J'enserre en ma source ses pensées alanguies
Je murmure à son oreille et révise ma copie
J'inscris son silence par un baiser langoureux
Calligraphie son corps avec mes doigts peureux
Jouant de ses muscles les courbes de vers radieux
Et c'est sur moi qu'il court son verbe rougi
Lorsque des plaisirs de ma bouche il jouit
Que de ce vocable libéré je ravale et souris
Attendant qu'il consigne ceci sur ma nudité
D'un griffonnage excédé de douce sensualité
Mettons un terme au jeu et qu'il vienne me ponctuer
Finissons d'orthographier ce flot de paroles débonnaires
Ou je me libérerai d'une particule autoritaire
Afin de chevaucher l'esprit de ses mots incendiaires
D'orthographier ses idées délicieuses de salacité
Me soumettre à sa verve avec lasciveté
Tendant vers lui mes callipyges pages lettrées
Entre y lire ce qu'il souhaite y concéder
Qu'il vienne me consumer de son épistolaire désir forcené.

Pour que de ce savoir je puisse m'assoiffer
L'encyclopédie de son corps les feuilles tourner
De son crayon, de ma plume, je veux recommencer
L'histoire, là où Morphée m'avait emmené
Il y a peu, dans le songe d'une nuit passée…

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