Big Book
alexis
BIG BOOK - Alexis Lemonnier
SYNOPSIS
L'existence de Lola se résume à ce tweet de novembre dernier « les princesses sont vraiment des connasses mais dieu, qu'elles ont de la chance ». Pas vraiment trentenaire, elle aime les sœurs Brontë et leurs costumes à deux balles, les cheescakes de chez Berko, le mot probité, s'imaginer embrasser Don Draper dans les toilettes d'un Paris-Lille et voudrait pouvoir épouser les hanches de Christina Hendricks. De rendez vous foireux en rencards avortés à cause d'une boule de poil coincée au fond de la gorge de son chat, Lola accuse l'insoupçonnable légèreté de la promesse d'être la connasse de cette situation de vide. Maitrisant aussi bien les réseaux sociaux que ses propres angoisses de ménage, elle s'improvise des profils pour créer des histoires qu'elle classe sous tableur Excel. Entre un père qui porte une écharpe de supporter même en été et une mère qui l'appelle tous les soirs, il n'y a que son amie Na pour entendre les confidences de ces expéditions punitives. Et si elle dit qu'elle a arrêté de coucher le premier soir parce que personne ne lui a proposé ces 10 derniers mois, elle hésite aussi à se dégoter un sex friend pour des week ends de trois jours. Des aventures improbables et des hypothèses torturées, a moins que le remplaçant du remplaçant de la librairie « Maclack » ne réapparaisse subitement. Ou bien que ce délégué du personnel qui fait des sourires lorsqu'on demande des explications sur les heures sup', en dise plus sur sa sexualité. Et si ce « Julien Mc Fly » retrouvé par « suggestion d'ami », était bien celui qu'elle croit?.
TEXTE
« Mouillée ».
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- Ce n’est pas en regardant le ciel qu’il va s’arrêter de pleuvoir.
Qu’est ce qu’il veut lui ? Je ne regarde pas, j’inaugure. Mes yeux se rafraîchissent. J’ai simplement envie de m’incruster dans les éléments. Dans leurs silences. J’ai l'impression d'avoir oublié le mouvement naturel des choses. Celui qui vient défoncer les nuages. J’ai envie de pluie tout à coup. Alors je m’interromps. Deux pas à peine et je me fige. Les hommes s'imaginent toujours que notre sourire leur appartient. Je mate du coin de l'oeil une fine flotte qui fait semblant d'éviter mon liner quand l'inconnu me propose son parapluie. Je m'y engouffre en m'imaginant que c'est une cape mais je dois avoir autant de charisme qu'un caniche pour rassurer ainsi les vieux. Je prends ça comme un compliment. Au carrefour bruyant, l'homme aux plis du cou comme des soufflets d'accordéon, finit par m'abandonner pour une para pharmacie. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais c'est à partir de ce moment que l'amour à commencé à me donner des ivresses. Comme dans ces tasses de fêtes foraine où on ne sait jamais s'il faut tout renvoyer ou accepter la pesanteur telle qu'elle est proposée.
A l'origine je m'emmitoufle, je me mitaine et m'écharpe sur des considérations de grosses. A un moment j'aurais pu tout aussi bien écrire 99 kilos comme une suite techno - trash de 99 francs. Une aventure de mes boulets de bourrelets, sans drogue, ni narine mais avec des Pim's et des cigarettes mentholées. Cette fois-ci j'ai hésité entre être une pétasse aux gants Guanti, fausse fourrure tachetée et une robe Evans. Finalement je sers de prétexte à Hernes et Mauritz pour dire que tout va bien dans ma vie. C'est mon troisième rencard de l'année et dans 15 jours c'est noël que l'on suspend déjà aux balcons. Alors j'ai garni le décolleté. Je traverse la rue avec l'idée que la pire des choses qui puisse m'arriver est que ma libido de la journée baisse d'un ton et ne se souvienne plus de rien. A se péter "tibia péroné "comme dirait papa. Quelques mois auparavant j'avais décroché ce job chez « Social We Art ». Je maquillais des spams en véritable bombasse à clic et mon chef ne se rappelait jamais mon prénom. Pour beaucoup je devais être la fille qui console des peluches et qui racontait avoir pris une année sabbatique de mec, lorsqu'il ne fallait pas être piqué des hannetons pour comprendre que c'est la gente masculine qui avait décidé de prendre congé. J'avais pourtant abandonné les méduses et les radeaux de celles qui se demandent avec des airs sérieux, sérieux :
- Suis je condamnée à regarder Klimt étouffer son couple dans la dorure, comme une poissonnière outrée qu'il en existe, aussi, en sachet de congélation?.
Dans la vraie vie de ce jour, je joue à la marelle entre des traces de chewing gum et les roues de poussettes. J'ai de la brouillasse sous le bonnet. J'hésite essentiellement à regarder des bottes qui me font du pied en vitrine, mais les vendeuses du coin ont des faux airs de conseillères financières. J'ai peur qu'une banquière déboule de derrière les collections d'été. J'ai faim, je suis chiante. C'est parce que j'ai longtemps cru qu'on me surnommait « Céleste » pour un vague à l'âme dans les étoiles que je n'ai pas confiance en moi. Fallait pas lire Psychologies Magazine, bien fait ! Peut être bien que j'en avais collectionnés quand même des amoureux à écrire des prénoms sur les pages du mercredi des cahiers de texte, avant de comprendre que Céleste était, aussi, la meuf de Babar. J'aurais aimé me reconvertir en rockeuse prête à roter des « mercis madame mais je t'emmerde». Mais je suis plutôt du genre à ranger mon pyjama sous le coussin du lit. Je me souvenais surtout avoir envoyé à ce type des photos prises au côté de ma frangine, sans expliquer vraiment qui des deux j'étais. C'était une conversation de l'ordre du message instantané avec du vin servi à température de sauna. Il aimait tordre et torturer les mots. J'appréciais que ces derniers soient des sortes de « portés disparus » qu'un Chuck Norris de la littérature viendrait délivrer. Ce gars là avait les aisances acrobatiques de ma langue et j'avais bien envie de la perdre à l'intérieur de la sienne. Il m'avait envoyé un lien Mappy dans un bar près de Montmartre, un smiley et je l'avais classé ainsi :
Pseudo : « Papamoque ».
Score Grade : 3/5.
Social : ?.
Comments : Bonne maîtrise de la langue mais pas de la ponctuation. Entreprenant. Hétéro quoique???!!!.
Tronche : Un peu flou.
Au Café de « La colline sous la Butte », des couples heureux se font des confidences en forme de sourires exagérés. Je m'éloigne autant que je peut de tout ce qui dégouline de leurs visages et j'éponge le mien. Je commande un verre à un serveur mal luné et sort un livre. J'ai trois bouquins au fond de ma besace de fashionnita. Un Brontë pour éloigner les mécréants. Un Kundera bachoté au mot près pour espionner mon environnement immédiat et un dernier dont je garde le secret, pour qui aurait la patience d'observer que le marque page est placée à trois pages de la fin. J'achèterais un Goncourt quand Houellebecq se sera racheté une Parka moins dégueulasse. A 45 minutes du terme j'ai n'ai plus qu'une barre de survie sur mon portable et des questions qui s'enquillent avec les gorgées. J'hésite à retirer mes bagues, des fois que mon Cro Magnon du soir ne connaisse plus vraiment la signification de ces choses là. Faudra t il se faire succéder des verres pour atteindre la nuit ou bien est-ce un interlude entre le premier pas et le premier soir?.
18h22.
« C'est officiel, je suis bourrée».
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18h30.
« Je déteste l'adultère des mots lorsqu'ils couchent n'importe où dans les bouches, alors si le serveur veut me faire des ronds de cuisse, il a plutôt intérêt à avoir de l'endurance ».
Zack Miroslav à commenté votre publication.
« Avoir le souffle, c'est avoir du coeur. Souffle au coeur!!!».
Kundera 19 :
« Elle se leva de la cuvette, tira la chasse d'eau et revint dans l'entrée ».
18h45
Dehors la nuit crasse se ramasse comme de la poussière sur un meuble. Noël se débat dans les arbres et en vitrine. J'ai une pensée pour les champignons en sucre des bûches glacées et me dis que si on va chez moi, il faudra tenir une conversation ainsi qu'un changement de ligne à Pigalle, lorsque tout se met à trembler sur ma petite table.
Faut que tu me gardes les enfants Lola.
Pardon?
L'agent vient d'appeler faut que j'y sois dans une demi heure?
Pas possible je suis en rendez vous à l'extérieur.
Allez chérie n'oublies pas ta promesse. Et puis je sais que t'es dans le quartier.
Hein?
Tu laisses des traces partout. Pour une fois que ça sert à quelque chose ton truc.
Mais...
Je t'attends, traîne pas.
A 5 minutes de l'impact mon Rambo des mots, qui n'est pas au courant pour toutes les promesses que j'ai faites au monde entier, est encore sur répondeur.
- Heuu...salut c'est Lola...heuuu...Fée du Logis...enfin la fille tu vois. Euhhh voilà...euhh ben rappel j'ai un soucis. Merci.
« La morve au nez me tend les bras »
Na Bardier à commentée votre publication.
« ??? ».
Je ne sais pas si j'ai toujours eu horreur des enfants, mais l'envie de pousser, de me tartiner les doigts de Liniment ou de cogiter sur un choix de tétine en forme de mamelon, ne m'a pas encore névrosé l'esprit. Alors lorsque ce mouflet, sa mère, son doudou en forme de rien du tout et ses yeux noyés de collyre, m'accueillent, j'hésite encore.
C'est contagieux?
Une poussée de dents...je t'ai pas dit ?
Non j'ai pas regardé tes dernières photos.
Si j'avais autant de temps que toi, c'est sur que j'aurais déjà parlé de la composition de ses couches. J'suis contente de te voir.
Mouai.
Et Lia regarde la fin de Shrek mais après au lit. Y'a le panier avec. Tu sais cuisiner les blettes?
Non pas là.
Tata va te faire à manger et maman va acheter une « cranddde » maison pour les loulous. D'accord?.
Super.
T'as qu'à faire des pâtes, c'est bien ça les pâtes.
Génial.
T'es malade Bibi?
M'appelle pas Bibi je t'ai déjà dit que ça faisait tarte et puis...
Oui mon chéri la « oiture ». La « oiture ».
Smack autour des yeux qui piquent.
T'es de retour vers quelle heure? Et Jean Mi?.
Bon faut que je speed j'suis à la bourre.
Et...
Poutoux les enfants. Maman vous aime. A tout à l'heure. Soyez sage. Je filoche, je filoche.
Smack dans l'entrebâillement de la porte.
Merci Bibi.
19h17
«En rencard avec l'âne et son doublage Eddy Murphy. Qui sait cuisiner les blettes?».
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Vous aimez les pizzas les monstres?.
Julien Mc Fly a accepté votre demande d'ajout à ses amis.
Julien Mac Fly vous a laissé un message.
Batterie faible.