Bipolarité...Moi et L'autre.

elka

Oscillation entre le Yang et le Yin...Une vie à deux dans une seule personne.

On serai amené à penser que sous certains aspects cela ressemble étrangement à de la schizophrénie, il n'en est rien car nous n'avons pas une vois intérieur qui nous dit quoi faire, quoi penser ou comment réagir, cette voix intérieur ne vient pas d'une forme d'hallucination extérieur mais de notre nous, ce nous qui  parfois peut se faire ennemis sans que ne sachions pourquoi.

Mes matins de Yang sont généralement subits et sans raisons ... Je me lève chantonnante, sifflotant des airs envahissants, je me sens forte, je me sens belle, je me sens imbattable, je me sens prête à affronter le monde et ses douleurs ... Rien ne peut se mettre en travers de mon chemin.

Les matins de Yang, je suis aussi capable de faire mon ménage en trouvant que c'est l'activité la plus cool de ma journée, je déplace les meubles afin de vivre une forme de renouveau, je cuisine avec amour et patience comme-ci je tenais le plus prestigieux des restaurants, je ressort de mon tiroirs les vieux projets oubliés, et j'ai mille et une idées qui fleurissent à la minute avec un enthousiasme que je ne me connaissais pas.

Les matins de Yang, si je suis en couple, je suis la plus aimante des femmes, la plus comblée et la plus satisfaisante, j'exécute les moindres désirs de mon homme, car c'est mon homme et je l'aime, j'ai une confiance en lui alors je suis prête à lui décrocher la lune même sans échelle.

Les matins de Yang, je souris à la vie et aux inconnus que je croise, je suis d'une humeur tellement joviale que je véhicule le bonheur dans les coeurs d'un simple "bonjour", je prends le temps de m'arrêter pour voir la nature se donner, je prends le temps de me stopper pour écouter les anecdotes des petits retraités, je prends même le temps de laisser passer les piétions indécis et les voleurs de priorités à droite.

Les matins de Yang, je me fais cigale, je dépense sans compter au plus grand plaisir de mes enfants qui ont l'impression de vivre des matins de noël et aux grands désespoirs de mon banquier qui assiste impuissant à l'extinction de mon budget.

Les matins de Yang c'est mon amie, ma meilleure amie qui vit en moi, celle qui ne me veut que du bien, celle qui me souhaite la vie la plus belle car elle estime que je la mérite plus que tout.

Et puis quand je m'y attends le moins, au moment ou je suis convaincue que pour moi la vie n'est qu'une route 66 en plein désert américain, ou je me permets tous les risques tant je me crois à l'abri de la foudre, ou je pourrai me jeter dans le vide en sautant à l'élastique tant je suis convaincue de la solidité de mon attache, je me retrouve propulsé dans un autre monde, dans une dimension faite de douleurs, de noirceurs, de chagrins, de cris et de pleurs.

Les matins de Yin s'installent en moi sans avoir pris la peine de me prévenir, ils m'envahissent doucement ou brutalement, ils font comme ils veulent, ils font ce qu'ils veulent, je leurs appartient, je ne peux que m'incliner devant leurs dictatures de tortures.

Les matins de Yin, j'ai du mal à me lever, mon corps est lourd, mon corps est douloureux, il me répugne, je n'aime pas ce qu'il représente, il est si minable, ce corps bouffé de l'intérieur par cette voix interne qui me répète comme une litanie infernale, "regarde toi, comme tu es nul, tu ne vaux rien, tu ne mérites rien", je l'écoute les yeux fermés, j'abdique sans sourciller, elle est le maître je suis l'esclave.

Les matins de Yin bien souvent j'ai même du mal à emmener mes enfants à l'école, le regard des autres parents me terrifies à l'avance, j'anticipe déjà la paranoïa qui va se jouer en moi aux moindres regards échangés avec le premier passant croisés.

Les matins de Yin la journée est réglée d'avance, je ne quitterai presque pas mon lit car cela va encore être trop douloureux a endurer, seule l'épaisse couette de mon lit saura m'apporter un semblant de sécurité, je ne veux pas que mes enfants me voient comme cela, alors je me cache, je feins d'être malade pour qu'elles ne se doutent de rien, mais j'ai envie de leurs crier " aidez-moi mes enfants, maman va encore tomber!", mais je ne peux, l'autre ne le veut pas, et je ne le dois pas, je me dois d'être forte aux yeux de mes enfants.

Les matins de Yin, si j'arrive à m'extirper de ma torpeur de literie, je traine mon corps en lambeau, comme une bougie à la recherche d'une flamme pour briller et exister, je ne fais que le strict minimum car la douleur est à son maximum, mon corps est physiquement douloureux, mal de tête, mal de dos, mal dans le ventre, mal dans la mâchoire crispée, mal dans le coeur aux rythmes accélérés, je ne suis plus qu'un mot de trois lettres, MAL.

Les matins de Yin , si je suis en couple, l'homme qui vit à mes côtés regrette amèrement de m'avoir rencontré ... je le soupçonne de tous les maux de tricherie, je n'ai absolument pas confiance en lui et je le lui fait savoir sans ménagement, je suis tout sauf aimante, comment aimer l'autre lorsque l'on ne s'aime pas soit-même?

Les matins de Yin, si je sors de chez moi, cela prends longtemps, tels des rituels, je répètes inlassablement dans ma tête les moindres de mes trajets pour éviter de rester trop de temps en extérieur. Je me pare de ma plus grosse armure, blindée jusqu'à la racine de mes cheveux, je fais en sorte de ne pas me laisser imprégner par l'ambiance environnante, je ne vois pas, je n'entends, je n'effleure pas, je ne ressens pas, tête repliée sur mes épaules rentrées, dos recourbé, mains dans les poches, j'erre dans les dédales de la vie aux milieux d'étrangers qui ne me perçoivent pas.

Les matins de Yin, quand je rentre chez moi, je n'ose affronter le courrier tant je suis convaincue qu'il est de mauvaise augure, je le place sur l'immense pile d'enveloppe encore cachetées, qui telle une tour de Pise n'est pas loin de s'écrouler. Je me colle des oeillères sur le quotidien qui me semble néfaste et agressif, je fais en sorte de rester enfermé à double tour, dans ma tour d'ivoire intérieur, prison d'orée de ma démence métallisée.

Cela fait maintenant des années que je vis ainsi, entre montagnes et vertiges, que je bascule dans le noir et le blanc sans prémonitions, que je me suis habituée à ce rôle à double jeux, entre Yin et Yang, et s'il est vrai qu'il reste encore difficile de faire en sorte que cela n'atteigne pas les autres, j'ai appris tant bien que mal à jongler entre ses deux moi, qui s'aiment autant qu'elles se détestent, qui se cajolent autant qu'elles se torturent, et je tente chaque jour, de me faire la promesse de pouvoir, un jour les réconcilier afin qu'aucune des deux ne tire la victoire à elle, au détriment de l'autre, que je tente par tous les moyens, qu'elles finissent main dans la main, pour me guider MOI, sur mon chemin de destinée.

ElKa.


  • Je songe à cette chanson de Barbara, le mal de vivre........."ça s'est traîné de rive en rive, la gueule en coin, ça ne prévient pas, ça arrive, le mal de vivre, on peut le mettre en bandoulière ou comme un bijou à la main...." et qui finit par la joie de vivre : " puis un matin au réveil, c'est là, c'est presque rien, ...."

    · Il y a presque 9 ans ·
    Mai2017 223

    fionavanessa

    • Merci...même si je comprends le sens de votre "impression" la ressemblance avec les textes de Barbara ne sont pas réellement présente, c'est certes un joli compliment pour moi mais je ne pense pas que Barbara pourra se targuer de la même satisfaction...mais je vous remercie de votre intérêt chère fionavanessa.

      · Il y a presque 9 ans ·
      Elka

      elka

  • Désolée pour les oublis de mots..que j'ai rectifié..du moins j'espère!

    · Il y a environ 9 ans ·
    Elka

    elka

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