Birdman

daniel-m

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Le film Birdman est sorti début 2015 en France et a été encensé par la critique. Il totalise 103 215 094 entrées au niveau mondial et ne compte plus les oscars et les différentes récompenses bien méritées … Le réalisateur mexico-espagnol Alejandro González Iñárritu (21 grammes, The Revenant) met ici superbement en images ce scénario « Birdman (ou la Surprenante Vertu de l'ignorance) ».

 

Je ne vais pas ici reprendre les critiques ditirambiques et les analyses au bistouri de ce film qui est certes presque irréprochable de par son montage, sa photographie, son originalité, ses dialogues et surtout la qualité du jeu des acteurs, de Tous les acteurs,  proche de la perfection. Tout est déjà inscrit sur la toile et avec les mots les plus justes, raison pour laquelle je m'abstiendrai de peur d'être accusé de plagiat.

 

L'on notera cependant particulièrement les prestations de Michael Keaton et d'Edouard Norton même si la prestation de chaque acteur ou même de chaque figurant de ce film est donc absolument époustouflante. Tout y est absolument original en commençant par sa présentation sous forme d'un plan séquence unique tout au long du film qui sert surtout d'amplificateur au pétage de plomb progressif de l'acteur Riggan Thomson qui n'existe plus pour son public que par la trilogie et le blockbuster « Birdman » qui a fait sa gloire il y a vingt ans. R. Thomson essaye de trouver ici une nouvelle crédibilité populaire à travers l'adaptation à Broadway de la pièce de théâtre « Parlez-moi d'amour » écrite par Raymond Carver en 1981.

 

Ce quasi huis clos se déroule dans sa presque totalité entre les murs glauques et oppressants des loges d'un théâtre de Broadway, théâtre qui devient presque un personnage du film à part entière.

 

Synopsis officiel :

 

À l'époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd'hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l'espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego…
S'il s'en sort, le rideau a une chance de s'ouvrir...

 

Mon avis de beauf inculte …

 

Certes, ce long métrage a tout pour lui. Cela faisait un moment que je l'avais sous le coude et j'ai profité de quelques jours de congé pour le visionner, car la culture c'est bien mais il faut aussi un peu de temps libre pour s'y consacrer. Alors oui, « Birdman » est un chef d'œuvre de montage et de narration. La photographie, l'éclairage, les mouvements de la camera, sans parler de la BO qui se limite à ce qui pourrait s'apparenter à un « bœuf » de batterie jazz solo qui rythme adroitement les temps forts du film, tout y est original, nouveau, inédit, créatif … Les acteurs sont époustouflants de justesse et Michael Keaton ainsi que toute la troupe, nous prouve et nous démontre qu'il a un talent de ouf, c'est incontestable. Le film fait d'ailleurs allusion à demi-mot à son rôle de Batman de Tim Burton qui avait été un réel frein à sa carrière d'acteur. Un acteur ou une actrice qui est identifié à un personnage fort a beaucoup de mal à retrouver ensuite une crédibilité envers son public. Ainsi, David Duchovny restera « l'agent Mulder de X-Files, Daniel Radcliff restera Harry Potter, tout comme fe Christopher Reeve restera Super Man pour toute une génération.

 

Le film, qui se veut presque prétentieusement complexe et décalé, on ne dira pas « intellectuel » de peur de faire fuir le public, dénonce tout d'abord la bêtise, l'ignorance et l'avidité du public moderne pour un cinéma de grande consommation. Ce que l'on appelle aujourd'hui un « Blockbuster » et c'est exactement là que ma « critique », je préfère dire « mon opinion », commence.

 

Notre réalisateur ‘premier de la classe' descend ici à tours de bras et sans concession aucune, la culture geek, la critique artistique qui fait la pluie et le beau temps, le cinéma de divertissement et de grande consommation (les blockbusters), l'égo surdimensionné des stars qui sont pour lui tous de vieux libidineux, la bêtise véhiculée par les réseaux sociaux … Bref, il n'épargne rien ni personne dans ce sombre tableau négatif tout en ne donnant aucune réponse si ce n'est peut être qu'à la toute dernière scène du film que chacun sera libre d'interpréter. Il fait s'affronter le nouveau monde du vite consommé « artistique » avec un ancien parfois juste, mais souvent également intello-chiant et hypocrite sans jamais donner de solution à cette escalade de con-sommation qui caractérise notre époque.

 

Cette petite phrase sous le titre du film « ou la surprenante vertu de l'ignorance » doit nous interpeler car elle est pour moi la substance du film. En effet, la pièce de théâtre vouée à l'échec, emporte finalement un succès presque unanime à cause des aléas de la vie bien réelle de cette star déchue et à des évènements imprévus. En fait, les choses les plus spontanées et les moins réfléchies induisent bien souvent d'accidentels chefs d'œuvre. La création artistique naitrait de la souffrance et du hasard. La critique publique devient de ce fait inutile voire détestable et l'appréciation d'une œuvre un acte individuel et intime.

 

Si Birdman dans sa forme est et restera un chef d'œuvre intemporel du cinéma d'auteur du 21ème siècle, il restera également une grosse insulte à la culture populaire car il ne donne aucune solution, aucun remède si ce n'est celui que de rester soi même et en accord avec son libre arbitre. Traitant sans réserve et sans retenue ceux qui apprécient le cinéma de divertissement d'imbéciles, les critiques cinoches de démagos cruels et les acteurs d'egocentriques aux gouts sexuels pervers avec une maestria incontestable,  Alejandro González Iñárritu ne se fera pas que des amis sur ce coup là. Mais c'est bien connu, on ne peut pas plaire à tout le monde !

 

« Birdman » c'est un peu Joel Robuchon qui flingue Mac Donald, c'est la chocolaterie Bonnat qui critique le Nutella ou tout simplement l'hôpital que se moque de la charité … Bref, même si dans sa forme Birdman est un chef d'œuvre, je trouve son fond très discutable à plusieurs égards. Comme quoi, rien n'est jamais parfait en ce bas monde et chacun se fera ici sa propre opinion sur la perfection ou l'imperfection de ceci ou de cela.

  • Je n'aime pas ce genre de film mais j'ai lu ta chronique avec intérêt. :)

    · Il y a presque 6 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

    • Quel genre de films aime tu ?

      · Il y a presque 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

    • Je préfèrerais répondre en donnant ceux que j'aime moins : la science-fiction, le fantastique. Je les regarde à petites doses.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Coquelicots

      Sy Lou

    • Moi, j'aime le cinéma tout court. A partir du moment où j'arrive à entrer dans l'histoire et qu'elle m'emporte, je suis conquis. Mais j'avoue, j'ai une préférence pour le fantastique et la SF :o)))

      · Il y a presque 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

  • On ne peut pas tout mettre dans un film sinon le spectateur n'aurait plus rien à faire :) Si et justement vous vous posez ces questions, c'est que le film les a suscité. L'art n'est pas fait pour apporter des réponses, il est là pour pointer du doigt et faire réagir. Pari gagné. Et si je me souviens bien, ce film a été tourné à la manière d'un long plan séquence... votre réponse est peut-être là... dans le long plan séquence.

    · Il y a presque 6 ans ·
    Philippe effect betty

    effect

    • Le film est bien fait et il est original. D'ailleurs, je l'ai apprécié pour sa forme qui prouve une grande maitrise de la part du cinéaste. J'ai moins apprécié sa manière assez primaire de diffuser des messages plutôt clichés et faciles à tours de bras. Trop de messages tuent les messages ! Pour la petite histoire, j'avais adoré le Batman de Burton qui respectait l'esprit comics dans les années 80. Lorsque C.Nolan s'est accaparé le personnage en essayant de lui donner une profondeur philosophique cela m'avait saoulé à mort. Il existe de rares cinéastes comme Ang Lee qui arrivent à marier le spectacle et la réflexion sans saouler l'auditoire en sortant un film tous les dix ans. Bref, c'est que du cinoche :o) Merci pour le commentaire.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Gaston

      daniel-m

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