BLEU-NUIT
Pierre Scanzano
(Pensée)
Si une pensée philosophique traverse les siècles, c'est en grande partie au fait qu'elle génère en nous les raisons d'y croire
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Extrait de : Homériques
Je passe mon temps à chercher le monde qui m'a fait tel que je suis aujourd'hui - On cherche une légitimité au destin et peu de chose pourrait y suffire mais force est de constater le contraire - Nous sommes induits à penser que le destin n'est qu'une des manifestations de l'être - Et de la conscience faiseuse de la durée et de l'inégalité - Ainsi je me dis que c'est le monde qui fait ma conscience - Et la conscience mon monde - Il ne peut y avoir l'un sans l'autre - On ne peut extraire un élément comme précurseur de l'autre - Nous sommes dans la conscience des choses faites et ce qui nous contient...
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Le monde est à vos pieds prétendants à la vie - Et devant la mort vous tourne la dos - Le problème de l'humain c'est qu'il aspire à quelque chose qu'il n'a pas -Et ce qu'il a le déçoit...
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Mon Passé
Mon passé est un présent que je n'ai pas su retenir ou placer devant celui de mon avenir -Mon passé est quelque chose d'institutionnel de moi qui reste figé en moi-même identique à celui que j'étais pendant mon vécu qui passait au second degré du présent qui venait à ma rencontre - Me vieillissant au passage -Mon passé m'a fait et fera ce que je suis et serais demain par rapport à maintenant - Un même différent qui regrette celui-même qui regrettait l'autre d'avant celui que j'étais devenu et que je ne suis plus aujourd'hui - Mon passé est cette fluctuation omniprésente faisant de mon actuel présent l'onde de choc propagée en mon probable devenir fait d'un terreau fertile que j'amende parce que avant ce passé il y en avait un autre - Puis un autre et au autre en compensation d'un autre - Il m'a fait de ses mains... -Mon passé me sculpte et travaille étant son chef-d'oeuvre et ma ruine que je contemple détruite affaissée jonchée d'ossements de bouts de chair méconnaissable - Mon passé est source de jouvence - Boire dans cette source c'est comme revoir au-delà d'ici l'avant d'avant le temps du temps que j'ai passé à ignorer l'importance de ce que je vivais inconsciemment - Tout mène au présent de mon passé...
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Extraits de : Mon désespoir
Mon être n'est vrai que pour moi vertical de l'homme absurde indigne et désespéré...
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Pourquoi n'ai-je jamais envisagé le désespoir pour m'aider à espérer ?
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Et comment aimer - peut-on aimer et se délecter d'aimer sans fin inutilement...?
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Tout mon désespoir n'est que méprise je suis heureux dans le calme de l'inutile...
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Extrait de : Mon Qui
Qui es-tu en prolongement de moi c'est toi en prolongement de moi qui sommes-nous en prolongement de rien...
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" Qui " c'est quelque chose de bouleversant de tendre d'inopportun et vrai...
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Extrait de : Mon Amour
Si on aime on devrait aimer de la tête aux pieds et non l'inverse mais ceci est une autre fonction optionnelle ceux qui s'aiment en totalité se détruisent du cerveau ne comprennent plus que dalle de ce qu'il font là derrière la peau...
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Extrait de : Ma Femme
Qui n'est tu que tu es et que j'aurais voulu être si j'étais à ta place dans ton corps mais les choses s'inclinent et vrillent selon des calculs du quotient mathématique et non au prorata d'un souhait d'un formulaire qu'on aurait juste coché oui ou non...
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Extrait de : Mon Sexe Sinon Rien
Je profite de la pitance du sexe dans le vacarme du besoin l'exigence est mon seul repère dans le désert du corps que je m'accapare afin de ne rien louper si l'orgie me pousse comme un varan en rut dans les méandres du désir et de la dépravation systématique quand l'instinct est plus vorace que la raison...
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Tout me fait ventre tout m'agace tout m'indispose surtout la chose sentimentale je le suis et au fond je ne nie pas mon faible pour le beau le correcte dans le sens gentiment rangé refréné respectueux et polyvalent mais que voulez-vous que j' y fasse j'ai cette tendance à m'exalter à la moindre alerte de prévarication possible quand le gibier alléchant frôle le volume de mon espace vital et qu'à la place d'un simple repas frugal j'hume un festin probable fait de chair fraîche et tendre qu'un voisin m'aurait de toute manière soustrait caché et gâché rien que pour son plaisir egoïste de défroqué jaloux....
Je ne vis que d'expédients glanés au cas par cas selon un planning de priorités que je ne puis expliquer sans faire allusion au cul dans sa totalité et aux préliminaires si nécessaire le bestial est ma seule source de revenus...
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Extrait de : Mon Poète
N'est-il pas le poète cet engin qui théorise ses besoins au fur et à mesure que la soif de comprendre de se situer l'oblige à se regarder autrement qu'en demandeur ou quémandeur raclant en somme un peu de considération de la part de cette chose qui quelque part revient et s'en va devenant ainsi un flux de déracinement et de décorporation de l'âme ?
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Extrait de : Enfouir
Mourir
c'est ça
la pontualité
le sérieux
être à l'heure
ne s'imporvise pas
se prépare
s'attend
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Vivre pour battre
le fer
quand on a le
temps pour
mourir et
quand il n'y a
plus le temps
même après...
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Extrait de : L'ennui
Troisième jour d'ennui - j'avance mal -m'étouffe tousse tousse un carême d'ennui - et l'ennui m'ennuie ennuyeusement - navrant de se torturer d'ennui quand on sait que l'ennui n'a rien d'ennuyant -si on prend la peine d'occuper l'ennui par quelque chose qui traquerait l'ennui....
à force de nous enduire d'ennui nous fabriquons l'ennui qui convient à chacun de nous - du sur mesure cousu main - chaque ennui correspond à la profonde cohérence de notre esprit individuel...
*
Le soleil dans le crépi du mur
n'inquiète personne
sauf l'oeil vert d'un brin
d'herbe
égaré là par la
ruse du vent...
*
Quelle délicieuse idée d'enfouir
mes écrits
sous moi
de m'allonger comme
une pierre tombale
sur cet appel d'air
irresistible
*
Possible que la poésie
soit dans l'homme
et dans rien d'autre
*
Le lieu où je suis né
n'a aucune attraction
sur moi
et où j'ai vécu n'a
jamais existé
ce qui compte
c'est l'endroit où
j'irais
m'enfouir...
*
Après tout que risquerai-je de plus
qu'une légère blessure
de portes fermées?
*
La mer
donc
l'épiderme bleue des vagues...
*
La mésange arrête le monde
picore la boule de graisse
et redemarre
l'univers...
*
Nuages
chapardeurs de mes rêves...
*
Attiser l'inconnu
le provoquer
lui rentrer dans le lard
lui crever les yeux
le laisser ventre à
terre
ensanglanté
le violer collectivement
qu'il paye cash de
sa personne...
*
Le temps fuit à l'intérieur de nous
se cacher des variations que l'homme
voudrait lui infliger pour ne pas
vieillir trop vite...
*
Une main s'ouvre
l'infini
s'échappe...
*
Ce matin la neige
m'expose à sa dentition
trop blanche...
*
Pressés ou
pas pressés
l'étanchéité du
temps
renâcle
*
Extrait de : Bleu-Nuit
Ils mangeaient les
mots d'autrui
sans faim
mais ne les
vomissaient
pas
Alors
nous nous groupâmes
comme des
truies
apeurées
La faim nous
tenaillait
Mais
pas assez
pour mourir
***
La fiente de
l'âge lui
faisait mal
Je chronométrais
L'amour
***
Après la sainte
messe
il fallait
revenir sur
terre
Deux par
deux
rentrer tête
basse
au bercail
Derrière
les barreaux
de l'utérus
Petit déjeuner
avalé en
silence sa
radiation
Vacarme
assourdissant
de bols en
inox
Odeurs de buis
de café au lait
infect
latéral
Cartable d'air
de cuir
malmené
sous l'aisselle
Blouse bleutée
et noire
col blanc
Enfin l'écume du
paquebot scolaire
indolent
Emeute réprimée
dans l'oeuf
insolent
Les marches
agnostiques
les dalles de
pierre lisse
lessivées
aux larmes
de terre
Le gravier
blanchi
sa bave mutante
redondante
Comme un
fleuve
ensorcelé
Une matinée
aveuglante
de naufrage
collectif
d'émiettement
itinérant
Naufrage certes
mais létal
pensé
étudié
sur demande
Voix blanches
étouffées en
bouches
de
dents scarifiés
Salive graisseuse
muqueuse
jeune de
sève
Bassinet
et pissotière de
soupirs refrénés
bâillements consécutifs
que
chroniques
Il faut me
croire ou
mettre la
main
au feu
J'ai la
faim froide
les stigmates
raisonnables
La frousse bleue
pipi pressant
rostre du
sens
dedans
Rostre
incriminé
tailladé
aux ongles
sinon
Délaiement
de langue
et usufruit
d'épines
charnues
Tout de
même
l'enchantement
d'en sortir
indemne
Peut-être
souhaitable
corvéable
mais sauf
criblé
de baisers acides
la cage cosmique
et mon être
épuisé
Encore
une fois
l'échafaud du
lendemain
à gravir
Solitaire
à genoux
Encore
pendu
une fois
à la poutre
sans teint
de tes
lèvres sucrées
Nues
***
Ma voix tinte
qu'elle s'éteigne
Ma voix
tinte
brille
en éclat
lugubre
Tinte
en état d'ébriété
cubique
sommée au
tintamarre
cruel
fait
d'ormeux
nus pieds
à fond
d'hypothèses
au fond
farfelues...
Toute nageoire
proposée
est vraie
propulsant
chevauchant
auprès de
nos pilastres
nos impostes
nos crémones
nos gâches
nos pas de portes
nos caves
nos cuves
nos combles
nos casseroles
nos pluies
nos digues
nos ronces
nos pelouses
nos regards
apitoyés
Depuis que la
pluie drue la
pluie maigre la
pluie sera cirrhose
et resonge à
ma flaque
en voix
ma voix
oblique
Surtout
aux pierreries
artificielles
de mes cordes
vocales
ligaturées
des trompes
en phase avec
la razzia
d'ahalètements
patibulaires
enregistrés
de cris
aphoniques
que l'on sait
intérieures
inhabitables
à jamais
En eau
saumâtre
inconstructible
comme quoi
cénotaphe
lacustre
Donc relayé
sine die
sine die
post mortem
post mortem
assurément
assurément
ad vitam
ad vitam
aeternam
aeternam
****
Le philosophe : respirer ne fait partie d'aucun ordre moral, l'oxygène manquant à la lune, fait qu'elle est habitée d'esprits plus que d'êtres, quelquefois engloutis par les marées qu'elle provoque juste à côté de leurs pieds. Les pensées sont comme les nuages, trop souvent issues d'évaporations non maîtrisées. Le paradis reste la terre et restera ainsi , tant que l'on restera incapable de communiquer depuis un autre endroit.
· Il y a presque 11 ans ·Le poète: l'idéal est de penser qu'une seule pensée d'amour est l' ADN de tous les temps flirtant en permanence avec l'avenir, le vrai destin de solutions poétiques. " Cieux bleus " , troupeau d'étoiles, " Bleu cieux " la bergère rentre son troupeau, sous la lumière du soleil éclairant encore la lune. Tendresse à l'horizon, songes parfumés d'éternité. Dimir-na
dimir-na
C'est souvent un même piège, (selon moi), que de penser que le monde est corrélatif à l'idée que l'homme se fait de la vie extérieure à la sienne. Les pensées des nuages? Cela n'est qu'un domaine du romantisme poétique. Nous ne pouvons penser autrement, qu'avec la matière qui nous compose.Ce qui nous échappe, ''l'évaporation'' est notre incapacité à aller au-delà du mécanisme, et le processus de la pensée de chacun. Tout est calculé. Déjà en place. Nous tournons en rond dans un corral bien défini, par les êtres que nous sommes, ayant la présomption de voyager au loin. Il y a un espace (peut-être la mort), entre, ce que l'on pense, et ce que l'on écrit. Et, là dedans, tout y est permis, même : le ciel bleu, les étoiles...Ce ne sont que nos idées, nos désirs, nos marques pages. Mais à chacun son idée, ses fantasmes, la votre, me semble quand même digne d'intérêt.
· Il y a presque 11 ans ·Pierre Scanzano