Blues

aile68

Moi j'ai des Adidas qui me collent à la peau, je ne veux voir personne, parler à personne. Je vais au boulot en jean, je suis tourneur-fraiseur, j'ai du mal à parler, mais je garde beaucoup de choses dans mon coeur. Sur mon scoot je suis le roi, j'ennuie les braves gens dans leur logis, y en a une c'est ma mère même qu'elle me couve encore à vingt ans. Elle dit que je suis trop jeune pour partir seul, trop feignant ça c'est sûr. Elle veut me coller à Lucie, elle l'a à la bonne, allez vas-y Momo. Dire qu'on me prend pour une grande gueule, s'ils savaient ce que j'ai à l'intérieur! Moi j'aurais voulu être un rockeur, réussir sur tous les podiums, vieux rêves de crooner à la noix. Quand je mets mes tiags c'est jour de fête, je sors mon Levy Strauss, et hop la Lucie qui rit sur mon scoot. J'ai raté ma vocation, mon destin c'est pas comme dans le film Amélie Poulain. J'ai les mains moites dans le lit de Lucie, chez moi c'est trop p'tit. Je suis bien un peu con avec elle mais c'est pour la frime, pour ma grande gueule. Un jour elle va partir je sais, un mec comme moi c'est pas pour les filles qui lisent "Voici"ou "Paris-Match". Oh! un jour j'offrirai des perles d'or à une gentille, une qu'a son bac pas comme moi. Je voudrais construire des choses de mes mains, je voudrais sentir l'odeur chaleureuse du bois et non l'odeur âcre du métal pour que le corps d'une femme un jour, s'offre complètement à moi.

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