Bouillante culture
Jean Claude Blanc
Bouillante culture
Me plaisait pas Voltaire, j'en avais pour Rousseau
L'un se montrait austère et l'autre gigolo
Mes idées ont changé, sont inversés les rôles
Jean Jacques contait des cracs, Candide, l'autre mariole
François Marie raillait, quand Jacquou gémissait
C'est écrit dans les livres, il ne faut pas s'y fier
L'envers du décor, est beaucoup plus poilant
Dans leur vie ordinaire, en ont fait pis que pendre
Nostalgique de Rimbaud, de Baudelaire et Verlaine
J'aurais tellement aimé, jouir du 19ème
Partager les complaintes de ces chanteurs de foire
Poèmes en moi ancrés, me donnent du vague à l'âme
Je regrette qu'à l'école, on conte fariboles
Ces savants littéraires, donnent du fil à retordre
Fleur à la boutonnière, en fait, «Fleurs du mal »
« Le Lac » de Lamartine, un plan d'eau dans les Alpes
Par contre les maudits, gourmands de petit bleu
J'aurais voulu trinquer, avec leurs vers sans pied
Camé pour la shooter, romantique société
Passer mon existence, décrire les miséreux
Z'avez pas lu Descartes, « Discours de la Méthode »
Un pensum ennuyeux, dès le premier abord
Son histoire authentique, est vraiment croquignole
Dragueur invétéré, de gueuses et d'alcool
Que dire de Maupassant, queutard ce normand
Un jour contait fleurette, le bonheur dans les champs
Sans cesse un obsédé, qu'à chopé la vérole
Mortelle randonnée, pourri par le poireau
Le plus beau d'entre tous, c'est notre Victor Hugo
Ecrivain, politique, de vers hauts, héros
Derrière son bureau, se cachait un baiseur
Même sa cuisinière, a subi ses ardeurs
On s'imagine souvent, qu'ils étaient tristes sires
Penchés sur l'écritoire, anticipant l'avenir
Vous laissez pas berner, par Lagarde et Michard
Ce bouquin de lycée, qu'avalent les ignares
Ce n'est qu'après leur mort, qu'on honore les artistes
Jamais de leur vivant, ne connaissent la gloire
Les tourments se répètent, mélancolie, nous grise
L'auteur d'aujourd'hui, change son art en dard
Balzac, Flaubert, Cocteau, est infinie la liste
« Voyageurs sans bagages », pas besoin d'horoscope
Visionnaires des coutumes, de leur drôle d'époque
Mais la modernité, se fout des utopistes
On doit envoyer chier, les leçons de morale
Les devoirs obligés, emplissent nos cartables
Faut lire entre les lignes, « L'Assommoir » de Zola
Lui-même asphyxié, par ses propres tracas
On se laisse endormir, d'un monde superficiel,
Il est bien loin le temps, l'Eden artificiel…
Admirateurs des œuvres, jadis censurées
Ne faut pas faire confiance, aux critiques raffinés
Le talent, s'il est vrai, traverse tous les siècles
Les gens sont ainsi faits, adulent leurs vedettes
Avec un peu de retard, on porte aux nues, génies
Se reproduisent sans fin, les rimailleurs bannis
Compositeurs et peintres, ont soif d'harmonie
Logés à même enseigne, ensemble communient
Les Affaires cul-culturelles, élisent les meilleurs
L'art est universel, se fiche des procureurs
Les librairies branchées, savamment éclairées
Affichent bien en vue, les auteurs à succès
Se vendent facilement, les mémoires d'un connard
Par simple curiosité, comme c'est bizarre, Bigard
C'est ainsi que régresse, la culture des français
On marche aux émotions, à la publicité
Achètes, Paris-Match, le choc de ses clichés
Commentaires laconiques, pour plaire aux illettrés
Siègent à l'Académie, ceux qu'on croit éternels
Refaire le dictionnaire, ça peut durer des plombes
Ils ont bien mérité, le surnom d'immortels
Comme Molière sur scène, d'un seul coup, succombent
J'en reviens à mes chantres, ménestrels, troubadours
Gouailleurs incontournables, initiateurs d'amour
Enrichissent notre langue, de mots réinventés
Aujourd'hui pas compris, mais demain usités
On confie la Culture, à un ministre énarque
Pourrait tout aussi bien, gérer l'Agriculture
L'artiste dans son coin, compte pas ses blessures
Se torturer l'esprit, ça peut laisser des marques
Dans les arrière-boutique, on déniche ses pelures
JC Blanc décembre 2022 (avis aux amateurs, nos chères têtes blondes)
Génial et inspiré, j'adhère au message et au coup de gueule tout en révisant les classiques.
· Il y a environ 2 ans ·Chapeau l'auteur!
Christophe Hulé