Boule et Bill

nikki

Luisante et lisse, elle glisse. On la frappe. Un coup de queue! "Non mais oh, ça va pas??"

Et puis, fracas, rencontre fatale elle s'écrase dans sa voisine. Elle : "Aïe! Vous pourriez faire attention tout de même, vous m'avez fait pousser cette autre demoiselle."

La pauvre en est tombée dans un trou si profond qu'on ne la reverra pas de sitôt. Elle s'arrête de bouger, ne sachant plus où aller.

Et puis... non! Et si! Encore un coup! "Mais que me veut-elle cette queue, je ne lui ai rien fait nom de dieu!"

La queue se retire si vite qu'elle a à peine eu le temps de se rendre compte que c'en était une... elle lui a fait un bleu là où elle lui a porté le coup. Elle se remet à rouler contre son gré, elle va si vite qu'elle n'a pas le temps de se rendre compte qu'elle va encore percuter violemment une de ses comparses... Bam! Et c'est reparti, cette fois le choc a été si violent que cette seconde voisine de table s'est elle même mise à rouler pour aller s'écraser contre une autre, qui elle va rencontrer encore un des murs, ricocher, et s'écraser elle aussi au fond d'un précipice. Quelle violence que cet échange!

Elle se met à réfléchir... "Nous qui étions bien rangées les unes à côté des autres nous voici éparpillées aux quatre coins du terrain. Ce vert qui recouvre le sol jure avec la dureté des coups! Mais que nous veulent-elles ces queues? C'est comme si on cherchait à nous faire disparaître... toutes. Enfin, toutes, il y en a une qui est quand même privilégiée! Je ne sais pas si c'est sa couleur ou le numéro qu'elle arbore qui la rend si spéciale... mais elle est épargnée c'est sûr!"

A peine cette réflexion faite que le bal des chocs recommence, elles ne sont déjà plus très nombreuses dans l'enceinte, les disparitions se succèdent, on n'entend plus que les bruits d'elles qui s'entrechoquent, et qui tombent, les unes après les autres, comme dans un jeu fatal. Elle est coincée depuis cinq minutes dans un angle mort, si près du trou qu'elle est terrifiée. Elle observe le spectacle de ses consoeurs disparaissant avec horreur, ne comprenant plus rien. Elle tremble un peu mais tente de se contrôler pour ne pas aller elle aussi s'écraser. Le trou est noir et profond, et on entend plus rien de celles qui sont déjà tombées dedans.

Elle voit alors la queue s'avancer vers l'autre en face, la privilégiée. Celle-ci accuse un impact si violent qu'elle est propulsée vers elle à toute vitesse dans une longue ligne droite. Elle se rapproche dangereusement, vite, trop vite. Elle ne peut rien faire, elle est coincée là, si près de sa chute, elle n'ose plus bouger et ne peut qu'espérer que la rencontre inévitable qu'elle voit se profiler ne sera pas fatale.

Le choc est frontal. D'une violence inouie, le claquement de leur rencontre résonne dans le silence longtemps. Elle est propulsée, elle va si vite qu'elle n'a pas le temps de voir ce qui se passe derrière elle. Sa comparse vient de sombrer dans la faille qu'elle pensait il y a encore peu être son futur tombeau. Sa course est rapide, elle cogne contre les murs les uns après les autres, pendant un moment elle ne sait plus du tout où elle est, perdue.

Puis son rythme ralentit, un peu puis franchement, pour s'arrêter complètement. Elle est seule maintenant. Elle entend des éclats de voix qui semblent venir du ciel, quelqu'un n'est pas content, ça gronde et ça hurle. Et puis soudain, la queue qui les malmenaient depuis tout à l'heure vient à son tour s'écraser sur le sol. Elle a un bleu elle aussi à une de ses extrémités. Elle rebondit une fois avant de finir par rouler sur le tapis lentement. Elle semble épuisée elle aussi.

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